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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

dimanche 30 mars 2025

589: 'Écoutez nos défaites' de Laurent Gaudé

 Genre : de l'absurdité des guerres

Histoire
Zurich.
Assem Graïeb, agent secret français de renseignements français, a rendez-vous à Bellevueplatz avec Auguste afin que celui-ci le présente à un homme des services américains. Sans doute pour une nouvelle mission.  Avant ce rendez-vous, il rencontre Mariam, dans un bar. Mariam est une  archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées.
Ils termineront la nuit ensemble. Presque sûrs qu'ils ne se reverront pas. Assem s'en ira vers une nouvelle mission tandis que la jeune femme, archéologue irakienne, tentera de sauver les œuvres d'art volées à son pays par Daesh...


Impressions
J'avais à peine commencé cette lecture et deux sentiments ont immédiatement surgi.

D'abord quel bonheur de retrouver cette écriture puissante, lyrique et poétique, qu'il s'agisse de décrire des moments intimes ou des sujets plus universels comme les pages de l'histoire.
Ensuite, à regret, je retrouve cette obsession du thème de la mort. Un thème tellement présent dans les derniers romans que j'avais lus de cet auteur, que je m'en étais éloigné.

Certes le thème de la mort est très présent, mais finalement j'ai réellement été emporté par ce récit.

Trois grandes batailles s'entremêlent avec l'histoire d'Assam et Mariam.

Le 12 avril 1861, le général des conférés Beauregard donne l'ordre de tirer sur Fort Sumter dans lequel se sont retranchés les soldats de l'Union aux ordres de Robert Anderson. Ces combats déclenchèrent la guerre de Sécession.  




Le 31 mars 1936 à Mai Ceu dans le sud du Tigré en Éthiopie, Haïlé Sélassié, le dernier Négus d’Éthiopie, s'apprêt à donner le signal de l'attaque à sa foule de guerriers contre le corps expéditionnaire italien commandé par le maréchal Badoglio. Une bataille perdue d'avance car complètement disproportionnée entre un camp équipé d'avions et d'armes chimiques et des Ethiopiens aux armes rudimentaires, à pied ou à dos de mules...
Bombes aériennes qui explosaient les corps, gaz moutarde qui brûlait à mort, après la défaite de Mai Ceu l’armée éthiopienne du Nord est anéantie. 
A la tribune de la SDN à Genève le mardi 30 juin 1936, discours de Hailé Sélassié (1892-1975) en mai 1936, alors souverain déchu et en exil et déchu alors que son pays a été conquis et intégré  dans l’Empire italien fasciste. Il dénonce l’emploi par l’armée italienne d’armes chimiques et ce, dès la fin de l’année 1935, au début de la guerre italo-éthiopienne.

En 218 avant JC, le siège mené par les forces d'Hannibal contre la ville de Sagonte s'achève au bout de huit mois. Ce siège déclenche la deuxième guerre punique. C'est le premier événement de cette guerre et il en constitue le véritable casus belli. 


Des guerres que ces personnages historiques penseront avoir gagnées mais au final ils ressentiront une défaite écrasante. Même le général Grant, le vainqueur des Confédérés, fut surnommé le boucher à la fois en regard des pertes ennemies mais aussi au titre des hécatombes dans ses rangs. La "guerre" que mène Assem Graïeb contre le terrorisme, qu'apporte-t-elle, au final amène-t-elle des victoires ? Il a vu trop d'horreurs pour croire encore à une possible victoire.
Même les archéologues qui luttent contre l'oubli perdent face à la destruction  par les hommes en noir du patrimoine culturel et religieux de Hatra, de Mossoul, de Palmyre, de Tombouctou, de Bâmiyân, ainsi que le vol d'objets d'art et les attentats internationaux revendiqués.
Saccage du musée de Mossoul en 2015
 La victoire pleine, réelle, éternelle, n'existe pas. 

Récit plutôt sombre mais aussi éblouissant. Un grand roman.

588: 'Bibliomule de Cordoue' de Wilfrid Lupano, Léonard Chemineau et Christophe Bouchard - BD

Genre : une fable sur la lutte contre l'obscurantisme, l'importance des livres et de la culture.

Histoire
Califat d'Al Andalus, Espagne. Année 976
Voilà près de soixante ans que le califat est placé sous le signe de la paix, de la culture et de la science. Le calife Abd el-Rahman III et son fils al-Hakam II ont fait de Cordoue la capitale occidentale du savoir.
Mais al-Hakam II meurt jeune, et son fils n'a que dix ans.
L'un de ses vizirs, Amir, saisit l'occasion qui lui est donnée de prendre le pouvoir. Il n'a aucune légitimité, mais il a des alliés. Parmi eux, les religieux radicaux, humiliés par le règne de deux califes épris de culture grecque, indienne, ou perse, de philosophie et de mathématiques. Le prix de leur soutien est élevé : ils veulent voir brûler les 400 000 livres de la bibliothèque de Cordoue.
La soif de pouvoir d'Amir n'ayant pas de limites, il y consent.
La veille du plus grand autodafé du monde, Tarid, eunuque grassouillet en charge de la bibliothèque, réunit dans l'urgence autant de livres qu'il le peut, les charge sur le dos d'une mule qui passait par là et s'enfuit par les collines au nord de Cordoue, dans l'espoir de sauver ce qui peut l'être du savoir universel.



