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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mercredi 19 juin 2024

571: 'Le sourire d'Angelica' d'Andrea Camilleri

Genre :  policier en patois sicilien

Histoire
Une étrange série de cambriolages frappe un groupe d'amis de la bourgeoisie de Vigàta. Parmi les victimes, la bouleversante Angelica et son sourire. 
Le commissaire Montalbano mène l'enquête.

Impressions
Ce n'est clairement par l'enquête policière qui happe le lecteur. L'intrigue est plutôt banale et ténue.
C'est le quotidien bon enfant de Montalbano et de ses collègues dans sa ville de Vigata en Sicile qui nous enveloppe dans une ambiance plaisante à retrouver. Passeggiata (promenade) digestive sur le port, bons petits plats en bord de mer...
Mais surtout cet épisode est dominé par cette réminiscence d'amour de jeunesse de Montalbano pour Angelica, un personnage du «Roland furieux » du poète L'Arioste. Le policier se laisse submerger jusqu'à se comporter comme un adolescent. Le démon de midi tente le commissaire de 58 ans ...

Pas incontournable mais savoureux pour sa langue et le pittoresque des personnages.

La dix-septième enquête du commissaire Montalbano , parue en 2010.

« Orlando Furioso », ou « Roland Furieux » est un poème épique de 46 chants, écrit par Ludovico Ariosto, appelé en français « l'Arioste », qui est né en 1474 à Reggio-Emilia, en Italie. Ce poème a inspiré plusieurs grands peintres et est aussi à l'origine de l'opéra « Orlando Furioso » de Vivaldi.
Angélique est une princesse d'Orient. Le chevalier Roland, qui en est follement amoureux, la cherche partout

lundi 17 juin 2024

570: 'Anaïs Nin: sur la mer des mensonges' - BD - Roman de Léonie Bischoff

Genre :  biographie foisonnante d'une femme émancipée

Histoire
Voyage dans le Paris des années 1930 sur les traces de l'écrivaine américaine, précurseuse du polyamour et pionnière de la littérature érotique.


Impressions
La dessinatrice suisse, installée en Belgique, a mis huit ans pour construire cet ouvrage.
Ce qui est remarquable est que ce n'est pas une autobiographie détaillée, mais le récit de l'éclosion artistique de cette femme hors du commun, l'illustration de son combat pour trouver sa propre voie. 
Un travail technique approfondi a été menée par Léonie. Elle explique:
"Techniquement, il y a quelques aquarelles dans cet album que j’ai scannées et retravaillées notamment pour des images en pleine page, mais la plupart du temps j’ai travaillé avec des crayons de couleur, un crayon violet et surtout un crayon à mine multicolore. J’affectionne cette technique parce que ce sont de tout petits éclats qui s’usent très vite et s’entremêlent sans que l’on puisse en avoir vraiment le contrôle. Ce côté aléatoire apporte la fantaisie et l’inattendu qui sied au personnage d’Anaïs, je tenais surtout à ne pas perdre l’émotion et la sensualité qui émane de son écriture."
Et en effet la narration visuelle est enchanteresse, l'esthétique est original.

Ce récit nous plonge dans les œuvres d'Anaïs Nin et plus particulièrement dans son journal intime et sa correspondance avec Henri Miller, son amant emblématique. En effet, au début des années 1930, Anaïs alors mariée avec Hugo passent quelques années à Louveciennes, près de Paris. C’est là qu’elle va rencontrer l’écrivain Henry Miller qui va rapidement devenir son amant. Elle va aussi aimer la femme de ce dernier, séduire son meilleur ami et même son psy.

Anaïs Nin et Henry Miller

L'auteure précise:
"Dans notre société qui confond, hélas, pornographie et érotisme, la sexualité telle que vécue par Nin est particulièrement bienvenue et rafraîchissante, il y est moins question de postures et de corps-à-corps que de conversations intimes et de dialogue entre partenaires."
Le résultat est délicieusement pudique malgré le sujet traité.

