Genre : douceur et amertume, comme le Fado
Histoire
Lisbonne, été 1968: depuis 40 ans, le Portugal vit sous la dictature de Salazar. Fernando est médecin pour une patientèle aisée. Tournant la page d’une jeunesse militante tourmentée, le quadragénaire a décidé de mettre de la légèreté dans sa vie et de la frivolité dans ses amours. Un jour où il rend visite à un patient au siège de la police politique, Fernando prend la défense d’un gamin venu narguer un agent en faction. Mais entre le flic et le médecin, le gosse ne fait pas de distinguo. La légèreté de Fernando serait-elle coupable...
Impressions
Waouh, une réussite.
Le contexte historique est empreint d'une violence larvée. Pendant cet été 1968, suite à une chute physique, Salazar est contraint de renoncer au pouvoir suite à un AVC. Salazar met en place l'Estado novo (l'État nouveau), un régime autoritaire, conservateur, catholique et nationaliste. Il décédera 2 ans plus tard.
Doit-on accepter ou refuser et lutter contre un tel régime ?
C'est la question au cœur du récit, incarné par Fernando, le charismatique héros imaginé par Barral. Plutôt qu’un activiste acharné, l’auteur décide de s’intéresser au parcours de ce docteur sympathique, charmeur, épicurien, la blague au coin de la lèvre, et amateur des femmes des autres. La couverture résume assez bien ce héros paradoxal : Fernando marche tranquillement, avec un air détaché, comme s’il essayait de rester en dehors de tout l’agitation qui remue le pays à la fin des années 1960.
Pour celui qui décide de fermer les yeux, la douceur de vivre est possible sur les bords du Tage.
L'auteur témoigne sans condamner, il retranscrit les sentiments, les indécisions, la révolte avec une pointe de cynisme qui permet certainement de naviguer et se protéger d'une situation qui déplaît.
L'auteur dessine avec brio les rues de Lisbonne, une ville que j'apprécie: le quartier de l'Alfama et ses chanteurs de fado, les paysages ensoleillés en bordure du Tage, le fameux tramway 28 du vieux Lisbonne. Une douceur qui peut masquer la cruauté de la dictature qui règne en 1968.
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Témoignage des années Salazar au Portugal porté par des personnages attachants. Coup de cœur.
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