En résumé par l'éditeur:
L'entreprise serait, dit-on, le lieu de l'autorité, du pouvoir et du commandement vertical. La réalité, telle que peut l'observer le sociologue de terrain, est le plus souvent très éloignée de cette supposée dictature. S'appuyant sur dix-huit enquêtes et près de huit cents interviews, François Dupuy montre que les entreprises sont en passe de perdre le contrôle d'elles-mêmes : le pouvoir est descendu d'un ou plusieurs crans pour se disperser à la base, au niveau des intermédiaires et des exécutants. Et lorsque, poussés par une compétition grandissante, les dirigeants tentent de reprendre le contrôle par la mise en œuvre de " process " et de " reportings ", le résultat est à l'inverse de l'effet escompté : plus les décisions se multiplient, moins le contrôle est grand...Dans de nombreuses entreprises, le problème est aujourd'hui de reconstruire une maîtrise minimale de la direction et de ses managers sur l'organisation et ses personnels en redécouvrant les vertus de la confiance et de la simplicité.
Impressions
Essai sociologique sur le travail au 21ième siècle, orientée sur la thèse d'un fossé entre le haut management et ce qui a se passe vraiment dans leur entreprise.
Selon l'auteur, mal habituées à faire supporter par leurs clients leur manque de performance, les entreprises ont besoin de reprendre la main. Les managers multiplie les processus de contrôle, de reporting et de centralisation, pour avoir la paix sociale au détriment des clients.
"Les pratiques managériales visent avant tout à réduire la conflictualité au sein de l'organisation beaucoup plus, en première instance, qu'à maximiser le gain escompté. [...] Paix sociale et "pas de vagues" sont les deux mamelles du développement économique en période de croissance."
L'auteur propose quelques recommandations : faire remonter le client final le plus en amont possible dans la structure de l'entreprise, rendre inévitable la coopération et la confrontation entre personnes et services, faire confiance notamment à l'encadrement de proximité et savoir ce qui se passe vraiment à la base de l'organisation.
"Les entreprises ont donc une étonnante capacité à détruire la confiance qui a assuré les succès initiaux de la plupart d'entre elles. Dès lors qu'elles souhaitent substituer à l'initiative, à la bonne volonté ou au sérieux de leurs salariés des processus et des contrôles renforcés, elles font passer un message clair de défiance et tout le monde le comprend ainsi."
Une représentation, sinon une idéologie, domine aujourd'hui dans notre pays : celle d'une entreprise régie par la tyrannie du profit et prête à écraser les individus pour atteindre ses fins. L'entreprise serait ainsi le lieu de l'autorité, du pouvoir et du commandement vertical.
La réalité, telle que peut l'observer le sociologue de terrain, est le plus souvent très éloignée de cette supposée dictature. Ce qui le frappe au contraire, c'est la progressive liquéfaction des relations de pouvoir traditionnelles dans les communautés de travail. Le pouvoir n'a pourtant pas disparu. Il ne s'est même pas simplement euphémisé en « gouvernance » et « contrôle de performance ». Il est plutôt descendu d'un ou plusieurs crans pour se disperser à la base, au niveau des intermédiaires et des exécutants. De sorte qu'on ne sait plus toujours très bien qui décide quoi, ni même si ceux qui décident sont aussi ceux qui sont responsables. Dans de nombreuses entreprises, le problème n'est plus tant de limiter un pouvoir potentiellement excessif, que de reconstruire une maîtrise minimale de la direction et de ses managers sur l'organisation et ses personnels, y compris ses cadres dont François Dupuy avait dans son précédent ouvrage analysé la grande « déprime ». Tel est le « nouveau combat des chefs ».
Analyse intéressante, basée sur des faits concrets, qui promeut la confiance, la coopération et le souci du client.