Genre : guerre de manipulation latino-américaine
Histoire
Fresque romancée du coup d’État militaire organisé par les États-Unis au Guatemala en 1954, pour écarter du pouvoir le président légitime Jacobo Árbenz.
CIA, la compagnie United Fruit reine de la banane, le président de la République dominicaine Trujillo et d'autres dictateurs en uniformes, la maîtresse officielle de Arbenz, Martita Borrero Parra, alias Miss Guatemala, une pléiade de personnages historiques et d'institutions au service de la sauvagerie des puissants.
Impressions
Partant de faits véridiques, l'auteur a imaginé des péripéties quotidiennes dramatisées, dans l'intention de tenir son lecteur en haleine. Il a aussi recréé les profils et les rôles des protagonistes, pour en faire des personnages louches, sombres, parfois carrément monstrueux.
Marta Borrero Parra, « Martita », surnommée « Miss Guatemala », est une enfant née d’un viol perpétré, un soir d’égarement, par le docteur García Ardiles, meilleur ami de son père, le docteur Arturo Borrero Lamas, tous les deux hommes de gauche et soutiens d’Arévalo et Árbenz. Son union avec son violeur, devenu son mari, ne pouvait la conduire qu’à vivre une existence perturbée, une vie d’opposition, familiale et politique. Intrigante, un brin aventurière, constante dans ses ambitions, jeune fille et femme dans l’ombre des puissants, démocrates d’abord, putschistes ensuite, amante destructrice du couple du dictateur Castillo Armas jusqu’à son assassinat puis compagne de Johnny Abes García et de bien d’autres hommes ensuite, enfin probable « taupe » de la CIA. Elle sera une pièce maîtresse dans le jeu politique qui assoira les régimes forts du Guatemala
Rafael Trujillo, un dictateur qui a dirigé la République dominicaine pendant plus de 30 ans, a pris le contrôle quasi absolu de la nation des Caraïbes en 1930. Tout en réussissant à réduire la dette extérieure, à moderniser son pays et à favoriser une plus grande prospérité économique pour le peuple dominicain, Trujillo et ses violations odieuses des droits humains, y compris la torture et le meurtre de milliers de civils, ont réussi à échapper aux réprimandes de la communauté internationale pendant des décennies.
Les chapitres ne suivent aucun ordre chronologique, ce qui nécessite un temps d'adaptation pour la lecture, car sur les vingt années de temps sauvages balayées par l'auteur, les coups d'État sont fréquents et impliquent les mêmes intervenants… dans des rôles différents
Ce roman illustre en profondeur l'origine de l'expression de république bananière, à savoir une république dont l'économie repose typiquement sur la seule production de bananes, et dirigé par une ploutocratie autoritaire mise en place, aidée ou soutenue par des grandes multinationales de l'agroalimentaire.
Comme l'United Fruit Company qui appuie la CIA au Guatemala pour renverser Arbenz.
Certains postes d’administrateurs et d’actionnaires de la compagnie bananière n’étaient pas occupés par n’importe qui : Henry Cabot Lodge, sénateur et ambassadeur des USA aux Nations-Unies, John Foster Dulles, secrétaire d’État sous la présidence d’Eisenhower et Allen Dulles, son frère, directeur de la CIA, pas moins ! Ils siégeaient régulièrement au conseil de surveillance et rapprochèrent United Fruit des milieux influents de la société aristocratique, politique et conservatrice nord-américaine.
Tiempos recios... Roman très instructif mais complexe à lire car faisant intervenir de nombreux protagonistes et une chronologie déstructurée.
Mario Vargas Llosa, prix Nobel 2010, péruvien naturalisé espagnol.
Ce roman est paru est 2021 alors que cet écrivain a plus de 85 ans !
L'opération PBSUCCESS organisée par la CIA le place à la tête d'une petite armée de rebelle qui lance son offensive le 18 juin 1954. La peur d'une intervention directe des États-Unis conduit à la démission du président guatémaltèque puis à la promotion d'Armas à la présidence. Le vote à sa présidence fut effectué sans les analphabètes (65 % de la population), ce qui aida grandement à son élection. Lors de sa présidence, il taxa d'inconstitutionnel le décret 900 sur la réforme agraire, réforme que Jacobo Arbenz Guzmán avait instauré. Sa présidence est marquée par l'anticommunisme. Il est assassiné par arme à feu en 1957.
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