Genre : réconfortant et poétique
Histoire
Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas pour prendre la relève, à la fois avec les métiers de vendeuse d'articles de papèterie et celui d'écrivain public. Un héritage familiale enseigné par l'Aînée, sa grand-mère exigeante et sévère.
Impressions
Je ferai le parallèle avec le monde sensible et poétique des BDs-mangas de Tanigushi.
Peinture du quotidien japonais, j'ai retrouvé ces détails de la vie de tous les jours, les gestes traditionnels (comme les célébrations annuelles dans les temples), l'amour de la cuisine.
"En attendant que l'anguille soit prête, il a commandé une bouteille de bière. Un ravier nous a été servi par la même occasion. Dedans, il y avait plein de foies d'anguille.
- Du foie confit à la sauce soja. Ça se marie bien avec la bière.
Il devait aimer ça car il plissait les yeux d'un air ravi."
Voilà une scène qui m'a rappelé un dîner inoubliable avec deux collègues (1 allemand et 1 coréen) dans un restaurant de Hamamatsu où j'ai découvert cette spécialité d'anguilles comme confites sur un lit de riz.. Hummm, à cette seule évocation je salive de bonheur. Sans oublier la serveuse en habits traditionnels qui a couru après nous dans la rue parce qu'on a avait réglé 20 centimes de trop !...
Le thème de la nourriture et du plaisir associé sont récurrents, comme le héros de 'Le gourmet solitaire' de Tanigushi que j'ai chroniqué en janvier 2024.
"Dans l'air printanier encore un peu frais, j'ai savouré ma bière, les yeux arrachés à l'arbre."
"Mange amer au printemps, vinaigre l'été, piquant l'automne et gras l'hiver."
Rien d'étonnant, c'est un sujet de prédilection pour cette autrice à l'image de son premier roman "Le restaurant de l’amour retrouvé".
C'est un roman qui célèbre la contemplation et un art de vivre en opposition avec l'ultra-modernité.
En écho au roman graphique Furari de Tanigushi, où au gré de pérégrinations, un cartographe et géomètre se promène dans le Japon de la fin XVIIIe siècle, à l’époque où Tokyo s’appelait encore Edo.
Hatako nous emmène visiter les sites de Kamakura, temples, la plage, les sanctuaires.
Le roman comporte d'ailleurs un petit plan dessiné des lieux cités.
Ce roman célèbre aussi l'écriture, la calligraphie, mais aussi le papier, l'encre, l'enveloppe, le timbre, tous ces éléments annexes qui constituent un message important de la lettre.
"Une belle écriture ne tient pas à une graphie régulière, mais à la chaleur, la lumière, la quiétude ou la sérénité qui en émanent."
Un exercice d'écrivain où le choix du système d'écriture joue aussi un rôle clé dans le message, un choix à faire entre les kanji ( des caractères chinois, dont la juxtaposition forme le mot, environ 50000 ), l'hiragana ( 50 caractères ), et le katakana ( 50 caractères, servant à écrire les mots d'origine étrangère, sortes d'alphabets phonétiques )
Popo rédige et calligraphie des cartes de vœux, des mots de condoléance, des lettres d'adieu aussi bien que d'amour. Un large éventail et à chaque une belle histoire humaine se dessine !
La papèterie, au cœur de ces sites, est un cocon, un lieu de partage avec les autres et le théâtre de réconciliations inattendues.
S'y croisent un panel de personnages très intéressants, comme Barbara, sa voisine, le Baron, un homme bourru mais généraux et attentionné, la petite fille d'un veuf...
Un roman qui fait du bien sans être mièvre.




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