Genre : romance de BTP
Histoire
2007: ville de Coca, quelque part sur les côtes californiennes.
Le maire John Johnson, dit le "Boa", mégalo qui se voit "[...] Médicis, prince mécène en cape de velours [...] " ambitionne de transformer Coca en "cité du futur", à travers une reconversion à la production d'éthanol. Et ceci par une culture intensive du maïs au prix du défrichage des hautes plaines rouges et de la forêt, terres des indigènes....
" [...] l'innovation, et la référence, l'entreprise florissante, la beauté et le record mondial. "
pour un pont.
Georges Diderot, vieux routard des grands chantiers à la carrière complexe est choisi pour piloter cette construction.
" [...] la symbolique de l'ouvrage -le trait d'union, le passage, le mouvement, blablabla - lui passait au-dessus de la tête [...] . "
" Ce qui le mettait en joie, c'était d'opérer la validation grandeur nature de milliers d'heures de calculs. "
Mais cette édification d'un pont cache l'arbre de la forêt...
Impressions
Le roman apparaît en premier abord comme un documentaire, regorgeant de détails techniques (géologiques, métallurgique...) et déroulant un scénario calé sur les grandes étapes d'ingénierie de construction de ce pont titanesque.
Mais finalement, c'est surtout une épopée humaine que l'auteur dépeint, avec des portraits d'hommes et femmes vulnérables, parfois blessés, échantillons de cette masse humaine que requiert la machine de guerre du BTP: grutier (Sache Cameron, un homme complexé par sa petite taille...), UNE responsable de production du béton, Diderot un chef de chantier iconoclaste qui fume dans les ascenseurs et tutoie les pédégés...
Mégalomanie de dirigeants sans scrupules, mondialisation de la consommation, de la production mais aussi de la main d'œuvre - venue de Chine, de Bobigny, du Kentucky ou de Russie- , et l'homme dans tout cet engrenage qui tente de poursuivre son chemin, cachant ses cicatrices et ses désillusions.
Dans un interview, Maylis de Kérangal avoue avoir tenté de montrer en quoi « écrire est toujours un chantier ». C'est sans doute cet aspect (trop ?) "construit", avec des effets d'écriture recherchés répétés, qui fait que je me suis parfois essouflé au cours de la lecture. Mais cette fresque humaine, projet ambitieux, constitue un bel ouvrage.
Un roman à découvrir.
Couronné par le prix Médicis en 2010.
Couronné par le prix Médicis en 2010.
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