Genre : Uqsuralik - femme de pierre au caractère d'ours, au nom d'hermine
Survie picaresque en milieu hostile d'une jeune femme inuit.
Froid glacial, blizzard pénétrant, où la famine peut décimer toute la tribu.
Et pour survivre, il faut se nourrir et donc il faut savoir chasser le caribou, le bœuf musqué, l'ours, et pêcher et harponner phoques et morses en se déplaçant à bord de kayak.
Uqsuralik apprend vite et est douée.
"Le quatrième jour, je commence à mâcher la peau de mes bottes, qui est la plus fraîche, la plus mangeable de tous mes vêtements. J’ai si froid que mes jambes commencent à durcir."
Pour survivre il faut que les clans se réunissent pour les naissances et les deuils, ou quand les éléments de la nature deviennent trop hostiles.
Les familles doivent alors gérer cruauté, inimité, jalousies entre les hommes mais aussi bonté, amour, solidarité, entraides, réconciliation, surtout entre les femmes.
Uqsuralik, orpheline et très vite veuve, réussit à se faire accepter par les autres.
"Tu es déjà quelqu'un d'étrange, à mi-chemin entre l'homme et la femme, l'orpheline et le chasseur, l'ours et l'hermine. ...Qui sait ce que tu peux encore devenir ?"
Pour survivre, les esprits aident les Inuits à comprendre l'invisible.
Les Inuits animistes invoquent les esprits, respectent la figure tutélaire du chamane, croient aux histoires mythiques (le géant, l’homme lumière…).
Uqsuralik est initiée par la vieille Sauniq, puis par le chamane Naja.
Et elle est douée.
"Naja m’a aidée à atteindre cet état d’extase qui permet de rejoindre l’espace céleste. Je sais maintenant, grâce à mon propre chant, me propulser hors de mon corps jusqu'au monde des esprits. J’apprends petit à petit à dialoguer avec eux sans avoir peur. Le voyage est pourtant terrifiant."
Portrait de Magito, jeune Inuit de Netsilik, dans le Nunavut (Canada).
(Photo anonyme, 1903-1905 Bibliothèque nationale de Norvège)
Ce récit est très documenté sur les us et les coutumes de ce peuple arctique; l'auteure s'est inspirée de nombreux ouvrages et des documents de la Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
Le grand mérite de ce roman est de nous faire partager au quotidien la vie des Inuits à travers un récit initiatique et poétique. Ce n'est pas un ouvrage scientifique aride, mais réellement une belle écriture simple et fluide qui nous immerge dans la culture ancestrale de ce peuple malmené par la modernité.
Des poèmes constellent le récit, des cris, des chants, hantés de personnages fabuleux ou créatures magiques.
Un très beau livre. Conte délicat dans un univers extrême. Poétique et magnétique.
Prix du roman FNAC 2019
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