Genre : l'histoire d'un personnage détestable et indéboulonnable
Histoire
Par la voix de Clyde Tolson, le principal adjoint et très probablement amant de John Edgar Hoover, , Marc Dugain revient sur le rôle de celui qui a dirigé le FBI sous huit présidences américaines, avec leur lot de malversations et compromissions.
Impressions
Edgar: antisémite, anticommuniste, antilibéral, très antipathique, voilà un personnage que je ne regrette pas de ne pas connaître !
A noter, pas anti-homosexuel, étant lui-même très probablement en couple avec Clyde Tolson, son second et sans doute amant. Mais cela n'a pas empêché de monter des dossiers diffamants sur des homosexuels et de les avoir utilisés comme arme de pression pour faire céder ses rivaux.
Marc Dugain retrace 50 ans d'activités retors de ce directeur du FBI, carrière débutée sous Roosevelt et terminée sous Nixon.
Amateurs d'écoutes téléphoniques sans limites, promoteurs de la chasse aux sorcières communistes, en pleine collusion avec la mafia, pour Edgar et Clyde toutes leurs compromissions, entêtements ou cruautés sont justifiés par l'intérêt du pays, selon leurs propres interprétations bien sûr.
J'ai beaucoup appris sur la succession des présidents des Etats-Unis.
Ainsi, sous le couvert de développer une police fédérale, Edgar Hoover a mis en place une police politique qui travaillait au développement des idées d’extrême-droite. Un seul exemple suffit. Quand les frères Kennedy sont arrivés au pouvoir en 1960, Hoover qui les détestait, leur disait que le point le plus important était la lutte contre le communisme. Or évidemment à cette époque le Parti communiste américain qui n’a jamais été très important avait vu ses effectifs fondre. Ses membres étaient évalués à 8000, autant dire un groupuscule, et Robert Kennedy disait que la moitié au moins de ses membres étaient des agents du FBI. Il exagérait à peine. En tous les cas, à cette époque, à New York, le FBI comptait 400 agents attachés à la lutte contre le communisme, et seulement 4 agents attachés à la lutte contre le crime organisé, la mafia. Hoover prétendait que celle-ci n’existait pas.
J. Edgar Hoover en 1961 en présence du président John Kennedy et de son frère Robert Kennedy, secrétaire à la Justice.
Joseph McCarthy et Roy Cohn, les créatures d’Hoover
Autre passage intéressant, c'est celui relatif à la chasse aux sorcières où l’on voit Joseph McCarthy en créature de Hoover qui était un des instigateurs les plus importants de cette ignominie
Marc Dugain est un narrateur talentueux, et c'est toujours un plaisir renouvelé de lire un de ses romans.
Comme pour d'autres de ses ouvrages, Marc Dugain s'appuie sur de la documentation d'époque et sur une solide bibliographie. Tout en gardant à l'esprit que certaines révélations dans le roman restent de l'ordre de l'hypothèse -il en est ainsi des deux thèses très claires sur l'assassinat de Kennedy et sur la mort de Marilyn- et le point de vue narratif choisi par l'auteur ne révèle que subjectivement et partiellement la personnalité de Hoover.
Roman captivant qui n'est pas une malédiction pour les lectrices et lecteurs. Foncez !
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