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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 28 juillet 2020

421: 'L'empreinte de l'ange' de Nancy Huston

Genre : un ange passe, un ange trépasse

Histoire
Quand une femme allemande détachée de la vie et un homme luthier, tous deux jeunes et marqués dans leurs corps et âmes par les atrocités du passé se rencontrent.
Quand la passion les libère des carcans d'hier. 

Impressions
Encore un gros coup de cœur après 'Lignes de faille'.
A nouveau cette auteure démontre sa subtile maîtrise du récit mêlant des destinées humaines sur fonds d'événements historiques...
... du passé, la shoah déjà très présente dans 'Lignes de faille' mais aussi les violences russes lors de la libération de la Hongrie.
... contemporains du roman, à savoir la guerre d'Algérie

"Elle ferme les yeux. Du bout de son index, Andras se met à dessiner son profil, commençant sur le front, à la naissance des cheveux, puis descendant délicatement entre les sourcils, suivant le fine crête du nez et se glissant dans la fossette entre la racine du nez et des lèvres.

- C'est ici, dit-il, que l'ange pose un doigt sur les lèvres au bébé, juste avant la naissance - chut !- et l'enfant oublie tout. Tout ce qu'il a appris là-bas, avant, au paradis. Comme ça, il vient au monde innocent..' 


Un roman qui interroge, qui touche,  


Pour mieux resituer les événements à Budapest évoqués dans ce roman:
A Budapest, les Juifs ayant survécu aux déportations du printemps et de l'été précédent vivent regroupés dans deux ghettos, l'un peuplé de 32 000 Juifs hongrois, l'autre, le ghetto international, peuplé de 150 000 Juifs officiellement ressortissants d’États neutres, placé sous la protection précaire de diplomates suisses, suédois, portugais et espagnols.
Alors que cinquante mille Juifs sont alors évacués vers Vienne par des gendarmes hongrois, puis, dans le Reich, des SS allemands, 35 000 Juifs et plusieurs milliers de Roms restant à Budapest sont alors affectés à la construction de lignes de défense ; ces Juifs et Roms deviennent alors la cible privilégiée des Croix fléchées, qui les assassinent en grand nombre lors de leur retraite vers la ville. Les escadrons du parti des Croix fléchées assassinent par fusillade, sur les berges du Danube, ou par noyade les Juifs de la ville assiégée, ainsi que les Roms, les opposants au régime fasciste et les soldats qui refusent de combattre...


mardi 23 juin 2020

420: 'La piste fauve' de Joseph Kessel

Genre : récit de voyages

Histoire
Joseph Kessel nous emmène au Kenya d'après-guerre, dans une Afrique qui va s'échapper du colonialisme.

Impressions
Tribulations d'un intellectuel bourgeois en Afrique.
  • Tanganyika
  • Rhodésies
  • A l'ouest, les grands Lacs, les monts de la Lune, 
  • Kisumu, Kampala, M'Barara', 'Kisenyi'

L'auteur profite de rencontres et invitations fortuites. Par exemple, André Gabaudan lui propose de l'accompagner dans la traversée de Nairobi jusqu'au Congo Belge, en traversant l'Ouganda et ainsi de pouvoir assister aux danses des Watutsi au Kivou.
Le film 'les mines du Roi Salomon' est d'ailleurs cité sur ce thème.

"Le l"

Le voyageur est friand des coutumes autochtones, s'extasie devant la splendeur des paysages, et est bercé de vagues de nostalgie devant la sagesse et la dignité des tribus dont les rites et savoir-faire tendent à s'effacer pour laisser le 'modernisme' s'installer.

Pas d'analyse, pas de prise de recul, un témoignage très précis de cette région à une époque révolue.
L'auteur n'est pas tendre avec les occupants anglais du Kenya, comme par exemple lors de la révolte des Mau-Maus. Il témoigne mais ne dénonce pas ces actes comme des crimes. Surprenant pour un homme aussi engagé que Joseph Kessel...

Un roman descriptif et suranné.

lundi 8 juin 2020

419: 'Lignes de failles' de Nancy Houston

Genre : de l'héritage entre générations des failles de la vie


Histoire
Récit à quatre voix, ce roman donne à chaque fois la parole à un enfant de six ans, relayé ensuite par son parent direct : père, grand-mère, arrière-grand-mère.


