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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

dimanche 12 mai 2024

566: 'Mon mari' de Maud Ventura

Genre :  névrosé

Histoire
Une femme de 40 ans, est mariée, a deux enfants et mène en apparence une vie parfaite. Son problème est qu'elle est obsédée par l'amour qu'elle voue à son mari.

Impressions
Voilà qui tranche avec la lecture précédente.
Plus de 270 pages à la police de caractère normale, ce n'est pas un produit de fonds de commerce d'un auteur reconnu, mais un premier roman de Maud Ventura.

En référence aux annonces de la presse, l'autrice aborde la thématique de la dépendance affective, de l'amour, de la passion et du fait de vivre pour quelqu'un d'autre.
Voilà de quoi sortir un récit potentiellement très intéressant.
A l'évocation de ce thème, j'imaginais une version propre à cette auteur du thème de l'amour qui s'étiole avec le temps et de comment le poursuivre, l'attiser car la personne souhaite pérenniser cette flamme. 
J'avais en tête l'excellent roman d'Alexandre Jardin 'Le Zèbre''. Pour rappel, dans 'Le Zèbre', Gaspard Sauvage décide de ressusciter l'ardeur des premiers temps de leur liaison au moyen de procédés cocasses et de stratagèmes rocambolesques.

Et les critiques sont très enthousiastes. Finaliste du prix Médias, lauréat du prix du Premier Roman, 'Mon Mari' a été encensé par la presse. Ainsi le magazine 'Elle' : "La solaire autrice de « Mon mari » n’a pas seulement signé un best-seller international. Elle prouve aussi qu’on peut parler de sa propre réussite avec charme, humour et naturel."


Et là, patatras, mon avis est largement plus mitigée, et penche plutôt vers un sentiment de déception.

Je m'attendais à ce que l'héroïne agisse pour animer la flamme même après des années de mariage. Mais y-a-t-il eu vraiment une flemme ? C'est au contraire une relation glaçante qui est peinte. A l'image de l'écriture, clinique.
Qu'appelle 'aimer' l'héroïne ?

Par exemple vis à vis de ses enfants.
'J’aime nos enfants, c’est une évidence. Je les aime, mais il est également très clair que j’aurais préféré ne pas les avoir. Je les aime, mais j’aurais préféré vivre seule avec mon mari. Aujourd’hui, je crois pouvoir dire avec certitude que je survivrais à la mort de l’un de nos enfants mais pas à celle de mon mari.'
Waouh, pas trop la confession d'amour à adresser à ses enfants !

Avec son mari, ce ne sont que des micro-événements d'un quotidien à mourir d'ennui qu'elle considère comme des preuves de '''amour'''
Par exemple, un montant de ticket de caisse...
"Je sais que c’est idiot, mais plus mon mari fait des courses importantes, plus j’ai l’impression qu’il m’aime. C’est comme s’il investissait dans notre couple. Comme le primeur qui pèse les petits sachets en papier, je peux quantifier son amour chaque dimanche à son retour du marché grâce au montant du ticket de caisse abandonné au fond du cabas."

Et elle aime tellement son mari qu'elle hésite à le défénestrer parce que 'son mari' demande à dormir dans le noir avec les volets fermés...
"Est-ce que mon mari mérite de vivre ? Je n'ai aucun mal à l'imaginer inconscient sur le sol, le crâne fracassé, le sang inondant son cerveau. J'ai encore moins de mal à m'imaginer en veuve inconsolable (le noir va bien aux blondes) – cette femme qui avait tout pour être heureuse, et dont un stupide accident a changé le cours de l'existence. J'hésite, renonce et recule. C'est sûrement une vengeance disproportionnée pour le punir de m'imposer de dormir les volets fermés."

De quoi avoir peur, surtout en regard de son sentiment de possession complet qu'elle exprime sans demi-mesure...
"Mon mari n'a plus de prénom, il est "mon mari", il m'appartient."

Et que penser de ses réflexions amères sur ses choix comme:
"Aujourd'hui, je ne dirais pas que je regrette ce choix, mais je me rends compte que le prix à payer était très lourd, bien plus lourd que ce que j'avais anticipé. Si j'avais choisi d'être aimée plutôt que d'aimer j'aurais sans doute été une meilleure mère, j'aurais aussi eu la disponibilité d'esprit nécessaire pour former de belles amitiés et avoir de vraies ambitions de carrière."


De nombreuses chroniques parlent d'un livre irrésistible - dérangeant, tendu, drôle et grinçant.

"Dérangeant", sans doute en effet, en dénonçant les comportements caricaturaux des couples de notre société occidentale dite moderne. Y compris les comportements machos que 'son mari' ne manque pas de présenter comme :
"Il change de chaîne, puis éteint. Cet unilatéralisme de la télécommande me questionne : mon mari serait-il autoritaire ? Il ne me demande pas si je veux regarder le film jusqu'à la fin. il ne dit pas, comme les autres maris le font certainement : "On éteint ?" Il ne prononce jamais ces phrases de transition qui permettent de conclure et de passer à autre chose."

