New !!

Liste par auteurs & titres dans Kronik list

vendredi 31 décembre 2010

52ième: "Ensemble, c'est tout" de Anna Gavalda

Genre : 4 bras cassés qui aspirent à l'amour


L'histoire
Vous réunissez :
- un aristocrate désavoué par sa famille, bègue et passionné d'histoire ,
- une jeune femme artiste épuisée de la vie par une enfance et une adolescence chahutées, qui fait les ménages des bureaux le soir,
- un cuisinier brillant, grande gueule et occupé par sa moto et ses conquêtes féminines,
- une vieille grand-mère qui se laisse mourir dans sa maison de retraite.

Point commun: cassés de la vie mais pourvus d'un cœur énorme (parfois bien caché).

Vous mélangez le tout dans un immense appartement des beaux quartiers parisiens, près de la Tour Eiffel.
Vous obtenez un cocktail sympathique qui vous emporte tard dans la nuit.

Mes impressions
Ces tranches de vie qui se croisent sont simples, sans rien d'exceptionnel, mais très vite il est difficile de s'extraire de ce roman de 600 pages qui nous happe. Cette histoire d'amour aurait pu se jouer à 2, entre Camille et Franck, 2 écorchés vifs de la vie qu'apparemment tout sépare. Mais non, la vie n'est jamais aussi simple, pas plus qu'Anna Gavalda, et il faut une bonne dose de frictions et de réconciliations au sein de ce quatuor bancal pour que la tendresse et l'amour éclosent.

Ce n'est pas un chef d'œuvre littéraire mais ce conte nous fait rire, pleurer, aimer la vie. C'est tout mais c'est beaucoup.

mardi 21 décembre 2010

51ième: "Le Soleil des Scorta" de Laurent Gaudé

Genre : saga d'une famille "Pouille"-euse mais fière des Pouilles


L'histoire
Fruit de l'unique coït entre une vieille fille et un malfrat de retour au village Montepuccio après 15 ans de prison, Rocco est sauvé par le prêtre: il est confié aux Scorta, une famille du village rival San Giocondo. Et il deviendra Rocco Scorta Malcazone, un bandit écumant les Pouilles à l'image de son père. Débute alors la lignée des Scorta, une descendance marquée par les sceaux de la pauvreté et de la rage de vivre, une famille prisonnière de ces terres arides du Sud de l'Italie.

Mes impressions
L'écriture est simple et efficace, voire aride à l'image de ces collines de cailloux séchées par le soleil. Laurent Gaudé nous fait goûter l'huile d'olive, nous fait transpirer sous la chaleur du soleil, nous fait saliver à l'évocation de ce banquet en bord de mer....
La construction est habile; les chapitres égrènent les années et les générations qui se succèdent, et se ferment par les dernières confidences de Carmela au prêtre, pressée de transmettre son secret avant de perdre la tête.

La terre des Pouilles est misérable, sèche, saturée de cailloux, mais illuminée par un soleil généreux, une de leurs 2 richesses.
"Jamais un Scorta, donc, ne pourrait se soustraire à cette terre misérable. Jamais un Scorta n'échapperait au soleil des Pouilles. Jamais.."

L'autre richesse, des Scorta, c'est leur sens profond de la famille: sa fierté, ses secrets, sa rage de vivre, et parfois sa démence, sa démesure.
"Tu n'es rien, Elia. Ni moi non plus. C'est la famille qui compte."

Et l'histoire de ces personnes simples, humbles, nous envoute.
"Et ceux qui nous traitent de culs-terreux n'ont qu'à regarder le sang qui coule en nous. Il est doux et généreux. Parce que c'est ce que nous sommes : des culs-terreux au sang pur. De pauvres bougres à la face ravinée par le soleil, aux mains calleuses, mais au regard droit."

Prix Goncourt 2004.
Assurément un Grand livre. Magnifique.

lundi 20 décembre 2010

50-ième !!! "La Vallée des Rubis", de Joseph Kessel

Genre : aventure humaine L'histoire Le narrateur, un romancier (Joseph Kessel ?), part en voyage avec son ami Jean, un expert en vente de pierres précieuses, renommé sur la place de Paris. Leur destination se nomme Mogok, une cité isolée dans la jungle birmane, une vallée réputée pour ses gisements en rubis. Là-bas, Julius un collaborateur de Jean les accueille et leur ouvre les portes des habitants de cette contrée. Mes impressions Pas d’épisodes épiques, pas d’aventures rocambolesques, pas de suspens vertigineux. C’est un ouvrage à la lisière du roman et du documentaire – récit de voyage journalistique. A l’image de cet auteur atypique, aventurier, journaliste, romancier, juif russe naturalisé français qui est entré à l’Académie française en 1962. Documentaire fouillé sur les peuples de cette région, sur le commerce des rubis, des saphirs. Le lecteur découvre sous la plume enchanteresse de Kessel le long chemin de ces pierres précieuses. Depuis leur extraction dans les entrailles du sol riche en bayon, le terreau matrice de ces minéraux précieux, au négoce par les courtiers –comme Julius- en passant par la découpe et la taille des morceaux bruts. C’est aussi une œuvre romanesque, pas tant liée au voyage-même de ces 2 Français, mais plutôt à travers les histoires personnelles des nombreux personnages pittoresques et attachants rencontrés. Ces récits nous transportent dans le temps et l’histoire (l’époque coloniale anglaise, la guerre contre les Japonais…) et à travers les continents. Et puis l'écriture de Joseph Kessel nous immerge dans ces paysages asiatiques, dans la jungle, dans ces villages de maisons en teck, nous plonge dans les odeurs et les couleurs des marchés birmans et des mines détrempées. Un séjour de rencontres humaines profondes, de découverte du petit peuple enfermé dans sa vallée close. […] sa douceur, son rire léger, son aimable sagesse. Peut-être pas le meilleur roman de ce grand écrivain, mais incontestablement une merveilleuse invitation au voyage. La rencontre de l’autre, avec respect. Un roman que j’ai trouvé à la fois dépaysant et reposant .

jeudi 9 décembre 2010

49-ième: "Le Royaume de Kensuké" de Morpugo

Genre : récit d'amitié et d'aventure ilien L'histoire Des parents anglais (poussés par les événements) concrétisent un rêve fou: embarquer avec leur fils Michael (pas Connelly celui-ci) et leur chienne Stella à bord d'un voilier pour faire le tour du Monde. Au cours d'une tempête, Michael et Stella sont perdus en mer. Ils se retrouvent échoués sur une île déserte. L'île ne se révèle finalement pas autant déserte qu'à première vue... Mes impressions C'est magnifique. L'objet lui-même (aux éditions Gallimard Jeunesse). Le papier est agréable au toucher, les aquarelles qui illustrent les chapitres sont superbes. (Décidément les e-Books ne seront pas pour moi, vive le papier !!!) Au récit de voyages et d'aventures se greffe une extraordinaire histoire d'amitié et de partage entre 2 êtres que séparent le langue, l'âge, l'histoire et la culture. C'est touchant et jamais mièvre, riche en thèmes abordés, comme la guerre, la famille... Destiné au 12-15 ans, ce roman est un régal à recommander à tous.

48ième: "Le Poète" de Michael Connelly

Genre : serial-killer à double détente


L'histoire
Sean Mac Evoy, de la police Criminelle de Denver, est retrouvé au volant de sa voiture mort d'une balle dans la bouche.
L'enquête conclut très vite sur un suicide, Sean n'ayant pas supporté son échec dans une enquête du meurtre sadique d'une jeune étudiante retrouvée en 2 morceaux.
Jack, le frère de Sean, est journaliste spécialisé dans les chroniques judiciaires. Il ne croit pas au suicide, intrigué en particulier par une phrase écrite sur le pare-brise de la voiture, une citation d'Edgar Poe.

Un "Poète" meurtrier ?
Les enquêtes commencent alors, celle du journaliste en parallèle ou croisée avec celle du FBI...

Mes impressions
L'auteur sait donner de la chair et de la profondeur à ses personnages, en particulier Sean, constamment toujours déchiré par des envies antagonistes, la tranquillité de sa famille et sa reconnaissance médiatique, ses sentiments amoureux et sa méfiance vis à vis de Rachel...
L'intrigue est habilement ficelée, intelligemment alambiquée, avec des rebondissements bien huilés mais pas télescopés, des pistes finement amenées souvent vers ... des impasses, et le lecteur est perdu.
C'est captivant, bien construit et parfois angoissant, le lecteur est tenu en haleine, et en ... bateau. Qui a découvert dès le début du roman le ou les coupables ?

Un auteur de thriller recommandé par Laurent: merci pour cette recommandation !

Beaucoup d'autres lecteurs ont apprécié ce thriller, de nombreux blogueurs disant qu'il s'agit du meilleur roman de Michael Connelly. D'autres prétendent que la quintessence de l'auteur réside dans la série des Harry Bosch. Ce sera pour une prochaine lecture.

dimanche 28 novembre 2010

47ième : "Dernière Adresse" d'Hélène Le Chatelier

Genre : nursing home story

Dernière adresse mais premier roman de l'auteure, et aussi premier roman du concours InterCE Alice cru 2010...

L'histoire
Une vieille dame revisite sa vie depuis son départ de sa terre natale d'Irlande jusqu'à la "nursing home", où elle doit finir ses jours.

Mes impressions
A l'image de ce roman très court (89 pages), la narration de cette femme âgée séduit par ses descriptions sobres et percutantes, sa lucidité devant l'inéluctable décadence de son corps, devant la solitude et l'ennui qui constituent son quotidien dans cette dernière adresse.
La narratrice se concentre sur l'essentiel, et en dépit des douleurs secrètes, de la solitude et de la déliquescence du corps vieilli, nous transmet un message d'amour pour la vie.
Très surprenant pour une écrivaine de 34 ans. Bel ouvrage.

Un appel à aller maquiller et caresser nos aïeuls lorsqu'à reculons nous allons les visiter dans leur "nursing home"...

samedi 27 novembre 2010

46ième: "Saga" de Tonino Benacquista

Genre : C'est en écrivant n'importe quoi qu'on devient un scénariste connu...


