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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

samedi 3 mai 2025

595: 'Oleg' de Frederik Peeters - BD

Genre : regard acéré d'un dessinateur myope sur notre société

Histoire
Oleg, c'est Frederik Peeters ou presque. Auteur de BD, il s'attelle à l'écriture d'un livre duquel il discute avec sa compagne. On pénètre au quotidien dans l'envers du décor de la production d'une bande dessinée avec le travail de l'imaginaire, les affres de la création, les relations avec l'éditeur… 
Impressions
L'histoire est d'apparence anodine,
De par sa fenêtre de dessinateur qui vit en retrait du monde, l'auteur dépeint notre société où le racisme s'est décomplexé, où l'individualisme prime, où la consommation est devenue folle.
Ultra-modernité technologique et pensée réactionnaire, culte de la superficialité et quête d’authenticité, surabondance...

Thèmes plutôt déprimants, mais au final c'est une BD qui ne donne pas envie de baisser les bras.

Par exemple, l'auteur livre un témoignage touchant de l’amour qu’il porte à sa femme et à sa fille. C'est pour Oleg une fantastique raison de vivre qui lui permet de tenir debout, de faire front, de continuer à avancer. 
Son amour inconditionnel pour sa femme Alix ne s’est pas émoussé avec les années, depuis son album 'Les Pillules Bleues'.
J'ai aussi apprécié les conversations avec sa fille qui m'ont rappelé tant de scènes vécues personnellement...

J'ai aussi beaucoup aimé son regard désabusé et humoristique sur les scènes du quotidien; Comme, par exemple, ce voyage en TGV pour Paris où il 'tagge' chacun des voyageurs dans une bulle de fiction. 'Netflix', 'Instagram', ... Chacun dans sa bulle.

Son dessin noir et blanc très expressif sert à la perfection le récit.  Il insère sans prévenir des cases représentant des scènes ou des références tout à fait hors du quotidien d'Oleg. OU d'autres fois, il transporte ses personnages dans des scènes futuristes, dans des tableaux de maîtres, dans des grottes et paysages de montagne tandis qu'ils poursuivent leur conversation. Cela surprend le lecteur, et apporte de l'imaginaire et du rythme.


Un regard myope plutôt désabusé. Un album touchant, pertinent et original. J'adôôre.

594: 'Comme les Amours' de Javier Marias

Genre : à pas feutrés

Histoire
Chaque matin, dans le café où elle prend son petit déjeuner, l'éditrice madrilène María Dolz observe un couple qui, par sa complicité et sa gaieté, irradie d'un tel bonheur qu'elle attend avec impatience, jour après jour, le moment d'assister en secret à ce spectacle rare et réconfortant.
Or, l'été passe et, à la rentrée suivante, le couple n'est plus là. María apprend alors qu'un malheur est arrivé.
Impressions
Par l'intermédiaire de veuve Luisa, María rencontre Javier Díaz-Varela, le meilleur ami de Miguel, et elle comprend vite que les liens que cet homme tisse avec la jeune veuve ne sont pas sans ambiguïté. 
A travers de longues phrases sans point final, l'auteur nous plonge dans les doutes, les convictions, les déductions de Maria. La progression est lente et minutieuse dans les contorsions de l'âme de cette femme instinctive. 

En dépit de l'étirement de certaines réflexions ou de certains dialogues qui semblent infinis, le lecteur (en l'occurrence moi...) est envouté, fasciné par les intuitions et les observations de la narratrice qui petit à petit dénoue les mystères. Et quelles réflexions sur la place que les morts occupent auprès des vivants, ou sur l’engouement amoureux !
C'est sophistique, aux colorations presque surannées mais tout de même très modernes, une histoire sombre mais cependant un récit éblouissant.

Belle découverte pour moi, un écrivain qui sonde les profondeurs de l'âme humaine. Brillantissime

Deux chefs-d'œuvre de la littérature française sont cités au service de cette fiction à de nombreuses reprises : « le colonel Chabert » De Balzac et « les trois mousquetaires » de Dumas.

vendredi 2 mai 2025

593: "L’heure des prédateurs" de Giuliano da Impoli

Genre : essai sur un monde qui devient borgiaque et machiavélique

Histoire
« Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d’un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d’un monde, au moment où il sombre dans l’abîme, et l’emprise glacée d’un autre, qui prend sa place. »

Impressions
L’auteur du "Mage du Kremlin" livre une suite de récits de rencontres au sommet avec des plus hauts dirigeants de New York à Riyad, de l’ONU au Ritz-Carlton de MBS.