Impressions
A mi-chemin entre fable philosophique et récit historique, cette bande dessinée rend un bel hommage à la culture scientifique arabe.





Voilà un récit qui rappelle de tristes épisodes historiques, et même des évènements très récents comme en 2023 au Missouri, lorsque des élus du parti Les Républicains brûlent des livres jugés trop 'wokes'.



Un bel hommage à la littérature




587: 'Le monde, modes d'emploi', de Jacques Attali

Genre : essai sur la marche du monde et son avenir

Histoire
Dans ce livre, Attali jette un regard incisif sur les perspectives et l'avenir de notre monde, sur la base de l'histoire. Bien connaître l'histoire aide à comprendre et à anticiper le monde, car on en tire des leçons utiles pour tracer ensuite des constantes propres au comportement humain.


Impressions
Une première analyse très intéressante proposée par M Attali consiste à considérer des grandes étapes du monde marchand autour du concept de cœur, c'est-à-dire le centre, et de forme, c'est-à-dire l'espace d'un empire ou d'un pays. Dans l'ordre marchand, la marchandise règne.

A travers tous les âges et toutes les formes de pouvoirs, que ce soit sous l'ordre rituel, l'ordre militaire ou l'ordre financier, les sociétés se sont organisées autour d'une ville, d'un cœur, où se concentrent les moyens militaires, culturels et financiers. Ce cœur persiste aussi longtemps qu'il est en mesure d'assurer sa propre sécurité mais aussi celle du monde.
La forme (l'espace qu'occupe le capitalisme) de l'ordre marchand s'agrandit de plus en plus, au point que celui-ci s'étend sur une grande partie de la planète. Le cœur, lui, se déplace, au profit d'un autre cœur.

Ainsi, depuis le XIe siècle, neuf formes/cœurs se sont succédées: Bruges, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, Boston, New York et enfin Los Angeles, tous étant des ports, vecteurs de croissance et d'accessibilité.
 

Bruges 1250 - 1348
Avec son port menacé d'ensablement, c'est de ce défi qu'est née sa force.
Cœur place fiscale pour tous les échanges de l'ordre marchand.
Sa fin: épidémie de peste en 1348
Venise 1348 - 1453
Port isolé au fond d'une lagune, menacé d'inondation et, comme Bruges, d'ensablement.
Etat souverain, qui interagit avec Gênes -producteur des monnaies d'or- et Florence (marchands de textile qui inventent le chèque et la holding- et qui met en place un un système complexe de bourses, banques, maisons de commerce et sociétés d'assurance.


Nous en sommes aujourd'hui au neuvième cœur; l'auteur se demande néanmoins si le monde va connaître un dixième cœur, qui pourrait se situer aux États-Unis, en Chine ou en Europe.
En écartant plusieurs hypothèses sur le futur cœur, il avance un troisième scénario, d'une forme sans cœur où le marché et les grandes entreprises seront dominants et où, en revanche, le règne de l'État de droit est jugé primordial pour ne pas aboutir au chaos.

Fixant comme horizon 2050, Jacques Attali se penche sur trois menaces mortelles pour les 30 années à venir: la question du climat, l'hyperconflit et l'artificialisation. 
Et il conclut sur en tentant de donner une note positive.  "le pire n'est pas certain. Un avenir heureux est possible pour nous tous." Mais selon Attali, la condition est que l'humanité cesse sa course folle à la recherche d'une abondance matérielle illimitée, et qu'elle change d'attitude pour passer de l'inconscience et de l'insouciance à l'analyse, la vision, la décision, l'effort et la mobilisation générale.


Essai intéressant par l'analyse historique selon un schéma de 'cœur' et 'forme' du monde marchand qui règne en maître depuis environ 1250. Des hypothèses de scénarii qui évidemment ne présagent pas d'un avenir clément. Gros bémol: on est noyé par une avalanche continue de données économiques, sociales, géographiques livrées en vrac.

586: 'Quelqu'un à qui parler' de Grégory Panaccione - BD

Genre : Rebond introspectif

Histoire
Samuel est célibataire, vit dans un petit appartement sous un toit de Paris, il se morfond dans un travail qui ne le passionne pas avec un patron tyrannique, il n'a pas d'amis à l'exception d'un couple voisin de son immeuble
Seul chez lui le soir de son anniversaire, Samuel s'amuse à appeler le seul numéro qu’il connait par cœur, celui de sa maison d’enfance. À sa grande surprise, quelqu’un décroche : lui-même. Le petit Samuel, 10 ans...