La storia
4 scénaristes sont convoqués par un producteur de télévision. Louis, le doyen, une ex-plume du cinecittà, Jérôme qui rêve d'Hollywood mais s'est fait voler son scénario par un concurrent requin, Mathilde uns écrivaine de romances sentimentales virée par son éditeur, et Marco, le narrateur, débutant et à la recherche d'une reconnaissance.

Point commun entre ces 4 scénaristes: ils ont besoin de travail, même pour un salaire misérable.
Mission: écrire 80 épisodes d'un feuilleton français.
Contraintes: le moins cher possible et donc un nombre de décors et acteurs réduits, pas d'effets spéciaux, tout tourné en studios...
Faites-nous n’importe quoi, absolument n’importe quoi, pourvu que ce soit le moins cher possible.

Objectif du feuilleton: respecter les quotas de diffusion en langue française.
Le thème du feuilleton: N'importe quoi !!. Le producteur s'en fiche, ce feuilleton est destiné à être diffusé en pleine nuit...


Allora ?
Excellent. Captivant. Drôle.

Tonino nous invente les coulisses des soap-operas, à travers ces 4 scénaristes bouillonnant d'idées, chacun dans son créneau personnel. Le cocktail est explosif, comme le roman.

Cloîtrés dans un petit bureau, avachis sur le canapé en mangeant des pizzas, ces "malfaiteurs" scénaristes se lâchent, concoctent des scènes abracadabrantes aux rebondissements déjantés, glissent en subliminal des références cinématographiques ou à leur vie personnelle.
Les médias, le milieu du cinéma sont écorchés.
Les personnages sont attachants, souvent émouvants par leurs faiblesses, leur sensibilité, leur vérité…

Petit bémol: la fin science-fiction qui dénote avec le reste du roman car trop tirée par les cheveux.

dimanche 21 novembre 2010

45ième: "Ni d'Eve ni d'Adam" d'Amélie Nothomb

Genre : carte du tendre au japon


L'histoire
Coulisses sentimentales de « Stupeur et Tremblements ». Amélie Nothomb n’a pas connu comme unique expérience la déchéance de roulades nocturnes dans les poubelles du boulot ou la descente sociale jusqu’au rang de madame Pipi. Elle a connu l’amour, ou en tout cas, un amoureux nippon
« Je l’aimais beaucoup. On ne peut pas dire cela à son amoureux. Dommage. […] J’avais pour lui de l’amitié, de la tendresse. Quand il n’était pas là, il ne me manquait pas »
Son Apollon, Rinri, quitte très vite son unique statut d’élève de Français du professeur Amélie pour prendre celui de fiancée d’Amélie.


Et alors ?
Cette histoire somme toute assez banale sur le plan des sentiments est pimentée par la découverte des coutumes japonaises souvent surprenantes et par l’humour décapant de l’écrivain.
Le couple mange et boit. La nourriture est un sujet omniprésent, des glaces pilées « kori », aux crêpes farcies « okonomiyaki », à la … fondue suisse insipide customisée ‘Japon’, qu’Amélie relève avec du tabasco en prétextant que c’est une coutume belge !
Le couple voyage : il se ballade dans la Mercedes de Rinri, se promène dans les parcs des amoureux, fait l’ascension rituelle du Mont Fuji.
Le couple échange sur de nombreux sujets, avec une forte connivence entre ces 2 personnages atypiques (Rinri est attiré par la culture occidentale, Améli Nothomb aime le Japon).

Un roman sobre et agréable à lire (le 16ième de Nothomb), souvent drôle. Autobiographique, assez narcissique, pas inoubliable, mais l’occasion d’un plaisant moment de lecture. C’est efficace et rapide, comme la capacité d’écrire de l’auteure. Un bon cru.

vendredi 12 novembre 2010

44ième: "Les Invités" de Pierre Assouline

Genre : comédie de mœurs de la mondanité parisienne L'histoire Sophie du Vivier et son mari reçoivent dans leur appartement parisien du 7ième arrondissement: hommes d'affaires, avocat, écrivain, diplomate. Le théâtre des mondanités est mis en scène avec précision par la maîtresse de maison assistée du cuisinier et de la bonne, Sonia. L'enjeu du dîner: emporter un contrat avec George ("Djorge") Banon, un industriel canadien. Un grain de sable vient gripper l'horlogerie bourgeoise: la bonne prend place parmi les invités pour éviter d'être 13 à table... Et comme le voile se lève sur la bonne (Sonia, de son vrai prénom Oumelkheir Ben Saïd, achève une thèse en histoire de l'art), les débats s'animent, les masques des différents convives de cette comédie s'estompent, mais tout en restant mesuré, modération et bonne éducation de la bourgeoisie obligent. Et alors ? L'écriture est fluide, ce roman se lit avec plaisir. Cette comédie présente des passages savoureux, les portraits sont aiguisés, certaines réparties surprennent, mais l'ensemble manque de profondeur. En parallèle de cette peinture de la bourgeoisie parisienne qui conversent de sujets légers, s'ajoute le thème plus "touchy" de l'immigration et de l'intégration ou non de ces "invités". Catalysé par la présence de Sonia, le racisme, la notion de nationalité française et sa relation avec la chrétienté, ces sujets moins consensuels s'invitent à table. Ressort une image moins flatteuse de ces Français "bien nés", imbus de leurs personnes, racistes, élitistes. Dénoncer la petitesse de la haute société française, était-ce là le thème développé par Pierre Assouline ? Ou une comédie légère des moeurs de la haute bourgeoisie parisienne ? Les deux ? Je suis perplexe, et à lire les avis sur le Net, les impressions sont très partagées. Mon avis sur ce roman aussi.

dimanche 7 novembre 2010

43ième: "La Chambre des Morts" de Franck Thilliez

Genre : thriller taxidermiste dans le Ch'Nord

L'histoire
Deux informaticiens au chômage, un magot découvert près d'un homme renversé par leur voiture, une fillette morte découverte dans un hangar, une autre enlevée, diabétique et qui donc mourra sans ses doses d'insuline... Commence le compte à rebours pour la police à la recherche de la diabétique. Mais une course poursuite peut en cacher une autre...

Et alors ?

Polar macabre, où la noirceur sévit à la fois chez les bourreaux et les défenseurs du bien. Un bon rythme où s'installe très vite le suspens, où s'alternent les pensées intimes de la Bête et de Lucie, brigadier. Mais le Mal rode et pourrait y faire basculer tous les acteurs du roman. Anatomiste, écorchés de Fragonard, poils de loup. Un peu étouffé par l'ambiance mortifère du début, saturée d'odeurs de cuir et de pin, hantée d'êtres vivants naturalisés. Les scènes décrivant l'équipe policière en action donnent un peu d'air à l'atmosphère viciée. Adapté au cinéma (Film sorti en novembre 2007)

Thriller morbide, qui peut déranger certains lecteurs sensibles même si l'horreur y est suggérée (le Silence des Agneaux résonne...). Un ancrage fort dans le paysage du Nord, peint pour certains passages avec poésie. Plus que l'intrigue policière, c'est la peinture du Nord et des relations entre personnages que j'ai appréciées.

jeudi 28 octobre 2010

41 & 42ièmes kroniks "miroir": "L'apparition" de Didier Van Cauwelaert / "La disparition" de Georges Perec

Genre du "Ap" : modernité rationnelle face à l'inexplicable

Propos du "Dis" : Imbroglio d'actions dignes d'Ubu, tout ça pour voir Anton Voyl qui a - dit-on ? - disparu





L'histoire de l'Apparition
Le scénario est ficelé autour du miracle de la Vierge de Guadalupe, un fait réel. En 1531, la Vierge est apparue à Juan Diego, un indien des faubourgs de Mexico: elle lui a donné des instructions pour que l’évêque fasse construire une église sur le lieu de son APPARITION et a laissé une image d’elle même imprimée miraculeusement sur la "tilma", une tunique aztèque en fibres d'agave. La canonisation de Juan est envisagée par le Vatican.
Nathalie Krentz, une ophtalmologiste française renommée, est sollicitée par le Vatican pour expertiser sur place les yeux de l'image sacrée.




Synopsis du roman Disparition

Un roman confus, où vont ci ou là cinq à six individus discourant, communiquant, affrontant situations sans significations de facto. La (soi-disant) motivation: Anton Voyl a disparu. La justification "profundis" : la disparition d'un inconnu, rond, "portant au mitan un trait droit, soit, si l'on voulait, d'un signal assimilant à l'indication formulant la prohibition d'un parcours."

Où part son latin ? Disparu itou pour sûr, à parcourir illico presto locutions, discours non sans brio, citations ou inventions, tout sans ajout du signal disparu...

"nous aurons compris la loi qui guida la composition du discours, nous irons admirant qu'usant d'un corpus amoindri, d'un vocabulariat aussi soumis à la scission, à l'omission, à l'imparfait, la scription ait pu s'accomplir jusqu'au bout."

Pour illustrations:
"Chacun ... se mit sur son vingt huit plus trois."
"Vision ... qui nous poula la chair."
"Douglas s'aussitôt livra tout d'un bloc à la passion du chant."
"Tout allait à vau l'iau".




Et alors pour l'"Apparition" ?
Ce bout de tissu recèle un trésor d'énigmes toutes plus étonnantes les unes que les autres. Comme le Linceul de Turin, l'image de Guadalupe a été soumise à une rigoureuse enquête scientifique, et les résultats sont étonnants (Auscultez par exemple ce site).



Bien sûr, pour Nathalie, l'objet de son étude réside dans ces personnages imprimés dans les pupilles de la Vierge, un personnage moustachu, les mains jointes comme en prière dans l'oeil gauche, et dans l'oeil droit un homme barbu, Juan Diego, reconnaissable à son chapeau pointu...




Intrigues vaticanes, corruption et piété mexicaine, énigme mystérieuse, échanges paranormaux entre Nathalie et l'âme errante de Juan, voilà une histoire bien déconcertante, qui ouvrira les yeux à notre ophtalmologiste sur sa propre personne...


