Après Laurent Gaudé recommandé par Sébastien, c’est Carlos Ruis Zafon que Brigitte me fait découvrir. Et là encore un coup de cœur. Je ne connaissais pas cet auteur, et pourtant ces temps-ci, il est d’actualité puisque son livre « Le Jeu de l’Ange » vient de sortir et peuple les rayons "nouveautés" des librairies.
L’histoire
Barcelone 1945. Daniel Sempere, le narrateur, habite avec son père au premier étage de la librairie familiale. Pour ses dix ans, son père l’amène au « Cimetière des Livres Oubliés », un labyrinthe secret qui abrite les ouvrages abandonnés par le public. Et selon la coutume, Daniel doit choisir et adopter un livre, et « faire en sorte qu’il ne disparaisse jamais, qu’il reste toujours vivant ». Il choisit l’Ombre du Vent, un roman de Julian Carax, un auteur inconnu. Ce livre va bouleverser le cours de la vie de Daniel, qui, envoûté, se lancera sur les traces de cet auteur énigmatique
Et alors
Un roman ENVOUTANT.
Une double intrigue assez complexe, où les 2 destinés romanesques de Daniel et Julian se dessinent progressivement. Leurs pas se croisent et s’entrecroisent, par un subtil jeu d'effet miroir.
L’auteur varie avec intelligence les outils de narration, alternant flashbacks, lectures de lettres, récits d’anciens témoins des temps révolus, apparitions fantomatiques d’acteurs du passé.
Et cette histoire est habillée d’une écriture poétique –en tout cas ce que le traducteur espagnol-français en a restituée –qui installe une atmosphère mystérieuse.
Le brouillard nous enveloppe, la pénombre des couloirs et des salons de villas abandonnées provoque des frissons, la puanteur d’un asile nous donne la nausée.
Au hasard (presque…) …
« Des angles fantasmagoriques qui émergeaient du manteau de ténèbres laissaient deviner le labyrinthe des livres.»
« Il régnait dans le grand salon ovale une clarté avare et embrumée, criblée de zones d’ombres projetées par la neige qui se répandait comme de la gélatine derrière les volets. »
« Bientôt, des effluves amers et pénétrants s’infiltrèrent dans le vent froid de l’hiver.
- Quelle est cette odeur ?
- Nous sommes arrivés, annonça Fermin. »
Le contexte historique largement dominé par les violences et les exactions du régime de Franco ajoute une composante de suspicion, d’ambiance oppressante et délétère.
Enfin ce roman transporte le lecteur à travers les rues et les bâtiments de Barcelone de 1945 à 1966. Une invitation à déambuler dans les pas de Daniel.
Et bien sûr, à travers le thème même de l'"Ombre du Vent", cet écrivain maudit et le narrateur qui vit au milieu des livres de la librairie paternelle, c’est un hommage à l’écriture, aux auteurs, à la lecture.
Magnifique.
Encore un que j'ai lu ! Je commençais à désespérer. Et je suis d'accord aussi. Ca ne te dérange pas qu'on mette des commentaires sur ton site ?
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