Impressions
Gros coup de cœur.

L'intrigue est complexe, captivante. Un véritable jeu de pistes où les indices se transmettent de génération en génération. Une remontée dans le temps qui éclaircit peu à peu les mystères familiaux.
Après avoir tourné la dernière page, j'ai presque envie de relire ce livre pour mieux comprendre les événements de chaque période en lien avec les faits du passé.

A cette composante, s'ajoute la coloration très forte des personnalités des 4 enfants de 6 ans dont les voix se succèdent.
Erra-Kristina, un personnage lumineux et rédempteur ; Sadie, une fillette angoissée rongée par la honte et la culpabilité ; Randall, épanoui et anxieux à la fois ; Sol, un insupportable enfant gâté, terrifiant d’égoïsme et de violence et surprotégé par sa mère.

Enfin, derrière cette construction habile et ces portraits ciselés, ce roman apporte un éclairage sur un passé douloureux d'enfants arrachés à leurs familles par les Nazis. Les 'fontaines de vie',  ces pensionnats où l’on élevait des bébés dans le but d’aryaniser la population allemande.

"les nazis, il dit, c'étaient des Allemands qui voulaient que les Juifs disparaissent de la surface de la Terre.
- Pourquoi ?
- Parce qu ils étaient juifs.
- Mais pourquoi, papa ?
- parce qu'il est plus facile d'apprendre aux gens à être bêtes que de leur apprendre à être intelligents. Par exemple, si on dit aux gens que tous leurs problèmes viennent des Juifs, ils sont soulagés parce que c'est facile à comprendre. La vérité est beaucoup trop complexe pour la plupart des gens."

Il met aussi en avant les exactions américaines ou les déchirements entre les juifs et les Arabes. Notamment avec l'évocation du massacre perpétré du 16 au 18 septembre 1982, envers des Palestiniens du quartier de Sabra et du camp de réfugiés palestiniens de Chatila situés à Beyrouth-Ouest par les milices chrétiennes des Phalangistes (Selon les estimations, le massacre fit entre 460 et 3 500 victimes).

"Le lendemain matin, pendant que maman se sèche les cheveux dans la salle de bains ce qui veut dire que j’ai dix bonnes minutes devant moi, je vais sur le Net et absorbe les images d’Abou Ghraïb. Les mecs sont empilés les uns sur les autres, à genoux, c’est un peu comme des acrobates au cirque sauf qu’ils sont costauds et tout nus, on voit beaucoup de chair arabe qui n’est ni noire ni blanche mais d’une couleur brun-or, et les soldats US hommes et femmes ont l’air de prendre leur pied à se faire photographier avec tous ces Arabes nus et à se moquer d’eux et à le tenir en laisse et à les accrocher à l’électricité et à les obliger à s’enculer ; mon pénis devient très dur mais je ne me frotte pas parce que je n’ai pas le temps. J’éteins l’ordinateur à la seconde même où maman éteint son sèche-cheveux, et quand elle sort de la salle de bains je suis déjà dans ma chambre en train d’attacher les bandes velcro de mes Nike, prêt à partir pour l’école maternelle."


[ Pour mémo, pour ceux qui ont déjà lu ce roman, quelques énigmes...
2004  - Sol surprend une scène entre Erra et Greta qui se battent pour une poupée
1982 - Les recherches historiques de Sadie sont en lien avec le « Mal » et l’histoire d’Erra : elle a découvert que Janek a été volé et non adopté, qu’Erra a certainement eu des liens avec une famille nazie, choses qu’Erra s’est obstinée à lui cacher tant qu’elle a pu mais qu’elle dit avoir « besoin de savoir ».
1962 - Pendant l’absence de Peter, un homme, qui fait peur à Sadie, vient en disant qu’il s’appelle Luth et qu’il veut voir Erra. ]

Quelle richesse littéraire !

lundi 25 mai 2020

418: 'Un lieu incertain' de Fred vargas

Genre : Vamp ou pas vamp ?...


Histoire
Des découvertes macabres sont successivement faites à Londres puis dans un pavillon de la banlieue parisienne. Le commissaire Adamsberg est témoin de ces scènes qui vont l'entraîner, lui et son fidèle Danglard, vers des pistes démoniaques...


Impressions
Ah Fred Vargas, toujours un moment de plaisir en lecture.