Hypnotique, gros coup de cœur.

vendredi 14 juin 2024

569: 'L'Odyssée de Hakim' de Fabien Toulmé - 3 tomes- BD

Genre :  homérique

Histoire
C'est une histoire vraie qu'a dessinée Fabien Toulmé en se rendant au domicile de Hakim pour recueillir son témoignage. Hakim est Syrien. Il a été contraint de quitter son pays en guerre, et est aujourd'hui réfugié en France. Trois ans de voyage, huit frontières franchies. Le récit est bouleversant.
 

  



Impressions
Trois tomes pour conter un voyage laborieux et douloureux.  
Un graphisme épuré, presque enfantin, pour décrire parfois des scènes de violences extrêmes et la tristesse. 

Un témoignage important sur un destin réel de réfugié, loin du cliché des profiteurs des richesses et largesses sociales dénoncées par les mouvements extrêmes. 
Hakim, aîné d’une famille de 9 enfants, a toujours été passionné par les plantes. Il possédait une pépinière, un joli business florissant qui lui permettait d’avoir un bel appartement et une vie aisée.

" depuis qu'on est petits, on nous présente Hafez El-Assad comme un modèle, à la fois protecteur et menaçant. Sur la couverture de mes cahiers d'écolier, je n'avais pas de Pokémon ou de joueurs de foot, j'avais sa photo !
Et même les membres de sa famille sont présentés sous ce jour presque surnaturel : le fils aîné de Hafez El-Assad, Bassel, qui devait succéder à son père à la présidence de la République, est mort en 1994 dans un accident de voiture. Il aimait la drogue, les filles…
Et aujourd'hui, il apparaît toujours sur les portraits officiels à côté de son père et de son frère Bachar.
Plein de rues portent son nom, les médias l'ont surnommé 'le pionnier', l'ingénieur', 'le chevalier en or', 'Bassel le martyr'... Alors qu'il s'est juste tué en voiture parce qu'il allait trop vite !"

Parce que la guerre éclatait, parce qu’on l’a torturé, parce que l'armée syrienne a réquisitionné son entreprise de pépiniériste, parce que son appartement a été détruit, Hakim a du se résigner à tout quitter : sa famille, ses amis, sa propre entreprise, son pays… devenant ainsi « réfugié ».

Dans ce périple déclenché par les révolutions de 2011 en Syrie, il va tenter de s'installer et travailler en Jordanie, en Turquie, jusqu'à devoir traverser l'Europe  jusqu’à la France en traversant successivement la Grèce, la Serbie et la Hongrie…..

Humain et touchant.

2021 : Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage

dimanche 2 juin 2024

568: 'Sur un air de fado' de Nicolas Barral - BD

Genre :  douceur et amertume, comme le Fado

Histoire
Lisbonne, été 1968: depuis 40 ans, le Portugal vit sous la dictature de Salazar.  Fernando est médecin pour une patientèle aisée. Tournant la page d’une jeunesse militante tourmentée, le quadragénaire a décidé de mettre de la légèreté dans sa vie et de la frivolité dans ses amours. Un jour où il rend visite à un patient au siège de la police politique, Fernando prend la défense d’un gamin venu narguer un agent en faction. Mais entre le flic et le médecin, le gosse ne fait pas de distinguo. La légèreté de Fernando serait-elle coupable...

Impressions
Waouh, une réussite.

Le contexte historique est empreint d'une violence larvée. Pendant cet été 1968, suite à une chute physique, Salazar est contraint de renoncer au pouvoir suite à un AVC. Salazar met en place l'Estado novo (l'État nouveau), un régime autoritaire, conservateur, catholique et nationaliste. Il décédera 2 ans plus tard. 

Doit-on accepter ou refuser et lutter contre un tel régime ?

C'est la question au cœur du récit, incarné par Fernando, le charismatique héros imaginé par Barral. Plutôt qu’un activiste acharné, l’auteur décide de s’intéresser au parcours de ce docteur sympathique, charmeur, épicurien, la blague au coin de la lèvre, et amateur des femmes des autres. La couverture résume assez bien ce héros paradoxal : Fernando marche tranquillement, avec un air détaché, comme s’il essayait de rester en dehors de tout l’agitation qui remue le pays à la fin des années 1960.
Pour celui qui décide de fermer les yeux, la douceur de vivre est possible sur les bords du Tage.

