Genre : regard acéré d'un dessinateur myope sur notre société
Histoire
Oleg, c'est Frederik Peeters ou presque. Auteur de BD, il s'attelle à l'écriture d'un livre duquel il discute avec sa compagne. On pénètre au quotidien dans l'envers du décor de la production d'une bande dessinée avec le travail de l'imaginaire, les affres de la création, les relations avec l'éditeur…
Impressions
L'histoire est d'apparence anodine,
De par sa fenêtre de dessinateur qui vit en retrait du monde, l'auteur dépeint notre société où le racisme s'est décomplexé, où l'individualisme prime, où la consommation est devenue folle.
Ultra-modernité technologique et pensée réactionnaire, culte de la superficialité et quête d’authenticité, surabondance...
Thèmes plutôt déprimants, mais au final c'est une BD qui ne donne pas envie de baisser les bras.
Par exemple, l'auteur livre un témoignage touchant de l’amour qu’il porte à sa femme et à sa fille. C'est pour Oleg une fantastique raison de vivre qui lui permet de tenir debout, de faire front, de continuer à avancer.
Son amour inconditionnel pour sa femme Alix ne s’est pas émoussé avec les années, depuis son album 'Les Pillules Bleues'.
J'ai aussi apprécié les conversations avec sa fille qui m'ont rappelé tant de scènes vécues personnellement...
J'ai aussi beaucoup aimé son regard désabusé et humoristique sur les scènes du quotidien; Comme, par exemple, ce voyage en TGV pour Paris où il 'tagge' chacun des voyageurs dans une bulle de fiction. 'Netflix', 'Instagram', ... Chacun dans sa bulle.
Son dessin noir et blanc très expressif sert à la perfection le récit. Il insère sans prévenir des cases représentant des scènes ou des références tout à fait hors du quotidien d'Oleg. OU d'autres fois, il transporte ses personnages dans des scènes futuristes, dans des tableaux de maîtres, dans des grottes et paysages de montagne tandis qu'ils poursuivent leur conversation. Cela surprend le lecteur, et apporte de l'imaginaire et du rythme.
Un regard myope plutôt désabusé. Un album touchant, pertinent et original. J'adôôre.