Genre : De la peur comme arme de gouvernement
Histoire
Un ingénieur français se retrouve un jour confronté dans son pays à une situation inquiétante qui sème la peur dans la population. Le Président a fait une déclaration fracassante au pays. Il a décidé de partir en guerre contre la mort en s’attaquant à ses principales causes.
La première étant les accidents de la route, il décrète, après consultation de son « Conseil de défense », ne plus autoriser que la circulation des nouveaux véhicules robotisés avec assistance à la conduite, les seuls parfaitement sûrs car exempts de toute erreur humaine, et de « confiner » les bagnoles classiques, véritables tombeaux roulants.
S’ensuit l’obligation du port de la minerve pour le bien de tous, bien entendu.
Puis le Président passe aux excès de consommation de sucre causant diabète et maladies cardio-vasculaires. Pour mieux lutter, chacun devra se faire implanter une puce sous la peau…
Tom se retrouve pris dans la tourmente des événements, mais il a un ami grec qui l’alerte alors : les peurs des gens sont très utiles à certains.
'Pourquoi un Conseil de défense sur un tel sujet ? se demanda alors un journaliste. La réponse lui vint quand il remémora l'allocution télévisée du chef de l'Etat.
Le pays est en guerre, avait déclaré le Président.
En guerre contre la Mort.'
'Mener une guerre n'est pas une mince affaire, et le Président s'arrogea les services d'un cabinet de conseil américain, pour près d'un million d'euros par mois.
Certains s'interrogèrent : n'y a-t-il pas de consultants compétents dans le pays pour qu'il faille choisir des étrangers ? D'autres firent remarquer que c'était le cabiner qui avait conseillé le Président dans sa campagne électorale, sans facturer d'honoraires.'
Et ainsi de suite, le fil de l'histoire s'inspire de la gestion de la crise Covid-19 gérée en France, mais va beaucoup plus loin avec la disparition de l’argent liquide, la reconnaissance faciale, le contrôle social à la chinoise, le puçage et fichage généralisé, jusqu'à une fin peu enthousiasmante.
Evidemment, à chaque événement, le narrateur Français plaide en faveur des bonnes intentions du gouvernement, 'Mais je me refusai à prêter attention à ces médisances.'
En écho, son ami grec Christos Anastopoulos que l'ingénieur français a connu pendant ses études, tente de l'éclairer.
'Ca pue la manipulation des foules.'
“Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes”, disait Machiavel.
Et Christos lui rappelle le passé. Ainsi le début de la manipulation des masses est rattachée à la commission 'Committee on Public Information' ou 'commission Creel' du nom du journaliste qui l'a dirigée. Objectif : retourner l'opinion publique en lui insufflant l'envie d'entrer en guerre contre les Allemands en 1917.
La charte de Biderman a été reconnue par Amnesty International comme décrivant les 'outils universels de la torture et de la coercition'.
Cet ouvrage est donc une forme de conte philosophique dystopique. Selon les commentaires lus sur le Net, il s'agit d'un écrit très différent des habituelles productions littéraires de Laurent Gounelle. L'histoire est assez caricaturale mais elle permet de prendre un peu de recul par rapport au discours officiel et autres balivernes sur les réseaux sociaux et donne des références historiques.
Certains lecteurs ont dénoncé un discours complotiste, disant que Gounelle explique que quasiment tout ce qui est arrivé pendant la crise Covid est le fait d'un plan machiavélique du pouvoir utilisant des techniques de manipulation. Je n'ai pas ressenti que l'objectif du roman était ciblé sur ces événements en 2020, mais s'y référençait plus comme base de mise en garde sur la manipulation des hommes. De là à penser que l'auteur dénonce une responsabilité du gouvernement lui-même sur la crise sanitaire, je ne franchirai pas le pas.
A demander à l'auteur son intention...