Une intrigue certes alambiquée, un peu tirée par les cheveux inspirée par les légendes folkloriques de vampires.
En particulier celle de Peter Plogojowitzn un paysan serbe qui mourut en 1725 à l'âge de 62 ans dans son village natal de Kisilova, dans une région serbe qui alors était sous domination autrichienne. Cet événement marqua la première occurrence du mot "vampire", en tout premier lieu : les autorités autrichiennes ont rédigé le rapport officiel (publié le 21 juillet 1725 dans le Das Wienerishe Diarium) avec très probablement la toute première apparition du mot "vampire" (ou "vampyr"). vampyr. (“dergleichen Personen, so sic vanpiri nennen”)

Plusieurs versions existant quant aux événements relatifs à ce vampire:
Trois jours après son décès, Plogojowitz rentra chez lui et demanda de la nourriture à son fils. Il la mangea, puis partit. Deux soirs plus tard, il reparut et demanda à nouveau de la nourriture. Son fils, qui cette fois refusa, fut trouvé mort le jour suivant. Peu après, plusieurs villageois moururent d'épuisement à la suite d'une perte de sang excessive. Sur leurs lits de mort, ils annoncèrent que, dans un rêve, Plogojowitz leur avait rendu visite, les avait mordus puis avait bu leur sang.
- Selon une variante, les événements auraient eu lieu dix semaines après son décès et, au lieu de demander de la nourriture à son fils, le vampire serait venu demander ses chaussures à sa femme, laquelle aurait fui le village peu après.
- Enfin selon d'autres récits, Plogojowitz serait sorti de sa tombe et se serait rendu en Angleterre pour échapper à la colère (ou à la peur) des habitants de Kisilova. On raconte aussi que ce serait lui qui aurait créé le cimetière de Highgate.
Le village de Kisilova (Kiseljevo) n'est pas très éloigné de Medvegia (Medwegya), le village où revint Arnold Paole, un autre vampire célèbre.

On retrouve là les ingrédients qui ont nourri la construction de l'intrigue.
Et le résultat est vraiment appétissant !


Plog. Un polar à croquer à pleines dents :)

dimanche 10 mai 2020

417: 'Histoire d'une baleine blanche' de Luis Sepúlveda et Joëlle Jolivet.

Genre : la parole est donnée à Mocha Dick, une baleine blanche qui parle



Histoire
Sur une plage du sud du Chili, en plein été austral, est trouvée une baleine échouée. Un enfant lafkenche - ie des gens de la mer- est là. Il donne au narrateur une coquille de loco en lui disant que la baleine parlera. Et la baleine blanche prend la parole et parle de sa vie, du monde sous-marin, et de sa découverte des hommes qui parfois respectent la nature comme les  lafkenche tandis que d'autres chassent et tuent sans pitié.

Impressions
C'est un conte qui fait référence au fameux roman Moby Dick, paru en 1851, de l'américain Herman Melville, inspiré d'un fait réel : le baleinier, l'Essex, a été attaqué le 20 novembre 1820 par un énorme cachalot qui l'a coulé. L'écrivain chilien Luis Sepúlveda inverse radicalement le point de vue, en donnant la parole à la baleine blanche.

Entre la fable et le roman, cette histoire entrecroise le mythe littéraire avec une légende amérindienne. Cette légende est celle des trempulwake, quatre baleines blanches qui étaient destinées à porter vers l'au-delà les hommes du peuple lafkenche, au Sud du Chili. Ces Amérindiens Mapuche, les Lafkencheur vivaient sur la côte ouest du Chili dans une petite île, l’île Mocha. C'est dans ses eaux qu'au XIXe siècle vivait la grande baleine blanche qui incendia l’imagination d’Herman Melville, Moby Dick. Il fallut que de nombreux bateaux, hollandais et anglais, viennent troubler l’ordre immémorial qui réglait les relations entre les hommes et la nature sur Mocha.

Texte fort, conte initiatique au début paisible puis dominé par la cruauté des hommes.
C'est un cri d'alarme sur la nécessité impérieuse de préserver les océans. L'auteur chilien connaît le monde des baleiniers, il a été mousse dans sa jeunesse, et a ensuite sillonné les mers pour l'organisation internationale Greenpeace, dans les années 1980. 
14 chapitres magnifiquement illustrés par Joëlle Jolivet.

Un très beau conte militant à l'image de cet écrivain immense qui nous a quitté en février 2020, victime du Covid-19.

mardi 28 avril 2020

416: "Un putain de salopard', T1, BD de Régis Loisel & Olivier Pont

Genre : Quête du père dans la moiteur tropicale


Histoire
Max débarque à Kalimboantao, dans la jungle amazonienne, avec deux photos de sa mère et lui enfant quand ils vivaient au Brésil. Sur chacune d’elles, un homme différent. L’un des deux serait-il son père ?

Impressions
Premier épisode de ce cycle.
Le graphisme est flamboyant, non sans rappeler 'Peter Pan' ou 'la quête de l'oiseau du temps'. Couleurs chatoyantes, un trait de crayon qui sait à merveilles rendre la jungle luxuriante. Mais ici c'est Olivier Pont qui dessine, Régis Loisel a écrit le scénario. 


Le début de cette BD est assez léger, voire volage, et on ne comprend pas vraiment le ton sur laquelle cette quête du père va jouer...
Mais très vite Loisel fait monter la sauce et dévoile progressivement des nouveaux ingrédients pimentés mêlés à quelques cuillerées d'humour.
Et Olivier Pont maîtrise les cadrages et les dessins lumineux.


Scénario qui s'anime progressivement, BD séduisante par son graphisme et ses personnages attachants. Vivement la suite de cette nouvelle série.

dimanche 26 avril 2020

415: 'Debout les morts' de Fred Vargas

Genre : Hêtre ou ne pas Hêtre ?...


Histoire
Un matin, la cantatrice Sophia Siméonidis trouve dans son jardin un arbre qui n’y était pas la veille . . . Qui a planté ce hêtre et pourquoi ? Est-ce que les trois historiens fauchés qui ont investi la baraque pourrie voisine de la maison de Sophia sauront l'aider ?

Impressions
Deuxième roman lu en parallèle de celui de Damasio (après 'Leviathan' de Paul Auster). Pour combler le besoin de m'échapper de l'atmosphère somme toute très oppressante des 'Furtifs', et un rythme narratif vraiment lent.

Alors voici 'Debout les morts', un polar bien construit et ô combien truffé d'humour, de poésie et d'imagination.
L'intrigue souffre souvent d'invraisemblances, mais quel plaisir de lecture ! On se laisse emporté par cette enquête menée par ces 3 jeunes assez loufoques en parallèle de celle de la maréchaussée assez discrète dans ce récit.

Les trois bras cassés se sont répartis les étages de la baraque pourrie par ordre chronologique de leurs spécialités:
- Mathias Delamarre, expert en préhistoire, réside au 1ier étage. Il porte des sandales en cuir, aime se promener nu...
- Marc Vandoosler, au deuxième étage: médiéviste, comme Fred Vargas de formation
- Lucien Devernois, locataire du troisième, est spécialiste de la première guerre mondiale. Apparemment son personnage est est inspiré du frère de Fred Vargas, l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau.
Il ne faut pas oublier un quatrième personnage, Armand Vandoosler, l'oncle de Marc, ancien commissaire à la retraite, qui lui est relégué dans les combles !

L'interaction entre les locataires est truculente. 
"Mathias, bien qu’indifférent et plutôt hostile à l’égard de tout ce qui avait pu se passer après 10 000 ans avant J.-C., avait toujours fait une incompréhensible exception pour ce mince médiéviste toujours habillé de noir et d’une ceinture en argent. A dire vrai, il considérait cette faiblesse amicale comme une faute de goût. Mais son affection pour Marc, son estime pour l’esprit souple et incisif de ce type l’avaient obligé à fermer les yeux sur le choix révoltant qu’avait fait son ami pour cette période dégénérée de l’histoire des hommes
Face à ces évangélistes conduits par le vieux flic, les personnages féminins, Sophia, Juliette, une voisine, et Alexandra, la nièce de Sophia, sont intrigants et attachants.

Les dialogues sont vifs, le style est facile à lire, les fausses pistes se succèdent.
"N'invente pas ce qui n'existe pas sous prétexte que tu as paumé ce qui existe."
"Mais il y a une différence entre être dans la merde et être cuit. Dans un cas on glisse mais dans l'autre on brûle.'

Trio insolite pour une enquête divertissante. Un agréable moment de lecture.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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