Quid nunc du "Disparition" ?
Perdant par son intrigant propos, mais attachant, subtil, "ludicatif", un roman à part, hors normalisation.
A parcourir.



Deux titres choisis en écho lexical, mais sans réelle relation littéraire.

Un roman fiction brodé autour d'une énigme religieuse et scientifique, prétexte à la narration d'une remise en cause personnelle dans ce monde actuel du 20ième siècle.
Une lecture facile et fluide.

De l'autre, un exercice de style époustouflant (un lipogramme pour briller en société...), à l'image de la production de ce groupe littéraire "L'Oulipo", OUvroir de LIttérature POtentielle. Ce mouvement réunit depuis 1960 des écrivains comme Perec, Raymond Queneau,Italo Calvino et des mathématiciens comme Jacques Roubaud.
Une lecture alambiquée exigeante, voire fatigante, mais subtile, brillante.

Et en définitive, pour cette fois, un exercice de lectures croisées complètement hasardeux...
Mais que c'est difficile d'écrire une chronique sans "e"...
Mais tant ardu un opus avec omission, disparition du ...

dimanche 10 octobre 2010

40ième: "L'Homme Squelette" de Tony Hillerman

Genre : Chasse aux diamants et à ... un bras d’une victime d’un crash aérien dans le Grand Canyon.


Avant-dernier roman de Tony Hillerman en pays navajo avant son décès en 2008 à l’âge de 83 ans.
L'histoire
Billy Tuve, un jeune Hopi un peu attardé, a voulu placer en gage, contre 20 dollars, un diamant qui en vaut au moins 20 000. Il est aussitôt soupçonné de complicité dans le braquage récent d’une bijouterie. Cependant Tuve prétend que ce diamant lui a été donné en échange d’une pelle( !) par un vieux Shaman vivant au fond du Grand Canyon.
La police tribale enquête sous l’impulsion de Cow-Boy Dashee convaincu de l’innocence de Tuve, son cousin. Mais cette chasse au « distributeur » de diamants n’intéresse pas seulement les navajos, ces pierres précieuses pouvant provenir des restes d’une catastrophe aérienne survenue une cinquantaine d’années auparavant.
(En 1956 une collision entre 2 avions au-dessus du Grand Canyon a fait 70 victimes)

Et alors ?
Comme l’auteur, le cours du temps s’est poursuivi et les personnages ont vieilli, Leaphorn étant retraité, Chee et Bernie allant se marier.
Aussi même si ce roman ne présente sans doute pas l’intrigue la plus passionnante, on retrouve avec plaisir les héros de cette saga policière navajo. Un lecteur s’est amusé à établir un tableau récapitulatif des apparitions de Joe Lephorn et de Jim Chee d’année en année de parutions des épisodes.
Lien: http://michel.balmont.free.fr/pedago/polar/hillerman.html



L’autre attrait de ce roman est de non seulement nous plonger dans le passé et les mythes indiens, mais aussi dans le Grand Canyon, sans doute le véritable héros de cet épisode.

jeudi 23 septembre 2010

39ième Kronik: « Le meilleur de nos fils », Donna Leon

Genre : polar noir


L'histoire
Le charme de Venise, la loi du silence au sein de l'académie militaire, un élève mort par pendaison, officiellement un suicide.
Le commissaire Brunetti, l’Hercule Poirot de l’auteure –une américaine qui vit à Venise-, enquête sur la mort sordide de ce fils d’ancien député, l’intègre dottor Moro, dont les enquêtes sur les abus de pouvoir et de financements illégaux n’ont assurément pas dû lui procurer que des amis...


Et alors ?
Ambiance désenchantée, contaminée par cette enquête qui évoque le malaise des jeunes, la douleur d’un père frappé par la mort de son fils, le fascisme régnant chez les militaires, le rapport des classes entre les biens nés et les autres, la corruption des milieux politiques.
En contrepoint de cette enquête, le commissaire se réfugie à la maison pour se régaler des bons petits plats de Paola, sa femme, enseignante d’Anglais, à qui il confie ses états d’âme et expose ses doutes.
C’est un polar à l’opposé d’un thriller format « Da Vinci Code ». Pas de rebondissements en chaîne, au contraire une enquête qui piétine. Un personnage principal fatigué, troublé par la mort d’un garçon qui a l’âge de son fils. Et un dénouement qui justifie le qualificatif de polar noir.

A la fois une histoire attachante et désabusée.

mardi 21 septembre 2010

Chronique 38: "Je, François Villon" de Jean Teulé

Genre : boucherie - charcuterie moyenâgeuse

L'histoire
La vie de François Villon, poète orphelin écorché au propre comme au figuré...
D'actes irrévérencieux d'étudiants potaches, il passera très vite à un quotidien de violences.

Et alors ?
C'est rare, mais je n'ai pas pu en terminer la lecture. Cette succession d'actes brutaux de plus en plus violents m'a amené jusqu'à l'écœurement. Que ces scènes gores et malsaines (Pour se faire accepter par une bande de criminels, il leur offre sa fiancée qui se fait violer) ne soient justifiées ou non par la réalité biographique m'est vite devenu indifférent. Ce crescendo dans l'horreur m'a fait craquer.

Non. Clairement un livre que je ne recommande pas. Si poésie il y a, elle est maculée de sang, entrailles, cerveau dégoulinant et autres ingrédients de films d'horreur.

mercredi 1 septembre 2010

Chronique 37: "Un objet en souffrance" de Didier Van Cauwelaert

Genre : Fable traitant de la paternité et de la destinée (petite ou grande) dans notre société du 20ième siècle


L'histoire
A nouveau une rencontre « improbable » entre 2 hommes. François, un homme d’affaires à la Tapie, riche, célibataire, impitoyable, qui manipule les entreprises, l’argent, les politiques et les femmes avec un cynisme désabusé. Simon un vendeur de jouets dans un grand magasin proche de la faillite.
Le premier ne désire pas s’encombrer quotidiennement des contraintes d’une vie familiale et en particulier d’un enfant ; il vit par procuration à travers son frère et sa famille qu’il visite comme on se rend à un musée. Mais sa vie trépidante de requin de la finance sans scrupules commence à le lasser.
Le second désire un enfant avec sa femme Adrienne mais, déclarée stérile, elle doit recourir à la procréation assistée avec un donneur anonyme. Simon est désespéré, à tendance suicidaire héritée de son père noyé dans la Blèche
Ces 2 hommes à la dérive se rencontrent et comme pour « Un aller Simple », se déroule le fil d’un renversement de situation.

Et alors ?
Fable à ranger dans les comédies dramatiques. Derrière les scènes de farce se cache le drame d’enfances bafouées, de désillusions sur son rôle dans la vie, les amitiés.
Qui est cet objet en souffrance ? A l’apparition du thème de la procréation assistée, je m’attendais à identifier cet « objet » avec Adrien, le bébé assisté. A la fin de la lecture de ce roman –dont la chute est d’ailleurs assez tirée par les cheveux- j’hésite encore entre ce fils et les 2 pères qui tous les 3 se révèlent être des handicapés sociaux … en souffrance.

Une lecture agréable mais assez déroutante, tant par la gravité des sujets évoqués que par l’invraisemblance de l’histoire.

dimanche 29 août 2010

Petite ballade à VTT depuis St-Nizier (Isère)

Pour changer des chroniquettes littéraires, un petit conseil pour les vtt-istes en famille. Une jolie ballade décrite dans le guide "52 Balades en famille à vélo autour de Grenoble", d'Eric Merlen aux éditions Didier Richard.



Parcours sur le balcon de St Nizier.

Un dénivelé raisonnable (245m), avec quelques poussées de VTT pour les moins aguerris (en fin de parcours, sur la portion de GR), mais pas de longues montées bavantes.
Des passages caillouteux tout à fait négociables sans poser pied à terre.
Des points de vue très sympas sur les 3 Pucelles et le Moucherotte, et la vallée de Grenoble (on a même vu le sommet du Mont-Blanc).
Nous avons bouclé à 3 (2 quarantenaires sur VTT préhistoriques et une jeune sportive de 12 ans sur VTT rutilant avec amortisseurs avants) ce parcours en moins des 1h30 annoncés, et sans forcer.

A vos pédales en famille !

lundi 23 août 2010

Chronique(tte) 36: "Mariages" de Jacques A. Bertrand

Genre : 17 récits-nouvelles autour du mariage

Un fil conducteur clairement énoncé permet à l'auteur de peindre le mariage sous diverses formes et à de multiples couples latitude-longitude.
C'est parfois drôle et léger, d'autres fois plus sérieux et profond, souvent sensuel et toujours agréable et fluide à lire.

L'exercice de style de cette succession de courtes chroniques est assez réussi.
Cela reste un livre vite lu qui ne m'a pas laissé des anecdotes ou passages marquants en souvenir.

Chronique 35: "Le Vieux qui lisait des romans d'amour" de Luis Sepulveda

Genre : chronique d'une chasse en forêt amazonienne sur fond d'hymne à lecture (de romans d'amour et autres)


Pas d'histoire d'amour romantique dans ce livre.
Mais un savoureux roman de de Luis Sepulveda, relativement court et efficace.

L'histoire

Le décor : un village paumé et misérable de l’Equateur au bord du fleuve Amazone.
Les personnages : à nouveau ces êtres pittoresques que Luis Sepulveda excelle à dépeindre. Comme Antonio, initié aux secrets de la jungle par la tribu Shuar qui l’a recueilli pendant de nombreuses années. Ou ce maire dégoulinant de sueur... Mais je vous en laisse la fraîcheur.
Le fil rouge: un chercheur d'or tué par un bête sauvage que (la bête sauvage) les habitants vont chercher sous la conduite d'Antonio, qui (Antonio) veut ainsi disculper ses amis indigènes accusés à tort.
Le climat: humide, gadouilleux, pluvieux, marécageux (c'est un qualificatif assez innovant pour le climat), à vos bottes !