Il a expliqué : “On est parfois confronté à des situations exceptionnelles qui méritent une action inhabituelle. J’ai choisi d’écrire ce livre car je crois que, dans le contexte qui est le nôtre, l’éveil des consciences est salutaire.”
Roman- dystopie assez court qui invite à prendre conscience de la manipulation des foules. Facile d'accès et instructif.
Charte de Biderman
Isolement,
Prive la victime de tout soutien social dans sa capacité à résister
Développe chez la victime une préoccupation intense d’elle-même
Rend la victime dépendante de l’autorité
Variantes: confinement solitaire total ; isolement complet, semi-isolement, isolement de groupe
Monopolisation de la perception,
Fixe l’attention sur la situation difficile immédiate
Pousse à l’introspection
Elimine les informations divergentes de celles contrôlées par l’autorité
Empêche toute action non conforme à le norme dictée
Menaces,
Cultivent l’anxiété et le désespoir
Variantes: menaces vagues, mystérieux changements de traitement
Démonstration de puissance,
Suggèrent la futilité de la résistance
Variantes: confrontations, prétendre que la coopération va de soi, démontrer un contrôle totale du sort de la victime
Faire respecter des exigences dénuées de sens,
Développe l’habitude d’obéir
Variantes: écriture forcée, impératifs de minutage
Caricaturer la position des résistants,
Il s’agit de tourner en dérision la position des résistants afin de les décrédibiliser. Empêcher le peuple d’écouter les propos en rendant ceux-ci totalement ridicules à ses yeux
Instaurer des clivages,
Diviser la population en flattant les consentants qui acceptent de suivre les consignes et en désignant les résistants comme responsables de la situation
Imputer aux résistants la responsabilité de la perte de liberté des consentants
Induire de la colère chez les consentants pour pousser la population à rejeter les résistants
Conjuguer flatterie et culpabilité,
Flatter les gens sur leur intelligence, puis leur faire croire qu’ils sont responsables de leurs problèmes et qu’il serait malvenu de ne pas mettre en oeuvre la solution proposée
Etiqueter les résistants,
Etiqueter les résistants en assimilant leurs réflexions à celles d’une mouvance honteuse. Exemple: complotisme
> Effets: Décrédibilise le résistant aux yeux de la population / Induit en lui un sentiment de honte qui l’empêche de poursuivre son argumentation / Brouille l’écoute de la population en détournant son attention des arguments avancés / Evite de devoir répondre sur le fond aux objections soulevées . Empêche tout débat démocratique sur la question . Tue dans l’oeuf tout début de contestation
BONUS
Edward Bernays (1891 – 1995) peut prétendre au titre honorifique de créateurs des relations publiques. Il a été celui qui a le plus théorisé et diffusé les techniques de propagande. Propagande est d’ailleurs le mot choisi par Bernays lui-même pour définir son travail. Son livre le plus célèbre, à la fois manuel de base du communicant et plaidoyer pour l’utilité sociale des conseillers en relations publiques, est titré Propaganda, et est devenu une référence incontournable des communicants et des publicitaires pendant des décennies.
Il dirigea des campagnes diverses et souvent couronnées de succès, comme
celle menée pour l’American Tobacco Company visant à rendre la cigarette populaire chez les femmes,
celle qui créa le mythe du petit-déjeuner typiquement américain à base de bacon, conçue pour l'entreprise de charcuterie industrielle Beech-Nut Packing, principalement axée sur la production et le commerce de viande,
ou encore celle menée dans les années 50 pour le compte de la CIA qui voulait présenter le coup d’État militaire qu’elle préparait au Guatemala comme une victoire de la liberté et de la démocratie – cette « victoire » inaugura en vérité un bain de sang qui fera plus de 100 000 morts lors des cinq décennies qui suivirent.
https://heconomist.ch/2020/11/24/lamerican-breakfast-dedward-bernays/
https://www.sundialpress.co/2024/01/29/lhistoire-dune-republique-bananiere-comment-united-fruit-a-pris-le-controle-du-guatemala/
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