Histoire
Une herboriste serbe Vera descend du car tombé en panne pour donner 300 deutschemarks à un forcené qui hurle et menace un vieux prostré dans l'habitacle d'une voiture, elle aussi en rade sur cette autoroute. Vera donne toutes ses économies pour que l'énergumène, Vesko K. épargne la vie du vieillard. De son nom Nikola K., ce vieillard est en réalité le père de l'excité, un apiculteur dans l'âme...
'... elle discernait dans l'habitacle un pantalon de flanelle usé, un blouson bleu d'ouvrier et, posée sur la cuisse, une main maigre et frémissante comme un oiselet.'
'La succession de crises qui avaient frappé la Yougoslovie avait ôté à cet humble serviteur de la ligne 67 tout espoir de relève.'
Impressions
Après la guerre des districts de ce monde des jeux (Hunger Games), voilà un court roman qui plonge dans ce conflit hélas beaucoup moins fictif de cette ex-Yougoslavie.
L'auteur suisse d'origine remémore pas seulement la guerre des années 90 mais aussi celles de la seconde guerre mondiale, avec l'évocation des crimes des Oustachis qui ont créé le premier camp de concentration à Jasenovac. Guerres de religion, d'ethnies, de politiques, beaucoup de souffrances, de proches disparus, et tous perdants.
Heureusement le miel adoucit les rudesses, soigne les blessures, réconcilie les anciens ennemis. C'est la leçon du vieux Nikola, sauvé par Vera qui partage avec cet ancien la connaissance du pouvoir de ce nectar divin.
Construction extrêmement habile avec ce jeu de relais de narrateurs: le narrateur écoute Vera qui l'a soigné, Vera témoigne de l'histoire confiée par Vesko venu lui apporter les 50kg de miel sur ordre de son père, et Vesko raconte.
Des épisodes de l'Histoire avec un grand H ponctuent les pérégrinations et les destins mouvementés des uns et des autres. Cette Iliade du fils qui a oublié ses terres d'origine et qui doit rapatrier son père au péril de sa vie en traversant ces régions tout juste pacifiées est extrêmement prenante, servie par une écriture juste et parfois drôle.
Très beau conte d'une famille éparpillée par les aléas de la guerre.
Gros coup de cœur pour ce premier roman (et de l'auteur et du concours InterCE Alice de cette année).
Quelques éléments pour vous aider à situer les actions, surtout le périple où Vesko part récupérer son père dans la montagne de Velebit.
L'auteur suisse d'origine remémore pas seulement la guerre des années 90 mais aussi celles de la seconde guerre mondiale, avec l'évocation des crimes des Oustachis qui ont créé le premier camp de concentration à Jasenovac. Guerres de religion, d'ethnies, de politiques, beaucoup de souffrances, de proches disparus, et tous perdants.
Heureusement le miel adoucit les rudesses, soigne les blessures, réconcilie les anciens ennemis. C'est la leçon du vieux Nikola, sauvé par Vera qui partage avec cet ancien la connaissance du pouvoir de ce nectar divin.
Construction extrêmement habile avec ce jeu de relais de narrateurs: le narrateur écoute Vera qui l'a soigné, Vera témoigne de l'histoire confiée par Vesko venu lui apporter les 50kg de miel sur ordre de son père, et Vesko raconte.
Des épisodes de l'Histoire avec un grand H ponctuent les pérégrinations et les destins mouvementés des uns et des autres. Cette Iliade du fils qui a oublié ses terres d'origine et qui doit rapatrier son père au péril de sa vie en traversant ces régions tout juste pacifiées est extrêmement prenante, servie par une écriture juste et parfois drôle.
Très beau conte d'une famille éparpillée par les aléas de la guerre.
Gros coup de cœur pour ce premier roman (et de l'auteur et du concours InterCE Alice de cette année).
Quelques éléments pour vous aider à situer les actions, surtout le périple où Vesko part récupérer son père dans la montagne de Velebit.
Carte de la République serbe de Krajina de janvier 1993 à mai 1995.
'L'histoire de Vesko était un fil rouge, ou plutôt une rivière souterraine qui disparaissait pour faire place à d'autres destins, d'autres paysages, pour surgir à nouveau là où on ne l'attendait plus.'
La république Serbe de Krijina autoproclamée en 1991 lors de la guerre d'indépendance de la Croatie, est située autour de la frontière Est avec la Bosnie. En août 1995 l'opération "Tempête" a éradiqué cette éphémère république. 200 000 Serbes prennent le chemin de l'exode, dont le frère de Vesko.
Etendu entre la plus haute crête du Mont Velebit (Vaganski vrh de 1758 m) et la côte Adriatique, une aire de plus de 95 km2, il y a le parc national de Paklenica. Ces majeures attractions sont les monumentaux canyons de Velika et Mala Paklenica, qui ont de profondes falaises, verticales de plus de 400 m de haut.
'Les ruches de Nkola se trouvaient sur les contreforts du mont Velebit..."
"Il passait son temps à ausculter les essaims et à contempler leur danse affairée et chargée de sens. L'idée de redescendre parmi les humains ne lui était pas venue à l'esprit."
Le parc de Plitvice faisait partie de cette région.
Vesko part de Belgrade en direction du Nord, Szeged, une ville hongroise.
Puis redescend en Croatie vers Osijek, puis Vukovar, suivi de Brod et Karlovac.
Avant de pénétrer dans l'ex RSK...
Vukovar, l'un des théâtres des épisodes les plus sanglants du conflit yougoslave. Le 18 novembre, après 87 jours de siège par les forces de la République Fédérale de Yougoslavie à majorité serbe, les combattants croates quittent la ville. Les Serbes pénètrent la ville en ruine et réunissent les habitants dans le stade, séparant les hommes en âge de se battre des femmes, des vieillards et des enfants. Aucun des hommes ne sera épargné. Même sort pour les 420 blessés de l'hôpital.
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