Genre : cartographie de la France d'aujourd'hui
Histoire
Les auteurs dressent un portrait complet de la vie quotidienne dans cette France nouvelle et ignorée d’elle-même. Ils y décrivent tout ce qui a évolué, changé, disparu, en France, des années 1980 à nos jours, en s'appuyant entre autres sur des graphiques, des cartes, des articles...
Impressions
Cartographie très large de la France d'aujourd'hui
J'ai apprécié le ton neutre et factuel et les très nombreux exemples concrets illustrant les tendances listées par les auteurs.
En effet cet ouvrage présente énormément de données, de cartes, d’exemples de la France comme elle va. Des accents régionaux aux cartes perspicaces de la presse quotidienne régionale qui demeurent justement très localisée aux galettes des rois avec ou sans frangipane !
Cette analyse s'ouvre par un paysage des activités économiques en France. En particulier ils donnent les chiffres des privatisations et des
Ainsi, le nombre d'entreprises contrôlées majoritairement par l'état est passé
- de 2600 en 1995, pour un nombre d'employés de 1,5 million
- à 1800 en 2023, employant 560 000 salariés.
Principales privatisations intervenues depuis 1986 (source Insee)
1986 : Saint-Gobain
1987 : Compagnie Générale d'électricité (CGE), Suez, Compagnie téléphoniques (CGCT), Société Générale, Paribas, Havas
1988 : Matra
1993 : Rhône-Poulenc, BNP
1994 : Elf
1995 : Seita, Pechiney, Usinor-Sacelor
1996 : CGM, Renault
1997 : Bull
1998 : CIC, Thomson CSF, CNP Assurances
1999 : Crédit Lyonnais, Eramet, Aérospatale-Matra
2000 : Thomson Multimédia
2004 : Air France, France Télécom
2005 : Snecma (devenue Safran)
2006 : Sociétés de concessions autoroutières (ASF, SAPRR, Sanef)
2008 : Gaz de France (devenue Engie)
2019 : Française des jeux
https://www.lesechos.fr/2000/11/letat-a-pratiquement-acheve-le-programme-de-privatisations-defini-en-1993-757199
Cette privatisation de grande ampleur de fleurons d'entreprises françaises s'est accompagné par une baisse très forte de la part du secteur industriel dans le PIB qui est passé de 24% en 1980 à 10% en 2019.
A une économie basée sur l'activité industrielle, s'est substituée une économie reposant sur les emplois publics et la grande distribution, cette dernière dépendant des revenus de transfert (retraites et prestations sociales).
Les auteurs illustrent par des cas concrets les conséquences de cette évolution de l'économie française sur ses habitants.
Ainsi, Tonnerre, dans l'Yonne, a perdu 1800 emplois depuis 2000 pour 5500 habitants.
Ce fut d'abord la fermeture de l'usine de magnétoscopes Thomson J2T Vidéo (steli) et la destruction des postes de sous-traitants. Puis d'autres fermetures ont suivi: câblerie détenue par Todenco, fromagerie du groupe Bongrain (150 salariés) en 2009, cimenterie du groupe Lafargue à Lezsinnes (74 postes) en 2011, atelier de confection Petit Bateau en 2012 (80 salariés) ...
Et les principaux employeurs à ce jour sont:
Hôpital (560p), éducation nationale et mairie (150p) et Leclerc+Auchan (100p)...
En Bretagne, à Lannion, en 1962 fut inauguré le centre des télécommunications par satellite de Pleumeur-Bodou. S'implante alors à Tregor une antenne du CNET. Par effet d'entrainement, arrivent des grands groupes, comme Thomson et SLE-Citerel (futur Alcatel) et des PMEs. On parle de la 'Silicon Valley bretonne', avec plusieurs milliers d'ouvriers, produisant le Minitel en 1980, le Bi-Bop en 2001, la Livebox.
Après avoir racheté la branche télécommunication de Thomson, Alcatel délocalise et réduit ses effectifs avant de céder à Nokia son dernier site de Lannion en 2015. Nokia n'emploiera plus que 500 personnes contre 4000 salariés d'Alcatel antérieurement...
Ces employeurs industriels sont dans ce nombreuses régions remplacés par des centres de logistique. L’analyse de la répartition de ces emplois sur le territoire montre une nette corrélation entre emploi logistique-transport et activité économique marchande. Au-delà de la classique dorsale « Nord- Sud », les territoires logistiques ne se réduisent pas aux grandes zones d’activités logistiques mais s’articulent avec les bassins de consommation et les pôles industriels.
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Les auteurs analysent les nouveaux activités économiques, mêmes celle illégales comme le commerce de la drogue. La cartographie des sites où la police a procédé à des interceptions importantes montre l'importance des grands axes routiers et la pénétration de ce commerce dans toutes les régions de France.
Un livre très instructif, factuel qui apporte un regard factuel sur cette France recomposée et permet ensuite au lecteur de mieux comprendre la fragmentation de sa société.
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