Et alors ?
A nouveau le charme agit. Derrière cette histoire simple aux personnages truculents, se cachent les thèmes chers à Luis Sepulveda: la défense et le respect de la forêt et de ses habitants (à poils ou non), la bêtise de certains dirigeants, la cupidité des hommes mais aussi pour d'autres des valeurs profondes d'amitié et de respect...
Et puis bien sûr, titre oblige, la lecture et son pouvoir d'évasion.

Un livre plein d'humanisme et d'humanités. Yes.
En vous souhaitant ne pas vous faire soigner par le dentiste d'Antonio...

mardi 17 août 2010

Chronique 34: « Serial eater » de Tobie Nathan

Genre : Thriller ethnopsychiatrique ?...


Edité par « rivages Thriller », la même maison que celle de Tony Hillerman.
L'auteur est professeur de psychologie, diplomate et écrivain. Il est l'un des principaux représentant de l'ethnopsychiatrie en France... Ethnopsychiatrie ? Il s'agit de l'étude et du traitement des maladies mentales prenant en considération les groupes ethniques et culturels des patients. Voilà qui change des rites navajos et qui éclaire bien des facettes de ce roman...

L'histoire

Un thriller assez classique au niveau du scénario, rythmé par la succession de découvertes de pièces détachées cadavériques, de préférence dans des lieux de culte, et toujours issues de corps de femmes...

Le 11 septembre un psychiatre reçoit un patient particulièrement nerveux et plutôt déjanté, voire inquiétant dans ses réponses.
« Vous avez un goût amer au fond de la gorge ? lui demande Padoue.
- Oui, Comme un goût de métal… ou bien de sang… »

3 jours plus tard, une main est découverte sur l’autel de l’église Ste Rita à Paris.
La belle juge d’instruction Darmentières chargée de l’affaire se fait assister par un « profileur », Soli, un étrange personnage très érudit d’histoire et de religion.
Cette enquête va lui faire vivre une passion double, à la fois pour cette affaire de meurtres en série brouillée de messages kabbalistiques et pour cet étonnant et envoutant Soli. Brrr....

Mes impressions

Tous les ingrédients des thrillers à la mode sont réunis :
- Une passion amoureuse avec une belle femme moderne empêtrée dans ses contradictions de femme moderne (Biba, Elle...),
- Une intrigue mêlant secte initiatique, avec fond de Templiers (Da Vinci Code....), et références très pointues des textes bibliques et de l'histoire (surtout des religions, et juives en particulier), avec tout son lot d'interprétations parallèles des écrits religieux, de la notion du diable et autres rites mystérieux...
- Du suspens atteignant son paroxysme au dénouement (d’ailleurs peu crédible),
- Un peu de sang, mais sans détails gores,
- Et du sexe, parfois torride, surtout vécu par la juge, Béatrice-Belle, un prénom prédestiné...

Au final, après un petit de difficulté à entrer dans le livre au début, une fois les personnages principaux bien ancrés, la mayonnaise prend et il devient difficile de le quitter (le livre, pas la mayonnaise).
Bonne lecture, ou plutôt bon appétit !!

Chronique 33: « La guerre des jours lointains » de Akira Yoshimura

Genre : fuite pour survivre à l'absurdité de la guerre


D’un auteur japonais né en 1927 à Tokyo qui a reçu des prix littéraires prestigieux.
Quatrième livre traduit en Français, aux éditions Actes Sud.

A nouveau le thème de la fuite.
Pas celle de la dématérialisation corps-esprit de Jean-Philippe Toussaint (cf. « Fuir »), ni celle de Bernard Giraudeau en quête du bonheur (cf. « Les Dames de Nage »).
C’est ici une fuite pour la (sur-)vie, pour échapper à une condamnation à mort très probable que prononcerait à son sujet le tribunal militaire mis en œuvre par les Américains pour juger les japonais soupçonnés de crime de guerre.
En effet, alors que les B29 déversaient leurs tapis de bombes sur les villes, semant la mort parmi des milliers de civils avant même les explosions nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, le lieutenant-colonel Takuya reçoit le feu vert pour l’exécution d’aviateurs américains retenus prisonniers. Il décapitera lui-même ce jeune aviateur qui « avait répondu qu’il écoutait du jazz à la radio à l’intérieur du B29 en rentrant de mission » de largage de ces bombes de destruction et dévastation sur les villes, n’épargnant ni femmes ni enfants.

Commence alors une errance en quête d’un lieu où se cacher jusqu’à ce refuge chez un fabricant de boîtes d’allumettes qui a besoin de bras pour reconstruire son entreprise.
Sous une fausse identité et « déguisé » il se fait tout petit pour satisfaire son employeur, un homme intègre qui se montrera très juste et reconnaissant.

Ce portrait profond du fugitif Takuya dépeint sa lente métamorphose tant
- corporelle :
D’homme lettré et instruit, il devient simple manutentionnaire, éprouvé physiquement, au regard fuyant dissimulé sous de grosses lunettes de myope
- que spirituelle :
Sa colère et sa révolte face à l’iniquité de jugement entre les actes des alliés et ceux de son pays se transforment en résignation et lassitude (« Il était décontenancé d’éprouvé un sentiment de lassitude »), et la peur d’être arrêté progressivement l’inonde (« « Il sentait que la colère intérieure qu’il avait éprouvée à l’égard des largages répétés de bombes incendiaires américaines s’était progressivement atténuée, tandis que la frayeur seule grandissait de jour en jour » ).

C’est un récit sans concessions, factuel, qui décrit la fin et les lendemains de la seconde guerre mondiale au Japon, périodes peu connues. A travers cette errance, sont décrits l’occupation américaine – en particulier leurs vexations, leur superbe- et le quotidien misérable des japonais, surtout la famine qui les assaille. L’auteur nous immerge dans ce drame intime certainement partagé par de nombreuses familles japonaises. L’écriture est réaliste, directe, avec des phrases courtes presque journalistiques.

Et bien sûr ce roman illustre l’absurdité de la guerre, avec ses horreurs - telles les expérimentations humaines ou les décapitations - ses dégâts « collatéraux » et surtout sa justice mouvante selon les intérêts géopolitiques. Si le Japon avait été vainqueur, Takuya aurait été célébré comme héros national…

Un roman original au personnage fugitif touchant d’humanité.

dimanche 18 juillet 2010

32ième chronique: « Fuir » de Jean-Philippe Toussaint

Genre : errance des sentiments portée par le voyage

Un étrange et captivant roman (c'est le premier de cet auteur que je lis) à l’écriture élégante et fluide, fluide même dans ses longues phases sans point qui se lisent sans accroc, sans perdre souffle.
Le narrateur voyage, bouge sans cesse, en Chine puis en Italie, guidé par les personnages rencontrés, Zhang Xiangzhi et Li Qi, ou par les événements, un enterrement, et surprend par son mutisme et sa passivité, comme étranger (… Camus) à son environnement réel, ambiance "Lost in translation"

« […] et je me laissais encore une fois porter par les événements sans rien dire. »

Il plane, se laisse balader…
« Son inintérêt, en somme, n’avait d’égal que mon indifférence. »

Plutôt que « Fuir », ce pourrait être « se mouvoir ». Mais un voyage du corps matériel, l’esprit étant absorbé ailleurs, par l’appel de Marie, par les souvenirs…
« […] je percevais le monde comme si j’étais en décalage horaire permanent, avec une légère distorsion dans l’ordre du réel […] »

Un peu comme si le narrateur était dans cet état si particulier ressenti par les voyageurs lors des trajets, ce sentiment de transition immatériel entre 2 étapes excellemment décrit par l’auteur :
« cet état de suspension qu’on éprouve pendant la durée d’un voyage, dans cet état intermédiaire où le corps en mouvement semble progresser régulièrement d’un point géographique vers un autre […] mais où l’esprit, incapable de s’aligner sur ce modèle de transition lente et régulière, est, lui, tout à la fois, encore en pensées dans le lieu qu’il vient de quitter et déjà en pensées dans le lieu vers lequel il se dirige. »

De façon anecdotique, je me personnellement retrouvé dans les descriptions de Pékin, des hutongs, de ses avenues encombrées, de ses banlieues labyrinthiques et étendues que j’avais traversés et visités en 2008.

Je suis curieux de lire d’autres ouvrages, certains blogs semblant reprocher à cet auteur de ne pas se renouveler, avec toujours un narrateur extérieur à ce qu’il vit, des phrases longues (de ce point de vue il est clair que cette écriture s'oppose à celle de Sepulveda qui me plait en particulier pour ses phrases simples, directes et concises).

En conclusion, d'abord merci à Stéphane de m'avoir fait découvrir et prêté ce livre.
Roman à découvrir donc, et pour moi, l’envie de prolonger la découverte de cet auteur à travers d'autres ouvrages.

jeudi 15 juillet 2010

31ième chronique: "Journal d'un tueur sentimental" de Luis Sepulveda

Genre : dernière mission d'un tueur à gages qui part en sucettes

Le métier de tueur à gages et les sentiments ne font pas bon ménage. J'ajouterai, tueur professionnel et réflexion ne sont pas compatibles.
Il doit exécuter un homme mais se met à cogiter, car il a une fille dans la peau et cette fille vient de lui annoncer qu'elle le quitte.
Sa cible s'échappe et commence alors un périple d'aéroport en aéroport, où plus rien ne tourne rond... Mais bientôt se profile sa retraite... (à 62 ans ?)

Eh oui ! Encore un roman de Luis, et toujours un grand moment de lecture.
C'est très court, efficace, drôle, épuré (pas de sang dégoulinant).
Plus qu'un thriller, c'est le bavardage interne du héros qui captive.
Je suis fan.

mercredi 14 juillet 2010

30ième chronique: "La nuit des calligraphes" de Yasmine Ghata

Genre : destin d'une femme calligraphe ottomane


Très belle écriture, sensuelle et douce, précise (un lexique des termes de la culture arabe et de la calligraphie clôt le roman).
Un récit en finesse, poétique et imaginatif (animé par le fantôme de Selim), de cette femme ottomane hors du commun qui aura consacré sa vie à l'art de la calligraphe, sa graine d'indépendance dans un milieu très codifié et très phallocratique.

