Genre : huis clos mobile oppressant
Histoire
Hiver 1995.
Un convoi de deux camions d'une association humanitaire de Lyon traverse la Bosnie en guerre. A bord: une femme et quatre hommes, tous de profils très différents qui vont connaître une ambiance délétère au cours de ce périple.
Impressions
Un roman qui m'a fait penser au film "le salaire de la peur".
Des camions qui transportent des explosifs pour la version ciné, d'autres -dans le livre- qui acheminent des vivres, des médicaments et des vêtements.
En commun des univers mi-clos, où s'affrontent des personnalités fortes, et où la route chaotique et les exactions de la guerre mettent les voyageurs à rude épreuve autant que le spectateur.
"Des flaques écarlates s'étalaient sur les poitrines, coulaient des membres, étoilaient les têtes et formaient, sur la grisaille du décor et du ciel bas, comme autant de taches somptueuses.
... Dans ce paysage en deuil, la seule chose vivante était ce sang, qui sortait des morts."
En commun aussi, la tension générée par ces explosifs, qui sont au centre du thème du film et dont l'existence et l'importance apparaissent progressivement dans le roman.
L'intrigue étant surtout centrée sur ce huis clos psychologique entre 5 humains. L'histoire d'amour entre Marc et Maud ne m'a pas transportée, trop caricaturale, sans compter sur la déception puérile de Lionel.
La haine entre Marc et Vauthier est en revanche plus subtile, une lutte entre dominants mâles semblables.
"- La haine, c'est le bonheur, tu ne sais pas ça encore, toi. C'est une passion, une raison de vivre.
C'est un vrai luxe. Le seul peut-être.
[...] - La haine, c'est aussi fort que l'amour. Sauf qu'on n'a pas besoin de demander son avis à l'autre."
La graduation de l'engagement entre les deux ex-militaires soulève la question du niveau d'intervention face à la brutalité et la souffrance de peuples voisins.
Ce roman interroge sur la guerre, sur le sens de l'aide humanitaire, sur les limites de ses actions.
"Les salauds sont un produit de la guerre, pas sa cause. La plupart du temps, les véritables responsables, ceux qui déchaînent la violence et provoquent les guerres, sont des gens très bien. Des gens sincères, généreux, instruits."
Doit-on assister sans agir face aux massacres de civils ?
Jusqu'où vont les bons sentiments ?
"Il se moquait pas mal de savoir comment vivaient les gens qu'ils allaient secourir. La seule chose qui lui importait, comme aux autres, ceux qui travaillaient au siège devant leur ordinateur, c'était d'avoir trouvé des " bénéficiaires ". Grâce à eux, l'association allait pouvoir recevoir l'argent de l'Union européenne et la machine caritative continuerait de tourner."
Un thriller humanitaire efficace. Intéressantes réflexions sur la guerre et le sens des aides humanitaires par ce ex-médecin de MSF. Un peu déçu par la peinture de personnages assez caricaturaux.
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