'Tendu', oui, surtout le lecteur qui s'essouffle à la longue, constatant de plus en plus l'état mental retors et presque dérangé de l'héroïne. Celle-ci enregistre son mari avec son téléphone portable,  pleure parce qu'il l'a comparée à une clémentine, note dans des carnets de couleur les punitions à lui infliger, .

Mais drôle et irrésistible, certainement pas, d'autant plus que je n'y ai trouvé aucune charme ni humour. Ni amour d'ailleurs et c'est là le plus gros écueil de cette histoire.

L'épilogue apporte un peu d'air et aurait mérité plus de pages...
Une discussion en donne un avant goût, mais chut, je ne vais spoiler :)
"J’ai commis une fois l’erreur de demander à mon mari les trois mots qui me caractérisaient. Il a répondu sans trop d’hésitations : très belle, froide, amoureuse, observatrice.
– Ça fait quatre ! ai-je protesté, ce n’est pas du jeu ! J’ai réagi sur le chiffre pour ne pas laisser percevoir mon trouble sur le fond. Amoureuse de toi ? Bien sûr que je le suis ! Nous sommes mariés je te rappelle, ai-je repris, l’air faussement détaché.
– Non, pas amoureuse de moi, mais amoureuse. Une amoureuse de l’amour, a corrigé mon mari.
– Je ne suis pas une amoureuse de l’amour ! Ça impliquerait que j’aime l’idée d’être amoureuse plus que je ne t’aime toi, ce qui n’est pas vrai.
Je me suis défendue bec et ongles, j’ai argumenté avec efficacité, ce qui n’a pas manqué de le faire sourire :
– Tu es trop piquée au vif pour qu’il n’y ait pas un fond de vérité, tu ne crois pas ?
J’ai détesté ce jeu."


Avis mitigé, mais globalement très décevant.

mercredi 1 mai 2024

565: 'La rivale' d'Eric-Emmanuel Schmitt

Genre :  crêpage de chignons

Histoire
Le portrait de Maria Callas à travers la mémoire malade et jalouse d'une rivale aigrie, Carlotta Berlumi.

Impressions
Ce qui m'a frappé d'emblée est l'épaisseur des pages, le faible nombre de pages et la police de caractère à la taille généreuse. 135 pages, interligne 1.5 et gros caractères! 
On se dit que soit c'est un condensé de bonheur littéraire, un condensé à savourer.
Soit c'est un produit marketing porté par la marque Eric-Emmanuel Schmitt que j'ai déjà pu tester pour vous !

Alors on entame la lecture, et cela commence bien avec cette visite de la Scala interrompue par une vieille dame aigrie.
Mais le récit patine un peu, l'écriture est 'propre' et sans surprise, calée sur la biographie de la célèbre cantatrice Maria Callas vue à travers les yeux de cette vieille dame.

Carlotta décrit par exemple:
« Cette grosse Grecque avec ses lunettes de myope, mal fagotée, boutonnée, boudinée, flanquée d'un mari sénile » ...

Et en effet Cecilia Sophia Anna Maria Kalogeropoulos née le 2 décembre 1923 à Manhattan,  dans une famille d'origine grecque, était une petite fille ronde et myope. Ce n’est qu'en chantant que Maria parvient à s'affranchir de ses complexes physiques


Et la suite de la biographie est ensuite déclinée de manière chronologique.
Récit agrémenté des critiques méchantes, futiles et détestables de Carlotta, et de ses histoires de coucheries à répétition...
"[...] elle qui avait tant désiré plaire, léché les culs et qui préméditait tout..."

La vieille dame narre les début de la cantatrice, et finalement se cale sans originalité sur une description chronologique proche de celle trouvée sur Wikipedia:
"Maria Callas est pour la première fois invitée à la Scala de Milan en 1950, remplaçant au pied levé la soprano Renata Tebaldi dans le rôle-titre d’Aida, opéra de Giuseppe Verdi. Mais sa performance ne rencontre pas le succès escompté : le public ne témoigne d’aucun enthousiasme particulier et les critiques sont, le lendemain, plutôt mauvaises. Sa voix est jugée inégale, forcée.
Une décevante première fois qui sera vite oubliée : dès l’année suivante, la Callas est de nouveau invitée par le théâtre milanais pour la production des Vêpres Siciliennes de Verdi. Cette fois-ci, c'est un triomphe. Jusqu'à la fin des années 1950, la Diva règne sur la Scala, prestigieuse et exigeante institution européenne."

L'auteur tente des salves d'humour (mais il aurait pu s'abstenir...)
"Selon une boutade qui circulait dans le métier, pour un chanteur, le metteur en scène est comme un préservatif : avec c’est bien ; sans, c’est mieux."
J'arrête là mes commentaires, je vais finir par ressembler à Carlotta... :)

Et pour ne pas fâcher les admirateurs de la cantatrice, l'auteur se rattrape en décrivant Carlotta subjuguée lors d'un concert.
"L'assistance guettait l'apparition de la Callas. Elle entra, vêtue en prêtresse, svelte, élégante, radieuse, un rameau de gui à la main. Le temps se suspendit. Même le silence changea de densité."

Livre alimentaire pour l'auteur ...

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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