Impressions
Très connu pour un 'Océan d'Amour', il adapte ici avec délicatesse et brio un roman de Cyril Massarotto.
Peu de texte, sa marque de fabrique qu'il a déjà poussée à l'extrême avec 'Toby mon ami'.
Un comte fantastique sur les rêves d'enfant et le parcours de vie qui s'en éloigne parfois.
C'est souvent drôle, souvent émouvant, agrémentée de planches oniriques ou poétiques.



Un dessinateur que j'affectionne particulièrement. Un comte qui invite à retrouver nos rêves d'enfance. Et qui fait du bien :)

Prix BD FNAC 2022

dimanche 16 mars 2025

585: 'L'île Haute' de Valentine Goby

Genre : flamboyant, sensoriel et lumineux

Histoire
Pendant l'hiver 1943, un jeune garçon débarque à Vallorcines, dernier village de la Vallée de Chamonix-Mont-Blanc avant le passage en Suisse.
Parisien de douze ans, le paysage que le garçon découvre va être pour lui un choc immense…

Impressions
C'est d'abord une merveilleuse peinture poétique de la beauté tellurique de la montagne.
Une peinture déclinée selon trois saisons durant lesquelles la montagne se transforme, modelant par là-même les êtres.
Valentine Goby décrit avec talent la nature et les hameaux pleins de charme nichés au pied des Aiguilles Rouges. Le lecteur partage l'émerveillement de Vincent devant les paysages majestueux qui se dressent devant lui, des sommets cerné de pics et de glaciers qui par instant se dessinent dans l'épaisseur du brouillard
"C'est un matin ambré, soleil doux, ciel jaune. On sent monter l'odeur de cire qui annonce les journées chaudes. Cartable au dos devant la maison, Vincent se tient immobile, scotché au paysage pelliculé de miel avec cette impression bizarre que le moindre de ses mouvements pourrait le déformer comme la toile d'un décor peint "

Ce roman témoigne aussi de la vie quotidienne laborieuse des habitants de cette vallée isolée: les travaux de la semaine, le dimanche de repos, sauf au temps des fenaisons si l'orage menace, la naissance d'un veau, les courses des chèvres et des moutons sur les pentes, le déneigement de la route du Col des Montets... 

C'est enfin un roman sur l'amitié et l'amour.

Moinette, fillette de deux années sa cadette n'a pas encore les rondeurs de celui d'Olga qui attire Vincent. mais c'est elle qui lui fait découvrir les constellations et les étoiles filantes, lui apprend à s'occuper des animaux, le déniaise de sa citadinité.

L'amour se manifeste aussi dans le contexte historique de la guerre.
Son asthme explique ce voyage, mais il n'est pas la seule raison : sa mère l'a également éloigné de la capitale car les juifs se font rafler. Vadim, ce petit juif, a trouvé dans cette vallée un refuge, une île géographique et d'humains justes. 
    Un endroit isolé en plein hiver, coupé de tout par l'épaisse couche de neige suite aux différentes avalanches, loin de la guerre, loin des allemands, loin des dangers. 
    Une terre des Savoyards et de réseaux catholiques qui ont sauvé des centaines de persécutés durant la seconde guerre mondiale. Des 'Justes'. Les habitants modestes de Vallorcine savent se taire et accueillir comme leur propre enfant Vadim Pavlevitch devenu Vincent Dorselles..


Gros gros coup de cœur, tous les ingrédients d'une pépite sont réunis. L'automne sera un autre temps.

lundi 3 mars 2025

Dates à remémorer


18 septembre 1931 Le Japon envahit la Mandchourie.

2 octobre 1935 – mai 1936 L’Italie fasciste envahit, conquiert et annexe l’Éthiopie.

25 octobre – 1er novembre 1936 L’Allemagne nazie et l’Italie fasciste signent un traité de coopération le 25 octobre. Le 1er novembre, l’axe Rome-Berlin est proclamé.

25 novembre 1936 L’Allemagne nazie et le Japon impérial signent le pacte anti-Komintern, dirigé contre l’Union soviétique et le mouvement communiste international.

7 juillet 1937 Le Japon envahit la Chine.

26 novembre 1937 L’Italie rejoint l’Allemagne et le Japon dans le pacte anti-Komintern.

11 – 13 mars 1938 L’Allemagne absorbe l’Autriche au cours de l’Anschluss.

 29 septembre 1938 L’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et la France signent les accords de Munich, obligeant la République tchécoslovaque à céder à l’Allemagne nazie les Sudètes et des positions clés de la défense militaire du pays.

14 – 15 mars 1939 Sous la pression allemande, les Slovaques déclarent l’indépendance et constituent une République slovaque. Les Allemands occupent les terres tchèques démantelées en violation des accords de Munich, et forment le protectorat de Bohême et Moravie.

31 mars 1939 La France et la Grande-Bretagne garantissent l’intégrité des frontières de l’État polonais.

7 – 15 avril 1939 L’Italie fasciste envahit et annexe l’Albanie.

23 août 1939 L’Allemagne nazie et l’Union soviétique signent un pacte de non-agression et un protocole secret qui partage l’Europe orientale en sphères d’influence.

1er septembre 1939 L’Allemagne envahit la Pologne et déclenche la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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