Portraits acérés, il donne l’alerte aux démocrates désormais "old style".

D’abord les nouveaux dirigeants politiques parmi lesquels Donald Trump bien sûr, mais aussi le salvadorien Bukele ou le saoudien MBS. Le parallèle entre l'action criminelle commise par César Borgia  et des faits imputables au prince héritier d’Arabie, à six siècles de distance est sidérant. Violence extrême y compris physique, sidération née de l’imprévisibilité totale, absence de toute considération morale, culte de l’action et du résultat quels que soient les moyens employés.

Ensuite, la seconde catégorie de prédateurs est composée des patrons de la tech, qui depuis trente ans taillent leur chemin pour prendre le contrôle du monde sans que personne ne les ait vus venir. Ces hommes sont assimilés aux 250 conquistadors espagnols qui ont fait main basse sur l’immense empire aztèque aux 100.000 soldats dont le chef Moctezuma « fit ce que les politiques, de tout temps, font dans ce genre de situation : il décida de ne pas décider ».

Un essai qui ne laisse pas plus de perspectives optimistes que celles véhiculées par l'essai d'Attali.
Peut-on garder de l'espoir en constatant que César Borgia est mort piteusement dans une embuscade de troisième ordre à l’âge de 31 ans, sans que ses projets n’aient de postérité directe ? Que les historiens s’accordent aujourd’hui pour voir dans la prise de main de l'Amérique par les conquistadores le commencement du déclin de l’Espagne, incapable de créer une économie moderne tant elle était submergée par l’afflux de richesses obtenues sans effort ?

Court essai, pertinent, efficace, qui fait froid dans le dos. La démocratie est menacée, la gouvernance repose sur la brutalité et le rapport de force.

lundi 28 avril 2025

592: '15 Grandes Enquêtes' de Mediapart

Genre : 

Histoire
Un 


Impressions

 
Dans le chapitre sur Bolloré, j'ai découvert qu'OCB, sigle de Odet-Cascadec-Bolloré, est une marque française de papier à rouler (ou papier à cigarette) fondée sous la direction de René Bolloré en 1918 à Ergué-Gabéric, près de Quimper en Bretagne


Enquêtes

samedi 12 avril 2025

591: 'Racines' de Lou Lubie - BD

Genre : quête racinaire de soi-même

Histoire
Rose est tiraillée entre deux cultures : celle à laquelle elle voudrait appartenir, et celle que ses cheveux crépus trahissent. De coiffure en coiffure, elle sera prête à tout pour se conformer à une société qui rejette la différence.
Au fil de sa quête d’identité, Rose va devoir se confronter aux discriminations sexistes et racistes, à l’Histoire qui lui a donné ses racines métissées, et, finalement, à elle-même.
Impressions
C'est a priori un récit inspiré d'elle-même.
Pas de réel fil conducteur, elle égrène son apprentissage au fur et à mesure des années, d'abord obsédé par la maîtrise des boucles rebelles, mais finalement une trajectoire qui se dirige vers l’acceptation de soi, de ses origines créoles et de sa place de femme.
Mais cette BD est aussi une enquête extrêmement fouillée et riche d'enseignements sur l'histoire des coiffures. Une histoire corrélée à celle des discriminations sexistes et raciales, des humiliations et des contraintes fortes auxquelles les femmes aux cheveux crépues ont été et sont toujours confrontées.
Le dessin ne m'interpelle pas au premier abord, mais sa simplicité et fluidité est au service du récit, souvent drôle et bien rythmé.


De la dictature des cheveux, un roman -BD extrêmement intéressant et agréable à lire ! Yes :)


Lou Lubie est originaire de l’île de la Réunion. Elle y publie ses cinq premiers livres, avant de s’installer en France métropolitaine où elle se fait connaître avec "Goupil ou face". Elle est la fondatrice du Forum Dessiné, site communautaire où des dessinateurs de tous niveaux improvisent ensemble de la BD collective. Cette expérience de création partagée lui inspire "La Fille dans l’écran", une BD dessinée à quatre mains. Aujourd’hui, elle continue d’explorer de nouveaux genres, du thriller fantastique avec "L’Homme de la situation" aux contes de fées dans "Et à la fin, ils meurent".

jeudi 10 avril 2025

590: 'Le ciel ouvert' de Nicolas Mathieu

Genre : souvenir éparpillés

Histoire
Ce roman réunit es textes écrits par l'auteur sur les réseaux sociaux depuis 2018 et en particulier ceux qu'il adressait publiquement sur Facebook et Instagram à une femme désirée, mais qui n'était pas libre. Une histoire d'amour clandestine qui n'est plus, mais dont il se rappelle chaque instant…



Impressions
Le thème principal est celui d'un amour clandestin, celui du narrateur avec une femme qui n'est pas libre.
C'est assez décousu, tant sur les sujets -cet amour clandestin mais aussi l'amour paternel, les parents qui vieillissent, la COVID, les saisons, les luttes sociales ...- que sur le registre - déclaration d'amour, quotidien banal, ..
Certains passages m'ont plu et d'autres m'ont ennuyé, mais surtout, au final, cette succession de souvenirs éparpillés m'a lassé et ce roman m'a déçu.