A savourer au rythme des volutes gracieuses de l'encre posé par la pointe du calame.

29ième chronique: "Les dames de nage" de Bernard Giraudeau"

Genre : coup de coeur

Roman sans doute émaillé de nombreuses expériences autobiographiques.
Bernard Giraudeau est pour moi un grand homme, doué et généreux, un aventurier du monde, un acteur avec une présence naturelle qui perce l'écran, et incontestablement un écrivain de valeur.

Plutôt que quelques commentaires creux face à cette œuvre foisonnant d'humanité, quelques extraits.

D'abord, parce que moi-même, à vingt ans, je me suis forcé à achever la lecture d''un amour de Swann'...

"... Je lisais Proust, ou plus exactement je tentais de lire Proust. Je somnolais sur les phrases du plus grand écrivain de langue française alors que je me noyais avec délice dans Au cœur des ténèbres et Typhon de l'ami Conrad. [...] Marcel me pardonnera, j'avais vingt ans. [...] A la recherche du temps perdu, tout était dans le titre et cela devait me suffire. Je ne suis pas parvenu à aller jusqu'au bout."

Et...

"Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir"

"Les hommes s'écrivent. Ils écrivent leur histoire, certains, prolixes, jubilent devant la page blanche, mais s'essoufflent avec les siècles. D'autres, jusqu'à l'épuisement, noircissent les feuilles de haine et de rancœur avec la rage de l'impuissance. Beaucoup écrivent leur vie comme un brouillon sans se relire, jamais, alors que d'autres l'écrivent si soigneusement qu'ils oublient de la vivre."

"Il faut être comme un arbre à papillons, prêt à accueillir le bonheur, et tu verras, il viendra sur ton épaule."

lundi 5 juillet 2010

28ième chronique: "L'attrapeur de libellules" de Boris Akounine

Genre : Aventure du héros Eraste Pétrovitch Fandorine, mélange de Sherlock Holmes, James Bond et chronique des mœurs japonaises dans un cadre historique russo-japonais.

Selon la 4ième de couverture, Boris Akounine est le plus grand auteur best-seller en langue russe contemporain. J’avoue que je n’avais jamais entendu son nom avant la lecture de cet ouvrage glané à la bibliothèque du travail…
Cette lacune est désormais comblée, et j’ai butiné les 707 pages de "L’attrapeur de libellules".

2 parties :
1- « Le Haïku », Japon 1905, suivi de
2- « Entre les lignes », Japon 1878

De février 1904 à septembre 1905, s’est déroulée la Guerre russo-japonaise, choc entre 2 impérialismes. Fandorine est chargé de la protection du réseau de chemins de fers russes. Le Transsibérien, cœur névralgique du ravitaillement des troupes russes d’extrême Orient est victime d’un sabotage. Commence alors une course poursuite effrénée entre Fandorine chargé de l’enquête et un ennemi rusé et diabolique, l’ "Acrobate", aux méthodes qui rappellent l’art de la guerre des Ninjas.

Et justement, c’est là le lien avec la deuxième partie, puisque Fandorine est familier de la culture japonaise ayant occupé le poste de vice-consul de Russie en 1878 à Yokahoma. Là encore Fandorine s’acharnera à démêler les fils d’un complot où le premier ministre japonais a été assassiné par des fanatiques. Cette enquête l’amènera en particulier à découvrir la science de l’amour, le joujutsu, tout un programme similaire à la carte du tendre….

Un extrait choisi où devisent Fandorine et un japonais:

« Toutes les conquêtes européennes en Afrique et en Asie seront de courte durée. Dans cinquante ans, cent au maximum, il ne restera plus de colonies. [...]
... quand ils commenceront à se sentir à l'étroit, les Chinois montreront au monde ce qu'est une vraie conquête. [...] Et, progressivement, tout le monde deviendra chinois, dût cela prendre plusieurs générations.
[...]
Un jour il y a aura les Etats-Unis du Monde [...]
- J'en doute. [...] ils manquent de patience. »



Espionnage politico-financier, histoire d’amour raffinée, fresque historique, enquête à la Sherlock Holmes, aventure voyageuse au rythme endiablé, voilà bien de nombreux ingrédients qui donnent de la matière à ce roman.
Lecture plaisante mais moins prenante qu’un Millenium ou un Hillerman.

lundi 7 juin 2010

27ième chronique: "Le monde du bout du monde", de Luis Sepulveda

Genre : fable initiatique et enquête fabuleuse sur fond d'écologie et auto-bibliographie

D’abord une première partie, réelle ou rêvée ? Un jeune chilien de 16 ans –l’auteur adolescent- voyage seul jusqu’à l’extrême sud du continent américain en quête des chasseurs de baleine. Sur les pistes de « Moby Dick », son périple l’entraîne de bateau en bateau jusqu’à assister à la capture et au dépeçage d’une baleine par « Le Basque » et ses coéquipiers. Grand moment de désillusion face au massacre de ce géant…
La seconde partie du roman, la plus importante, nous ramène vers ces contrées extrêmes de Patagonie mais cette fois-ci pour enquêter sur l’énigmatique naufrage d’un baleinier japonais, et cette fois-ci en compagnie de l’auteur devenu journaliste d’une revue écologiste proche de Greenpeace. C’est alors un défenseur mystérieux des baleines, le capitaine Nielssen, que rejoindra l’auteur, pour une navigation à travers les eaux du Cap Horn et les légendes de pirates et d’indiens. Au bout du voyage, un dénouement en forme de fable…

Un roman perdu au bout du monde, entre manifeste militant qui dénonce le pillage du monde animal et végétal (le déboisement des forêts est également évoqué) et une description poétique de ces contrées arctiques légendaires (‘Terre de Feu’, ‘Cap Horn’, ...) aux personnages rudes et mythiques.
Deuxième roman de cet auteur dont j’apprécie à nouveau la plume et la richesse des histoires liées au riche parcours de Luis Sepúlveda. Exilé du Chili en Équateur, au Pérou ou en Colombie et désormais habitant de Hambourg, il exerce à la fois la profession de journalisme et d’écrivain.
Un roman épique qui vous insuffle l’envie de voyager, l’envie de participer à la protection de notre patrimoine naturelle, et aussi plus prosaïquement... l'envie d’aller à la bibliothèque du bout du monde emprunter un autre ouvrage de Luis Sepulveda…

mardi 11 mai 2010

26ième chronique: "Avec tes mains", de Ahmed Kalouaz

Genre: dialogue posthume à son père

Dernier roman du concours interCE Alice.
L'auteur tente de reconstituer la vie de son père par chapitre de 10 ans étalés entre 1932 et 2002, et décrit avec sobriété le destin d'un de ces nombreux algériens de la première vague d'immigration qui a quitté son douar pour tenter de gagner sa vie en France avec la force de son corps et de ses mains.

Sans complaisance, il explique la rudesse, le peu d'affectif et l'incapacité de communiquer de son père par son passé rude.
Sans complaisance, il peint la désillusion de cette génération courageuse et honnête victime du mépris et du racisme, "trabajo mauro", "travail d'arabe".
Sans complaisance il évoque la montée en puissance du fanatisme religieux et la violence des banlieues des jeunes de 3ième génération et cette incompréhension entre générations. "Votre génération et la nôtre ne se croisent jamais sur ces sentiers, nous vous laissons aller au bout de votre voyage sans vous inviter à alléger vos souvenirs."

Un livre sensible, triste et assez douloureux. C'est très personnel mais à la différence de "La Mort de ma mère", l'auteur ajoute à cet hommage posthume une fresque historique de la période coloniale et postcoloniale de l’Algérie et de ses hommes déracinés.
Une vidéo avec l'auteur sur son roman: Prix Littéraire des Lycéens 2010

25ième chronique: "Le libraire" de Régis de Sa Moreira

Genre: libraire givré comme un iceberg

Une succession de saynètes, avec pour unité de lieu les 2 étages de la librairie, entrecoupées du poudoupoudoupoudou de la porte lors de l'entrée et sortie des clients, et où peu à peu le lecteur découvre un personnage atypique.
Un libraire insolite, esseulé, ayant perdu ses amis et les 3 femmes de sa vie, harcelé de phobies (la troisième heure de l'après-midi, les couples, ...) mais avant tout éperdument amoureux des livres: "Il commença à lire, commença à sourire, et les trois livres, telles trois ombres dans l'esprit du libraire, disparurent."

C'est drôle : le sketch des visites récurrentes des témoins de Jéhovah, les phrases extraites de méthodes de langues étrangères utilisées en armes pour éloigner les clients importuns...
A l'écriture enlevé.
Et émaillé de visites improbables empreintes de poésie : un dalaï-lama, une femme noire à la faux...
Cela tend parfois vers le théâtre de l'absurde, un peu à la Godot.

Petit bémol de poudoupoudoupoudou: je n'ai saisi ni le sens de prologue, ni celui de l'épilogue mais surement "Il y a beaucoup de choses à apprendre des icebergs..."

Préféré à "Mari et Femme".
Coup de cœur. A mettre en toutes les mains et à savourer en sirotant une tisane avec un libraire.

samedi 8 mai 2010

Il n'y a pas de quoi fouetter un chat, et c'est tant mieux.


Pourquoi le pelage des chats est-il si doux ? Et justement là, sous le cou ou sur le sommet du crâne, là où le plaisir des chats déclenche la machine à ronronner ?
Indifférente à ces interrogations futiles, tu te prélasses sur le canapé, ronfles parfois, somnoles nonchalamment, bailles sans complexe. Très loin de toi le stress inconsistant des hommes, leurs soucis terrestres. Tu t’étires sur le dos avant de te rouler en pelote tel un hérisson. Quelle frénésie !