L'auteur témoigne sans condamner, il retranscrit les sentiments, les indécisions, la révolte avec une pointe de cynisme qui permet certainement de naviguer et se protéger d'une situation qui déplaît.

L'auteur dessine avec brio les rues de Lisbonne, une ville que j'apprécie: le quartier de l'Alfama et ses chanteurs de fado, les paysages ensoleillés en bordure du Tage, le fameux tramway 28 du vieux Lisbonne. Une douceur qui peut masquer la cruauté de la dictature qui règne en 1968.
.


Témoignage des années Salazar au Portugal porté par des personnages attachants. Coup de cœur.

567: 'Une exécution ordinaire' de Marc Dugain

Genre :  glaçant

Histoire
Au mois d'août de l'an 2000, un sous-marin nucléaire russe s'abîme dans des profondeurs accessibles de la mer de Barents. Vania Altman ferait partie des derniers survivants. Dans un port du cercle polaire, la famille Altman retient son souffle : elle risque une nouvelle fois de se heurter à la grande Histoire. Un demi-siècle après la mort de Staline, c'est désormais un ancien du KGB qui gouverne la Russie.

Impressions
Waouh, quel régal, un roman qui m'a happé et que j'ai dévoré.
Décidément je confirme ma prédilection pour des romans qui nous délectent d'une histoire dans l'Histoire.
Petit bémol en entrée: le lecteur s'attend à une roman centré sur la triste explosion du sous-marin nucléaire soviétique Koursk, mais il faut avoir parcouru la moitié du livre pour entrer dans ce sujet.

Marc Dugain a d'abord planté le décor, avec brio. D'abord avec une intrigante histoire de femme médecin aux mains guérisseuses qui va croiser Staline. 
Puis l'histoire d'un lien entre Plotov (le Poutine romancé) et Staline (le Staline romancé) par l'intermédiaire du cuisinier de ce dernier dans sa retraite caucasienne. 

Après ces plats de mise en bouche, le sujet chaud sous-marinier fait surface. (enfin ont commenté certains blogueur.es)

Baptisé Koursk en référence à la bataille de Koursk, qui fut une victoire de l'Armée Rouge sur la Wehrmacht durant l'été 1943, le Koursk, un SNA (sous-marin nucléaire d'attaque) est lancé le 16 mai 1994, et entre en service le 30 décembre 1994. Il fait alors partie des sous-marins les plus perfectionnés de la marine russe.


Avant
Le samedi 12 août 2000, le Koursk est en exercice en mer de Barents où il doit lancer deux torpilles d'exercice, mais avant leur lancement, deux explosions font sombrer le sous-marin à 135 km de la ville de Severomorsk. Seulement quelques hommes survivent et se regroupent dans le sas de secours pour attendre leurs sauveteurs. Mais, à cause de tergiversations et essais ratés, ils arriveront trop tard.

Poutine donne alors l'ordre de renflouer le sous-marin dont on extrait 115 corps (trois ne seront pas retrouvés), et confie l'enquête au procureur Vladimir Oustinov qui conclut, en 2002, à une l'explosion accidentelle d'une torpille due à une fuite de liquide propulseur. Bien que contestée par certains, cette thèse est confirmée par les Américains, les Norvégiens et les Britanniques.
Après remontée en surface


Ce roman ne donnera pas l'explication de ce naufrage, qui sait si on le saura un jour.



C'est enlevé, bien écrit, parfois humoristique et empreint de cynisme, et quelle maîtrise de la construction !

 "C'était presque un nain, un vieux nain au visage grêlé par la variole, un bras plus court que l'autre. Mais son regard d'autour du Caucase, menaçant comme une arme blanche, avait un éclat bien supérieur à n'importe quelle reproduction sur papier. »
Vous avez deviné le portrait de Staline ?

Ce qui me plait particulièrement avec cet auteur sont ces personnages humains croqués avec leurs qualités et leurs défauts. En particulier ce père qui a perdu son fils et son meilleur ami, ces pertes négligeables des fonds marins selon le tsar Plotov...

Un très gros coup de cœur (qu'il faudra réchauffer...)

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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