Décevant.

dimanche 30 mars 2025

589: 'Écoutez nos défaites' de Laurent Gaudé

 Genre : de l'absurdité des guerres

Histoire
Zurich.
Assem Graïeb, agent secret français de renseignements français, a rendez-vous à Bellevueplatz avec Auguste afin que celui-ci le présente à un homme des services américains. Sans doute pour une nouvelle mission.  Avant ce rendez-vous, il rencontre Mariam, dans un bar. Mariam est une  archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées.
Ils termineront la nuit ensemble. Presque sûrs qu'ils ne se reverront pas. Assem s'en ira vers une nouvelle mission tandis que la jeune femme, archéologue irakienne, tentera de sauver les œuvres d'art volées à son pays par Daesh...


Impressions
J'avais à peine commencé cette lecture et deux sentiments ont immédiatement surgi.

D'abord quel bonheur de retrouver cette écriture puissante, lyrique et poétique, qu'il s'agisse de décrire des moments intimes ou des sujets plus universels comme les pages de l'histoire.
Ensuite, à regret, je retrouve cette obsession du thème de la mort. Un thème tellement présent dans les derniers romans que j'avais lus de cet auteur, que je m'en étais éloigné.

Certes le thème de la mort est très présent, mais finalement j'ai réellement été emporté par ce récit.

Trois grandes batailles s'entremêlent avec l'histoire d'Assam et Mariam.

Le 12 avril 1861, le général des conférés Beauregard donne l'ordre de tirer sur Fort Sumter dans lequel se sont retranchés les soldats de l'Union aux ordres de Robert Anderson. Ces combats déclenchèrent la guerre de Sécession.  




Le 31 mars 1936 à Mai Ceu dans le sud du Tigré en Éthiopie, Haïlé Sélassié, le dernier Négus d’Éthiopie, s'apprêt à donner le signal de l'attaque à sa foule de guerriers contre le corps expéditionnaire italien commandé par le maréchal Badoglio. Une bataille perdue d'avance car complètement disproportionnée entre un camp équipé d'avions et d'armes chimiques et des Ethiopiens aux armes rudimentaires, à pied ou à dos de mules...
Bombes aériennes qui explosaient les corps, gaz moutarde qui brûlait à mort, après la défaite de Mai Ceu l’armée éthiopienne du Nord est anéantie. 
A la tribune de la SDN à Genève le mardi 30 juin 1936, discours de Hailé Sélassié (1892-1975) en mai 1936, alors souverain déchu et en exil et déchu alors que son pays a été conquis et intégré  dans l’Empire italien fasciste. Il dénonce l’emploi par l’armée italienne d’armes chimiques et ce, dès la fin de l’année 1935, au début de la guerre italo-éthiopienne.

En 218 avant JC, le siège mené par les forces d'Hannibal contre la ville de Sagonte s'achève au bout de huit mois. Ce siège déclenche la deuxième guerre punique. C'est le premier événement de cette guerre et il en constitue le véritable casus belli. 


Des guerres que ces personnages historiques penseront avoir gagnées mais au final ils ressentiront une défaite écrasante. Même le général Grant, le vainqueur des Confédérés, fut surnommé le boucher à la fois en regard des pertes ennemies mais aussi au titre des hécatombes dans ses rangs. La "guerre" que mène Assem Graïeb contre le terrorisme, qu'apporte-t-elle, au final amène-t-elle des victoires ? Il a vu trop d'horreurs pour croire encore à une possible victoire.
Même les archéologues qui luttent contre l'oubli perdent face à la destruction  par les hommes en noir du patrimoine culturel et religieux de Hatra, de Mossoul, de Palmyre, de Tombouctou, de Bâmiyân, ainsi que le vol d'objets d'art et les attentats internationaux revendiqués.
Saccage du musée de Mossoul en 2015
 La victoire pleine, réelle, éternelle, n'existe pas. 

Récit plutôt sombre mais aussi éblouissant. Un grand roman.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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