L’expression ‘jouer à chat’ m’intrigue aussi. A part quelques moments d’égarement où tu t’agites derrière une ficelle ou poursuis une balle en mouvement, tu cours, poursuis avec parcimonie. Tu t’économises avec ces périodes de siestes que j'envie parfois. C’est l’âge, pourrait-on dire. En effet l’application d’un facteur multiplicateur arbitraire (7 ? 8 ?...) à tes années (hypothétiques…) force le respect. Mais il me semble que vous les chats quittez vite l’enfance joueuse et chahuteuse des chatons.
Autre énigme. Pourquoi toujours cette recherche d’un tissu, d’une étoffe, d’une couverture la plus soyeuse, la plus douce, pour entreprendre la sieste ? Le contact n’est-il pas faussé par votre pelage ?

Allez, trop d’interrogations. J'ai d'autres chats à fouetter, je leur donne ma langue.

24ième chronique: "Les Diamants de la guillotine" de Pierre Combescot

Genre: fresque historique.

L'histoire
Ce roman relate l'Histoire avec un grand H, les dernières années de l'Ancien Régime avant d'être renversé par la Révolution. Ce sont aussi les histoires avec des petits "h" qui ont toutes un rapport avec l'affaire du collier de la reine Marie-Antoinette. Cette arnaque impliqua en premier chef la Reine à qui les joailliers demandèrent à tort leur dû, et la principale victime de la "farce", le prince Louis de Rohan (ambassadeur avant de devenir cardinal puis Grand Aumônier de France). Autour gravite tout un essaim d'escrocs, d'espions, de femmes de petite vertu, de philosophes, d'aventuriers, d'abbés...
L'escroquerie est dirigée par la comtesse Jeanne de La Motte Valois, une aventurière prête à tout pour retrouver la position sociale à laquelle pourrait prétendre une descendante des Valois. La ficelle de l'arnaque est tellement grosse qu'elle semble tirée d'une comédie de Molière, et pourtant l'auteur montre avec élégance et brio l'aveuglement du prince de Rohan par son amour secret pour la souveraine.
De là à soutenir que cet événement précipita la chute de la noblesse, il n'y a qu'un pas que L'auteur semble franchir. Romance ou histoire, je laisse aux historiens le soin de débattre.
J'ai trouvé sur le net un interview très instructif de Pierre Combescot sur ce roman: lien vers INA

Mon avis
Certaines scènes sont drôles, le rythme est enlevé, le détail des scènes fait preuve d'une érudition remarquable. L'auteur décrit la cour et ses arrière-cours avec de tels précisions qu'il donne l'impression d'y avoir vécu.
En comparaison avec le roman de Jean Teulé, La Montespan, le langage est soutenu, les mœurs légères de l'époque sont décrits sans insistance (même si par exemple est raconté le peu d'intérêt du roi pour l'acte -il préfère la chasse, la gastronomie et la serrurerie- et la nécessité de lui expliquer la méthode...).

J'ai cependant dû m'accrocher à 2 ou 3 reprises pour poursuivre la lecture de ce roman.
Sans doute d'abord parce que le roman regorge de mots dont je connais pas le sens, pour beaucoup relatifs à des objets, vêtements, fonctions de cette époque. Au bout des 4 premières pages je dénombrais déjà 10 mots inconnus (cela s'est ensuite calmé)...
Ensuite, je pense que c'est surtout le foisonnement de personnages et de détails, comme en particulier les liens de noblesse qui les unissent, qui m'a un peu rebuté. Incontestablement, je ne suis pas un aficionado des arbres généalogiques des rois de France et d'Europe. (un arbre généalogique est inséré en fin d'ouvrage).

Au final un sentiment mitigé. Les critiques -souvent très élogieuses- trouvées sur le net font souvent référence à "Marie-Antoinette" de Stefan Zweig. Je vais m'empresser de le lire.

23ième chronique: "La mort de ma mère", de Xavier Houssin

Genre: chagrin nécrologique.


L'histoire
Œuvre biographique, Xavier Houssin raconte la fin de la vie de sa mère qui s’achève dans une chambre d’hôpital où son fils unique veillera à son chevet jusqu'au dernier souffle. Au récit du présent relativement prosaïque et banal –Samu, hôpital, funérailles…- s’insère la réminiscence des événements passés. Des souvenirs qui peignent un lien fusionnel entre l’auteur et sa mère à travers une histoire assez originale, où en particulier transparaît le portrait d’une femme de caractère, professeur de maths, qui s’est engagée dans l’armée et est partie pour l’Indochine où elle a rencontré un officier, François, le père de l’auteur.

Mon avis
L’écriture est juste, simple, sans lyrisme, les souvenirs de cette famille du Nord ont personnellement fait vibrer quelques fibres de mes origines, et le chagrin traduit dans cette centaine de pages a inévitablement ravivé mes propres tristesses ressenties vis-à-vis des proches disparus.
Maintenant chacun d’entre nous aurait matière à raconter sa douleur éprouvée à l’occasion de la mort d’un membre de sa famille ou d'un ami. Pour beaucoup sûrement avec une plume moins habile, mais au final, la singularité de l’écriture et du témoignage de l’auteur n’ont pas justifié à mon goût la publication publique de son message d’amour.

Avis donc partagé entre un sentiment de banalité et un témoignage émouvant.

22ième chronique: "La Danse de Rachel" de Monique Zerdoun

Genre: Chronique entre 1924 et 1960 de la communauté juive algérienne.


L'histoire
D’abord, un grand étonnement quant à l’étendue de ce que le résumé dévoile. Si c’est l’intrigue qui apporte sa valeur à ce roman, ses mailles principales sont exposées… Avec du recul, c’est donc plus la narration du quotidien, l’évolution de Rachel qui constitue la matière de ce roman.
Alors, pour ne pas trop en dire mais tout de même attiser la curiosité du lecteur. « La Danse de Rachel » dépeint la communauté juive d’une ville algérienne Aïn-el-Kelma ; petite ville du Constantinois, entre 1924 et 1960, à travers l’histoire de Rachel. Elle et son mari Ezran s’aiment d’un amour profond mais elle ne peut lui offrir de descendance. Sa stérilité va l’amener à progressivement s’assumer, à s’extirper de ceux qui pensent pour elle jusqu’à concevoir et mettre en œuvre sa solution iconoclaste qui sauvegardera son couple.

Mon avis
C’est un roman savoureux, où autour du couple gravitent la famille et le voisinage, souvent très envahissants, des personnages hauts en couleur, à l’image par exemple de l’ « enfant hirondelle » Nessim surnommé « petit-pot-en-or », Saliha, l’employée de la maison qui s’enfuira un jour avec El-Turkey, le bourrelier turque alors qu’elle était promise à un sage qui lui a dit :
« Sache que je suis scellé à cette salle d’étude. Tu vois ce nid, là, dans l’angle, les hirondelles vont et viennent chaque année, et lui, vide ou occupé il est toujours là. Comme moi. »
9ième livre du concours Alice, un de ceux qui m'ont apporté le plus de plaisir à lire.

lundi 26 avril 2010

21ième chronique: "Le Touriste" de Olen Steinhauer

Genre: Thriller touristique ;) En bref Un touriste, c'est un agent secret sans identité ni domicile fixe, souvent chargé de basses besognes en marge de la loi. Notre héros, Milo Weaver, a quitté cette vie de touriste de la CIA pour tenter d'échapper à un mal être chronique et des tendances suicidaires qui le rongent. Désormais vivant à Brook-lin avec une femme et sa fille, il travaille au siège de la CIA à New York. Mais soupçonné du meurtre d'un tueur à gages en prison, il est manipulé et chargé de démontrer la trahison d'une ancienne amie, elle aussi "touriste". Milo se retrouve contraint de repartir sur le terrain afin de prouver son innocence et de dénouer les ficelles d'un complot impliquant la CIA. L’intrigue est habilement construite, malgré ses invraisemblances, où intérêts géopolitiques mêlant le Soudan, la Chine et les États-Unis prévalent sur la loi et les hommes. Le thriller est bien rythmé, ponctué d'humour, de trahisons, de menaces, les personnages sont attachants avec une véritable épaisseur, et cette aventure d'espionnage nous transforme à notre tour en parfaits touristes voyageant à travers l’Europe et les Etats-Unis, titre du roman obligé ! Ce roman est loin des clichés de la super Amérique garante du bien, les personnages ne sont pas caricaturaux, il ne se produit pas un rebondissement à chaque fin de chapitre, et le héros est loin du super-héros sûr de lui et au contraire est suicidaire... Cependant j'ai eu un peu de difficulté à entrer dans le récit, la traduction française n'est pas excellente, et il est clair que j'ai été moins happé par le suspens que lors de la lecture de la trilogie Millenium ou de l'affaire Pelican. Peut-être est-il préférable de le lire en Anglais ? Ce sera éventuellement le cas pour la suite qui semble être programmée...

20ième chronique: "Mari et femme" de Régis de Sa Moreira

Genre: "Prends ma place"


En bref
C’est une métamorphose constatée brutalement un matin, où mari et femme se retrouvent chacun dans le corps de l’autre….
C’est alors l’urgence d’assurer le quotidien de l’autre,
... professionnel, le métier d’agent d’écrivains pour la femme, le romancier en panne et homme au foyer pour l’homme,
... familial, les visites des parents et des beaux-parents…
C’est aussi l’exploration du corps de l’autre, de sa sexualité, de ses atouts et de ses faiblesses…
Et tous ces efforts alors que ce couple était en instance de divorce.


Quelques situations cocasses, des quiproquos, mais cependant cet événement incongru n’est pas exploité en comédie hollywoodienne ou en drame kafkaïen. Le ton est donné par la narration directe par l’homme à la deuxième personne du singulier, s’exprimant à travers des phrases souvent concises, écrites dans un langage simple, et très souvent décomposées par de fréquents retours à la ligne.
« Ta femme t’a déjà fait remarquer que tu pourrais apprendre à te maquiller tout seul, (…) mais elle ne sait pas que c’est toujours elle que tu regardes, la façon qu’elle a d’embellir sans le savoir ton visage à toi. (…)
Tu te plais.
Ta femme en toi te plaît. »

« Un enfant.
Tu attends un enfant.
Tu es le premier homme sur Terre à attendre un enfant.
A ceci près que tu es une femme.
Ta femme. »


Je reconnais ne pas avoir été sensible à la poésie que certain(e)s blogueurs(ses) ont décelée dans ce roman. C’est un récit dont la lecture m'a un peu perturbé au début (il faut d’abord comprendre la situation, et l’usage de la deuxième personne brouille les pistes).
Et puis une fois le sujet et l’écriture apprivoisés, il se lit vite et facilement. L’exercice de style est réussi mais n’amène ni à la réflexion, ni au rêve, ni à l’évasion poétique.
7ième ouvrage du concours Alice InterCE. Divertissant mais pas mon favori.

jeudi 8 avril 2010

Un haut lieu de la culture... Orlando

Hucayan Harbor, des maisons à louer qui changent du Motel 6...

Outside


Inside



Un dimanche d'adaptation au jet-lag au Universal studio








Le spectacle culinaire du restaurant Kobe

dimanche 4 avril 2010

19ième chronique: « The Pelican Brief », de John Grisham

Thriller politico-écolo-financier-judiciaire.

En bref
Deux magistrats de la Cour Suprême sont assassinés. Un double crime professionnel, aucun indice, le FBI et la CIA piétinent. Mais une jeune étudiante en droit, Darby Shaw, brillante, riche et belle (de préférence, ce qui est toujours mieux que sotte, pauvre et vilaine…) fait sa propre enquête et aboutit à la rédaction d’un mémoire, «L'affaire Pélican».
Ce mémoire qui est transmis du FBI à la Maison Blanche devient un dossier explosif dans les deux sens du terme, puisque Darby échappe de peu à l’explosion de la voiture où son ami professeur de droit succombe.
Commence alors une partie de cache-cache haletante où Darby, choquée et endeuillée, poursuit son investigation, aidée de plus en plus par un journaliste du Washington Post, tandis que pèse sans relâche la menace de tueurs à l’affut.

Un thriller taillé pour le cinéma, puisque les droits du livre ont été achetés avant même sa sortie.
(Dans le film -que je n’ai pas vu- Julia Roberts joue le rôle de Darby Shaw, Denzel Washington celui du journaliste du Washington Post )


Un bon thriller qui se lit bien en anglais, dont j’ai fortement apprécié l’intrigue mêlant intérêts politiques au plus haut niveau américain, milieu des avocats, défense de l’écologie et le milieu du pétrole. C’était le premier roman de Grisham que je lisais et il est fort probable que ses autres best-sellers sont très similaires. A voir.
En plus de l’intrigue, j’ai également particulièrement apprécié la construction de la relation qui s’établit progressivement entre l’héroïne et le journaliste.
Maintenant, sachant que ce roman était destiné à une adaptation américaine, je vous laisse deviner s'il s’achève par une « happy end » ou non et comment les 2 protagonistes de l’affaire s’envolent tels des pélicans...

mardi 16 février 2010

18ième chronique: "Tête en Friche" de Marie-Sabine Roger

Un livre de leçon de vie.


Voici le 6ième ouvrage du concours Alice InterCE 2010 que je lis.

Une rencontre sur un banc de jardin public, entre Germain, 45 ans, brut de décoffrage, inculte, pas gâté par son enfance, et Margueritte, 86 ans, une vieille dame qui comme Germain compte les pigeons.
C'est Germain qui parle, avec son vocabulaire réduit et souvent grossier.

Et cette histoire simple au langage plutôt cru, dépourvu d'intrigue ou de suspense, envoute par sa sensibilité et son humour.

"Lorsque j'ai rencontré Margueritte, j'ai trouvé ça compliqué, d'apprendre le savoir. Ensuite, intéressant. Et puis flippant, parce que, se mettre à réfléchir, ça revient à donner des lunettes à un myope. Tout semblait bien sympa, tout autour: facile, c'était flou. Et tout d'un coup on voit les fissures, la rouille, les défauts,..."
"Réfléchir, ça aide à penser."
"L'affection, ça grandit sous cape, ça prend racine malgré soi et puis ça envahit pire que du chiendent. Ensuite c'est trop tard: le cœur, on ne peut pas le passer au Roundup pour lui désherber la tendresse."


En conclusion, un petit bijou littéraire (adapté au ciné avec Depardieu dans le rôle de Germain) qui se dévore trop vite.
Un hymne à la lecture et à la tolérance.

samedi 13 février 2010

17ième chronique: "Porteurs de Peau", de Tony Hillerman

1er opus des polars navajos de Tony Hillerman où Chee et Leaphorn se rencontrent. 

Beaucoup de plaisir à retrouver les 2 policiers navajos. Jim Chee diplômé récemment, qui vit dans son mobil-home isolé, et qui pratique la magie en tant que yataalii ou homme-médecine. Joe Leaphorn, l'officier mûr et reconnu pour ses qualités de fin limier. Une tentative d'assassinat de Jim Chee et trois autres personnes découvertes mortes dans la réserve navajo constituent la base de l'enquête policière. Peu d'indices et en apparence pas de lien entre ces 4 événements, si ce n'est des éléments qui se rapportent à la sorcellerie. 

Leaphorn, rationaliste, rejette ces croyances. Chee est convaincu d'un lien entre ces crimes et les porteurs de peau qui pratiquent la sorcellerie. C'est le roman de la première rencontre entre les deux policiers, et à nouveau, plus que l'intrigue, ce sont les personnalités de ce duo et le monde des indiens navajos qui envoûtent le lecteur.

Un Tony Hilerman rempli de mélancolie avec des personnages attachants, gonflés d'humanité.

C'est surement un ouvrage important puisqu'il positionne les duettistes, avec Jim qui croit à la magie en tant qu'héritage culturel incontournable de son peuple et Joe qui voit dans ces superstitions la caution du mal. Ce roman dépeint aussi nos 2 héros tourmentés sentimentalement. Jim par la fin de sa relation avec une femme blanche Mary Landon, fin qu'il ne comprendra et n'acceptera qu'à travers sa rencontre avec un chat abandonné par les Blancs, alors que Janet Pete pointe son museau d'avocate navajo séduisante. Joe angoissé par le lent déclin de son épouse Emma qui présente tous les symptômes de la maladie d'Alzheimer, et qui est angoissé par l'attente du rendez-vous médical et des diagnostics qui pourraient lui redonner ou non de l'espoir.

Suite à venir du cycle dans "Le voleur de temps" pour connaître le plaisir de voir évoluer dans le temps Joe et Chee.

dimanche 7 février 2010

16ième chronique: "Les Giètes" de Fabrice Vigne

Un livre pour se rabibocher entre générations?


Voici le 5ième ouvrage du concours Alice InterCE 2010 que je lis.

Ce roman fait partie d'une série: ''Photo Roman''.
Le principe en est qu'un(e) photographe, ici Anne Rehbinder, fournit à un romancier une série de clichés: à ce dernier de construire une histoire.

Cet exercice de style m'a semblé assez réussi par ce duo. Les photographies montrent des pièces ou des détails (lavabo par exemple) ainsi que des parties anatomiques (mains, cou...) d'une personne âgée.
Sur cette base, Fabrice Vigne invente Maximilien, veuf octogénaire en maison de retraite, "La Maison".

Maximilien raconte avec beaucoup de lucidité la vie quotidienne dans cette antichambre de la mort (d'où les Giètes), tandis que la découverte de son ancien journal intime arrêté le jour de la naissance de son fils Michel fait resurgir les souvenirs de sa vie passée. Avec souvent de l'humour et de la dérision, il se remémore son militantisme communiste, sa désillusion le jour où Georges Marchais, ex volontaire aux STO, devient secrétaire général du PCF, son activité d'élu municipal, souvenirs qu'il croise avec les événements quotidiens de la "Maison", comme la visite de Baldini un ancien adversaire politique, ou la participation de son petit-fils à des manifestations. Cette mémoire, qui parfois s'enraye quand il ne parvient pas à achever une phrase, ne lui fait pas défaut lorsqu'il cite par cœur des passages des correspondances de Flaubert, l'autre influence majeure de Maximilien après le communisme et surtout son message de paix.
Arrivent alors progressivement au fil des pages les photographies d'Anne Rehbinder, dès lors que s'installe une nouvelle voisine, Mme Ostatki, immigrée russe, orthodoxe pratiquante, que tout semblerait opposer à Maximilien. Et pourtant...

En conclusion, ce roman parle avec sensibilité et tendresse de la vieillesse et de sa solitude et de sa monotonie, des différences de générations, du droit à la différence (le racisme, les croyances, l'amour entre un jeune homme et une femme plus âgée...) de la souffrance du corps qui évolue au cours d'une existence, des luttes et des désillusions.... Un petit condensé des étapes et des couleurs de la vie.
Pour qui a déjà visité des proches en maison de retraite, on est surpris et séduit par la peinture touchante, tendre mais lucide, de cet univers d'attente isolé du monde "actif".

jeudi 21 janvier 2010

15ième chronique: "Ni fleurs ni couronnes" de Maylis de Kerangal

Un recueil composé de 2 longues nouvelles qui se répondent. Une impression mitigée.


4ième ouvrage du concours Alice InterCE 2010.

2 récits:
- "Ni fleurs ni couronnes", en Irlande au printemps 1915, un jeune homme et une femme coopèrent pour une activité bien macabre...
- « Sous la cendre » en Italie pendant l’été 2003, 2 jeunes Français et une italienne gravissent le Stromboli.

D'un côté, j'ai apprécié
- l'écriture efficace et fluide (les dialogues sont fusionnés dans le corps de la narration, sans tiret et guillemets qui découpent les paragraphes), présente des phrases ciselées, souvent elliptiques, des descriptions percutantes et poétiques
"... on dit que les corbeaux volent sur le dos pour ne pas voir la misère - ça vous plante un décor."
- Une ambiance troublante de jeu de séduction
"Parfois il dévie son regard sur la fille comme on rapine en douce..."
"... elle a une belle peau, ça se confirme, une peau de cinéma qui absorbe et réfléchit la lumière..."

