Genre : cendré
Histoire
Dévasté par un cataclysme mystérieux, il ne reste du globe qu'un amas de cendres, de ruines et de cadavres.
Un père et son jeune fils marchent vers le Sud, vers la côte, sous la neige, poussant un caddie. Marche éprouvante où le danger est omniprésent.
Impressions
Récit minimaliste.
Pas d'intrigue. Aucun nom de personnages. Une écriture dépouillée. Très peu de dialogues.
Le lecteur ne sait pas quel cataclysme s'est abattu sur la terre. Ni les noms et prénoms du père et de son fils.
"En ce temps-là déjà tous les magasins d’alimentation avaient fermé et le meurtre régnait partout sur le pays. Le monde allait être bientôt peuplé de gens qui mangeraient vos enfants sous vos yeux et les villes elles-mêmes seraient entre les mains de hordes de pillards au visage noirci qui se terraient parmi les ruines et sortaient en rampant des décombres, les dents et les yeux blancs, emportant dans des filets en nylon des boîtes de conserve carbonisées et anonymes, tels des acheteurs revenant de leurs courses dans les économats de l’enfer."
Seuls quelques survivants errent dans un paysage noir, irrespirable.
Il y a les 'gentils' et 'méchants',
Les gentils survivent en mangeant ce qu'ils trouvent dans les ruines de maisons abandonnées. Les méchants sont cannibales.
Tous sont vêtus de haillons. Ils ont froid, ils ont faim, ils ont peur.
Leur seule occupation c'est trouver de quoi boire et manger.
Et tout est gris. Même la mer.
"Là-bas c'était la plage grise avec les lents rouleaux des vagues mornes couleur de plomb et leur lointaine rumeur. Telle la désolation d'une mer extraterrestre se brisant sur les grèves d'un monde inconnu. [...] Au-delà l'océan vaste et froid et si lourd dans ses mouvements comme une cuve de mâchefer lentement ballottée et plus loin le front froid de cendre grise. Il regardait le petit. Il voyait la déception sur son visage. Je te demande pardon, elle n'est pas bleue, dit-il. Tant pis, dit le petit."
A l'exception de certaines images 'éclair', on ne connait rien du passé, mais qu'en est-il de l'avenir ?
Le père dit à l'enfant qu'il doit « porter le feu ». Serait-il un prophète ? Doit-il rejoindre une communauté d'autres survivants qui ont gardé comme eux leur part d'humanité ?
Je n'ai pas saisi le message.
Alors quel avis ?
Ce fut une lecture peu agréable, ce qui est tout à fait logique dans un univers désormais ravagé, sans vie autre que quelques survivants. -Ni faune ni flore ne subsistent.
Mais ce qui m'a gêné est que je n'ai pas trouvé de sens ou de message. J'ai ressenti une lassitude en écho à la monotonie du récit. En terme de construction se répète trois fois La séquence de 'on marche en crevant la dalle et en ayant froid la nuit sous la bâche battue par la pluie' - 'on trouve un abri avec de la nourriture'. A part quelques rencontres parfois très angoissantes, aucun autre élément n'apporte de relief. On ne sait pas ce qui s'est passé ni ce qu'ils cherchent.
C'est le vide sur terre et l'austérité règne chez les survivants, et aussi pour le lecteur.
On pourrait imaginer 'Sur la Route' comme un épilogue de 'Malevil' de Robert Merle où tout finit mal. Les humains vont disparaître quand ils auront épuisé les dernières réserves issues de l'époque où la terre était encore nourricière.
L'Humain confronté à la mort de la Nature.
Un roman qui donne envie de toucher des fleurs, de caresser un animal, de ressentir la chaleur d'un rayon de soleil sur notre peau, de croquer un fruit, de profiter d'un sourire, d'une main tendue. De profiter de cette planète bleue que notre société moderne néglige et ne respecte pas.
En particulier, j'ai été frappé par l'expression du bonheur immense ressenti pour des 'événements' très simples.
Comme par exemple, lorsque le père découvre une réserve d'eau pure
[...] il y avait une cuve remplie d'eau si douce qu'on pouvait en sentir l'odeur'
[...] 'et renifla et goûta et ensuite il but. Il resta allongé là un bon moment, puisant et portant l'eau à sa bouche une main à la fois. Rien dans son souvenir nulle part de n'importe quoi d'aussi bon.'
De quoi se sensibiliser à la chance et au luxe que nous avons d'accéder à l'eau pure et potable. De quoi comprendre que dans ce monde dévasté, même les besoins les plus basiques sont en danger.
Minimaliste et noir. L'Humain condamné à disparaître à la mort de la Nature.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire