Histoire
Le cadre : une Afrique sans lieu précis, une époque intemporelle.
Pour tenter de calmer la rivalité des prétendants à la main de sa fille la belle Samilia, le roi Tsongor accepte la mort donnée par son fidèle porteur de tabouret d'or, Katabolonga. Erreur de jugement : la mort du roi va au contraire créer le chaos au sein du royaume de Massaba. Le chaos au sein de sa famille. La guerre entre les tribus de son empire. La destruction de son héritage pendant que son cadet, Souba, traverse les vastes étendues du royaume, chargé du lourd fardeau de la mission que son père lui a confiée avant cette nuit fatidique.

Impressions
L’intrigue de ce roman est simple, voire trop prévisible selon certains blogueurs.
Mais quel plaisir de lecture ! Quelle écriture remarquable, magistrale, fluide, puissante, claire, ciselée. Et quelle capacité de renouveau montre cet auteur, qui nous fait parcourir les continents et les époques à chacun de ses ouvrages.
Ce roman rassemble 2 faces.
D’abord un drame digne des tragédies grecques, un carnage sanglant, fou et vain, qui se joue au pied des murailles de Massaba. Un drame joué par des acteurs somptueux, poussés par leur orgueil à se battre sans fin, d’affronter la mort et la souffrance. Jusqu’à l’horreur. Jusqu’à l’absurde, propre de la vanité et de la guerre.
En écho à ce drame antique, le lecteur suit le périple initiatique de Souba, un récit magique. Le lecteur se transforme alors en auditeur, transporté par la voix d'un conteur, qu'on imagine accroupi sous un arbre à palabres. L’apprentissage de la nature des hommes, de la condition humaine, découvrant en lui-même ses qualités et ses faiblesses, au rythme lent de la mule de Souba.
Et enfin, loin du vacarme de la guerre et de l’errance de Souba, l’âme éplorée de Tsongor converse avec son fidèle Katabolonga. Jusqu’à pouvoir rejoindre le monde des morts, honteux.
Un roman remarquable. Moins marquant qu'"Eldorado" cependant.
Selon un blog littéraire, un roman à rapprocher de « Salambô » de Flaubert, « Désert » de Le Clézio, « L’exil et le Royaume » de Camus, ou « L’aleph » de Borges. Prochaines lectures en perspective.
Prix Goncourt des lycéens en 2002