De l'autre, pour rebondir sur l'adjectif 'troublant', c'est une lecture qui est tendue, inquiétante, où on attend que derrière le désir et la sexualité surgisse la mort.

En conclusion, 2 nouvelles puissantes, mystérieuses, mais dérangeantes. Ce n'est pas un roman franchement noir, genre que je n'apprécie pas personnellement, mais sa lecture n'a pas été confortable en dépit de sa très belle écriture.

dimanche 17 janvier 2010

14ième chronique: "Venise.net" de Thierry Maugenest

Un policier court et efficace (150 pages) aux éditions Liana Levi dans la collection "piccolo".


Le principal attrait de ce roman est sa construction originale, où les chapitres oscillent dans le temps et dans leur forme:
- d'un côté des échanges de mails entre un professeur d'histoire de l'art vivant à New-York et un inspecteur de police italien qui mène l'enquête sur la mort à Venise d'une jeune universitaire française.
- de l'autre côté des scènes du passé vénitien, qui pour la plupart peignent la période où Jacopo Robusti, dit "il Tintoretto", décora La Scuola Grande di San Rocco, parfois surnommée “La Sixtine du Tintoret”.

Ce policier mêle histoire de l'art et fiction autour d'une société secrète (vraiment fictive?): il assimile intelligemment à l'intrigue des épisodes historiques véritables (par exemple le récit du concours de peinture en 1564 organisé par la Confrérie de la Scuola).
(Je vous invite d'ailleurs à visiter le site suivant:
http://www.e-venise.com/scuole_venise/scuola_grande_san_rocco_venise_1.htm)


Grâce à son découpage originale, ce polar qui exploite des ficelles similaires à celles du "Da Vinci Code" en évite cette écriture formelle (et excessivement lourde à mon goût) où un rebondissement (très souvent complètement tiré par les cheveux) survient systématiquement à la chaque fin de chapitre.

En conclusion, "Venise.net" se dévore très vite avec plaisir, et pour l'amoureux inconditionnel de Venise que je suis, voilà une belle occasion de flâner à travers ses édifices et son histoire.

samedi 16 janvier 2010

13ème chronique: "Firmin" de Sam Savage

Un roman anthropomorphique qui fait hommage aux rats de librairie

Roman récemment traduit en Français chez Actes Sud (2006), iconoclaste à l’image de son auteur qui publie là à 68 ans son premier manuscrit. Si on se réfère à sa biographie, Sam Savage a exercé une liste de professions à la Prévert : professeur, mécanicien pour vélos, charpentier, pêcheur, commercial, imprimeur…

Il n’est donc pas surprenant de découvrir dans cet ouvrage l’histoire d’un rat, Firmin, qui après avoir englouti des chapitres entiers de livres pour tromper sa faim, se révèle capable de déchiffrer les pages d’écriture. Cet appétit de lecture pourra s’exercer sans peine, puisque notre héros et ses 12 frères et sœurs sont nés dans le sous-sol d’une librairie de Boston. C’est d’ailleurs parce que seules 12 mamelles étaient disponibles pour allaiter la portée que Firmin, moins vaillant que les autres, a dû se rabattre sur le papier mâché…

Firmin découvre alors le monde à travers ses lectures boulimiques, les grands auteurs bien sûr mais aussi les autres ouvrages disponibles dans les autres sections de la librairie, connaissances hétéroclites qu'il exploite jusque dans son exploration du réseau de tuyaux de l'immeuble en se référant à un manuel de plomberie. Cette activité cérébrale développe alors chez ce rat une grande mélancolie, nourrie d’un côté par son isolement intellectuel au sein de sa communauté animale et d’un autre côté par son incapacité de se faire comprendre des hommes. Son ultime tentative de communication avec les hommes en gesticulant le langage des signes auprès de 2 jeunes filles se solde par une jambe cassée sous un coup de bâton de ses poursuivants...

Ce roman anthropomorphique chante incontestablement les louanges de la lecture, présentée comme un vecteur d’évasion, d'imagination; Firmin découvre le monde, sa géographie, son actualité, son histoire. Mais aussi -et c'est là l'originalité principale de ce livre- la lecture un germe de réflexion, d’idées hors des sentiers battus, voire anticonformistes: ces idées peuvent entraîner un rejet par les autres et un sentiment de décalage par rapport à ses congénères, d'où la grande solitude du lecteur vécue par Firmin. Cette atmosphère assez amère est renforcée par le décor de ce récit, le quartier de Scollay Square à Boston, où les immeubles sont abattus les uns après les autres pour faire place à un grand projet de rénovation urbaine.

Un semblant d’optimisme s’installe à mi-chemin du roman, quand Firmin est recueilli par Jerry, un écrivain marginal de l’immeuble. Mais ce ne sera qu’un bref entracte…

Un portrait agréable à lire, riche en références littéraires entremêlées avec humour dans les errances de Firmin, qui vous remuera le jour où un rat "petit, poilu, large de hanches et rétroprognathe" vous fixera des yeux…
Ce récit en forme de fable de la Fontaine porté par la voix du rat peut être déchiffré comme une allégorie du pouvoir de la lecture à faire rêver, réfléchir, sortir des sentiers battus de la normalisation, une démarche marginalisée dans un monde lobotomisé, saturé de télévision, de consommation multimédia sans efforts. Un avant-goût de "Farenheit 451", de "1984"...

jeudi 14 janvier 2010

Brève: Un enlèvement qui s'achève par un dénouement heureux

Dépêche AFP du 14 janvier 2010.


De retour d'un réveillon en Bourgogne, une chaussette bleue a découvert que sa compagne Sette avait disparu. Aussitôt un comité de soutien "Chaussette en détresse" a été mis en place, travaillant jour et nuit d'arrache-pied, faisant des pieds et des mains pour obtenir la libération de leur amie. Des messages de soutien ont été diffusés sur les médias:
"Courage Sette, on ne te laissera pas tomber comme une vieille chaussette !" ou encore
"Ne te laisse pas marcher sur les pieds, Sette, on a le b(r)as long !".

Cette agitation médiatique perpétrée jusque dans les ministères, où le comité de soutien était partagé entre mettre les deux pieds dans le plat ou faire des ronds de jambe, a fait chou blanc. Le talon d'Achille de ce comité était que certains de ses membres ne pouvaient se sentir, d'autres marchaient à côté de leurs pompes, et enfin certains étaient de mauvais poil, ce qui est inconfortable pour une chaussette.

Mais après 3 jours d'angoisse, la chaussette esseulée Chô a reçu un colis envoyé par les ravisseurs, dont voici le courrier joint (les noms ont été volontairement cachés pour préserver l'anonymat des protagonistes de cette triste histoire...):



Soulagement, le comité de soutien salue le mouvement de générosité et de chausseté (Note du Traducteur: ''d'humanité'') des ravisseurs.
Heureuses, Chô & Sette ont retrouvé goût à la vie, se sentent à nouveau bien dans leurs petits souliers.
Sette a confié à un journaliste qu'elle avait craint de partir les pieds devant, et qu'elle s'estimait très chanceuse de pouvoir partir sur la pointe des pieds.

Un fait divers d'hiver sans queue ni tête...

dimanche 3 janvier 2010

12ième chronique: "Coyote attend" de Tony Hillerman

Un polar best-seller de Tony Hillerman, décédé assez récemment (le 26 octobre 2008) à l'âge de 83 ans.


Why Hillerman ?...

J'avais d'excellentes raisons de me plonger dans les romans de cet auteur:
1- D'abord mon père, puis plus tard une amie m'en ont fait la promotion musclée, s'en montrant des lecteurs conquis ('tout est bon');
2- Ensuite, cet été nous avons fait en famille un circuit dans les parcs nationaux américains autour des "Four Corners", cet unique et étonnant point de jonction à angles droits entre les frontières de 4 états: Nouveau-Mexique, Arizona, Colorado et Utah. Et il se trouve que la plupart des romans de Tony se déroulent dans cette région.
3- Enfin, en plus d'avoir sillonné ces vastes états, nous avons visité quelques sites Navajos, Hopis, ou Anasazis (Wupakti National Monument, Canyon of Chelly, Monument Valley...). Et c'est là l'atout séducteur de Hillerman: ses intrigues policières menées par Joe Leaphorn et Jim Chee de la police tribale Navajo regorgent de détails culturels et sociaux de ces tribus indiennes du sud-ouest nord-américain.


L'intrigue...
A ce titre, "Coyote Attend" présente un lexique de mots navajos qui permet de mieux comprendre cette culture, ses rites, et en particulier l'histoire de ses mythes anciens autour desquels ce roman est centré. En effet, Hosteen Pinto, le personnage central est un vieux chaman, sollicité par de nombreux professeurs d'histoire pour sa connaissance des histoires de l'Ouest et des légendes navajos.

Mais Pinto est aussi le coupable parfait et 'trop évident' de l'assassinat du policier navajo Delbert Nez: il a été retrouvé par le sergent Chee lui-même, près de la voiture incendiée de Nez, ivre, portant l'arme du crime et disant pour unique parole: 'Mon fils, j'ai honte.'.
Mais ce meurtre dont le FBI juge l'enquête bouclée laisse trop de questions sans réponse : comment Pinto s'est-il rendu si loin de son domicile ? Comment s'est-il procuré un révolver si cher et du whisky de luxe ?...
Chacun de leur côté, le lieutenant Leaphorn et le sergent Chee enquêtent en dehors de la voie officielle des fédéraux qui déjà organisent le procès.


Pour conclure...
C'est un polar mélancolique, voire amer, avec des personnages attachants, gonflés d'humanité, une fresque ethnologique, où blancs et navajos se côtoient en quête de la vérité sur ces lieux sacrés empreints de magie, là où le coyote attend.


Un livre qui donne envie de retourner à la bibliothèque emprunter par exemple "Porteurs de peau", "Le voleur de temps" ou "Dieu-qui-parle", histoire de retrouver Joe et Jim et leurs états d'âme.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

Grand Canyon