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samedi 14 avril 2012

95: "L'évangile selon Pilate" d'Eric-Emmanuel Schmitt

Genre : évangile selon Schmitt OU "Il y a un Pilate dans l'avion"

Histoire
Un roman en 2 parties: 
- Un prologue où Yéchoua confesse ses angoisses avant son arrestation imminente dans le jardin des Oliviers. Il se remémore son parcours depuis ses premières années d'ébéniste jusqu'à ses derniers jours à Jérusalem.
- Une partie principale, où Pilate, préfet romain de la Judée, relate par courrier à son frère Titus les événements relatifs aux derniers jours de Jésus.

Un bonus clôt ce livre, le "Journal d'un roman volé, année 2000", où Eric-Emmanuel Schmitt raconte l'épisode douloureux du vol de son manuscrit et justifie les choix de son interprétation des Évangiles.

Impressions
La première partie est évidemment la plus sujette à discussions, étonnements, puisque l'auteur fait parler Jésus. Par conséquent, ce roman implique nécessairement méfiances par les chrétiens et faible intérêt ou agacement par les non-croyants.

Schmitt peint un Jésus humain, mortel, qui doute, qui a peur. 
"Comment en suis-je arrivé là ?
"J'ai peur. Je doute."
  
Un Jésus qui déborde d'amour. Suite à la mort de son père, "surtout je souffrais de ne pas lui avoir dit que je l'aimais." Dan son quotidien, "Je ne pouvais rencontrer personne sans lui confier que je l'aimais." Et cette vague d'amour le submerge au point de sacrifier le bonheur d'épouser Rebecca à la liberté de pouvoir prodiguer de l'amour à tous, au point d'impatienter et de décontenancer son entourage. Son profond besoin de justice le pousse à contester voire à ne plus aimer la Loi, et son auteur "Dieu".
Il faut reconnaître une certaine habilité à faire parler Jésus.

Schmitt donne sa version de la période d'ombre de la vie de Jésus des Évangiles.
  • Pour la période de sa vie jusqu'à 30 ans, il explique que la révolte de Jésus face à l'injustice l'a fait renoncer à devenir rabbi pour préférer rouvrir l'atelier d'ébéniste de son père. Il devient alors le confident, le conseiller spirituel des villageois, au risque de paraître prétentieux, irrévérencieux, un mauvais juif.
  • Jusqu'au jour, où sur les rives du Jourdain; Jean Baptiste, alias Yohanân dans le roman, révèle le caractère divin de Jésus 
Le romancier explique aussi le départ de Jésus après son baptême dans le Jourdain par son besoin de se retrouver lui-même, de se réapproprier sa personne. Il s'exile dans le désert, "dans les terres incultes", pour un chute immobile jusqu'à trouver "Dieu" au fond de lui-même et faire le pari de croire en lui-même. Et débute alors la marche pour porter la bonne parole, avec un groupe de disciples qui s'étoffera de jour en jour.

Très iconoclaste aussi, ce refus par Jésus de faire des miracles, cette fuite des signes donnés par son père, car ses paroles alors "ricochaient de crâne en crâne; sans entrer dans aucun" et que ses adeptes en herbe "n'appréciaient que" ses miracles. "J'étais devenu un fonctionnaire de Dieu." 
"Non, je ne m'avérais pas immortel. En un mot je n'étais pas Dieu.
Une interprétation donc personnelle mais pas extraordinairement originale (il y a de cela déjà quelques temps, j'avais lu de Gérald Messadié le tome 1: le récit de "L'homme qui devint Dieu" édité en 1988 chez Robert Laffont. Cet écrivain prolixe a aussi écrit Judas, le bien-aimé, Lattès 2007).

Plus intéressante et originale est la vision par Pilate.
Pilate se languit de Rome, de son ordre, il déteste Jésusalem, son ébullition, et ceci surtout pendant les fêtes de Pâques. Malgré la sympathie qu'il éprouve pour Yéchoua - il a guéri sa femme de ses saignements - Pilate a du condamner le Nazaréen pour assurer la tranquillité de sa province romaine. Et voilà que trois jours après sa crucifixion, son cadavre a disparu du tombeau avec tous les risques d'agitation latents. Eric Emmanuel Schmitt transcrit avec justesse un climat politico-religieux alors tendu.
En bon romain rationnel et pragmatique, le préfet pensait résoudre cette énigme rapidement. Il était prévisible que cet optimisme  va fur et à mesure s'élimer face à l'écroulement de toutes les hypothèses inimaginables que Pilate avancera. L'auteur peint avec finesse la métamorphose progressive du préfet, guidé par son amour pour sa femme Claudia Procula.

En ce qui concerne l'écriture, encore une fois, je ne suis toujours pas emballé par la plume de l'auteur. Sobre et efficace mais sans poésie. Une fois encore, M Schmitt utilise son filon narratif d’intégration d'un événement de notre Histoire pour apporter sa relecture.

Roman intéressant pour cette peinture originale des derniers jours de Jésus vus par Pilate.
Un moment de lecture agréable mais pas inoubliable (en tout cas un roman qui m'aura fait chroniquer de manière volubile, et puis écrire un jeu de mot nul dans l'en-tête "Genre". Mais j'assume.).

1 commentaire:

  1. Je viens de finir le livre a l'instant et je trouve le jeu de mot plutot bien trouvé lol. Perso j'ai bien aimé le livre. J'ai juste eut un gros pb de comprehension : j'ai pensé que le personnage de la premiere partie etait Pilate ! Jnavais pas fait le rapprochement entre les prénoms Yechoua et Jésus lol du coup je pensais que Pilate se prennait pour le messie je voyais qu'il plagiait ses phrases jme suis dit "oula", bref le grand n'importe quoi :)

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Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

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