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lundi 4 novembre 2019

389: 'Le capital au XXIè siècle' de Thomas Piketty

Genre : des inégalités de la répartition des richesses

Histoire
Thomas Piketty traite de l’évolution de la répartition des richesses dans le long terme et du rapport entre l’accumulation de capital privé et sa concentration. Il s’agit, « au début de ce siècle de tirer de l’expérience des siècles passés quelques modestes clefs pour l’avenir » portant sur l’évolution des inégalités de revenu et de patrimoine tout en sachant que « l’histoire invente ses propres voies » 

Impressions

Il faut un grand élan de courage ou d'inconscience pour se lancer dans ce pavé de presque 1000 pages dans son édition initiale...
Certes l'écriture et les explications sont accessibles pour un non initié à la science de l'économie et du social, mais c'est dans le dur avec de nombreuses références que l'étude est présentée.

Dans le monde de l’enseignement et de la recherche, Piketty se situe avec un certain panache du côté de celles et ceux qui cherchent à résister à l’emprise presque sans faille que les néolibéraux ont établie sur les départements de science économique et sur la section économie du CNRS.

"Il est français, économiste et, selon certains de ses critiques, marxiste. Et pourtant, le pavé de 685 pages qu'il a fait paraître sous le titre Le Capital au XXIe siècle trône depuis mardi dernier au sommet de la liste des best-sellers de la version américaine d'Amazon."


En effet c'est un livre édité en 2013 qui a eu un succès retentissant, surtout en regard de son aridité et de son caractère critique de la pensée dominante des dirigeants et de la sphère des économistes.
Une analyse reposant sur une étude approfondie des données mondiales en impositions et patrimoines qui permet de mettre à plat les dogmes. Et surtout qui met sur la table de manière factuelle les situations paradoxales que les dirigeants s'évertuent à faire paraître comme naturelles et inexorables.

Par exemple les efforts  continuellement demandés en agitant l’épouvantail de la dette publique ...

Il n'en reste pas moins qu'avec une dette publique avoisinant une année de revenu national (environ 90 % du PIB) en moyenne dans les pays riches le monde développé se retrouve aujourd'hui avec un niveau d'endettement qu'il n'avait pas connu depuis 1945. Le monde émergent, qui est pourtant plus pauvre que le monde riche, à la fois en revenu et en capital, a une dette publique beaucoup plus modérée (autour de 30 % du PIB en moyenne). Cela montre à quel point la question de la dette publique est une question de répartition de la richesse, en particulier entre acteurs publics et privés, et non pas une question de niveau absolu de la richesse. Le monde riche est riche ; ce sont ses États qui sont pauvres. Le cas le plus extrême est celui de l'Europe, qui est à la fois le continent où les patrimoines privés sont les plus élevés du monde et celui qui a le plus de mal à résoudre sa crise de la dette publique. Étrange paradoxe."

Ou le mythe de l'autorégulation du système capitaliste pour le bienfait des citoyens grâce à un mécanisme naturel et vertueux...

Mais une conclusion apparaît d'ores et déjà clairement : il serait illusoire d'imaginer qu'il existe dans la structure de la croissance moderne, ou dans les lois de l'économie de marché, des forces de convergence menant naturellement à une réduction des inégalités patrimoniales ou à une harmonieuse stabilisation.

Le fondement théorique en est (p.92-93) une « inégalité fondamentale », pour ne pas dire une loi, qui ne peut être corrigée que par l’action politique et des mesures étatiques. Elle se résume dans la notation toute simple r > g, qui dit que le taux de rendement du capital, lequel comprend les profits, les dividendes et les intérêts nourrissant la rente financière, mais aussi les loyers attenants à la rente immobilière à laquelle Piketty prête fort justement grande attention, est tendanciellement supérieur au taux de croissance. Le constat statistique est que, sur un siècle et demi, le rendement du capital après impôt a été de l’ordre de 4 à 5 % par an, tandis que la croissance moyenne des pays riches a été de l’ordre de 1 à 2 %, conduisant mécaniquement à une concentration toujours plus élevée des patrimoines. 

La lecture du livre section par section est généralement claire et facile, sa structure en rend le maniement ardu et l’accessibilité assez difficile.


Conclusion: une lecture ardue et extrêmement riche. L'auteur conseille son ouvrage plus récent 'Capital et idéologie'.

Thomas Piketty

Directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'École d'économie de Paris, il est l'auteur de nombreux travaux historiques et théoriques consacrés à la relation entre développement économique, répartition des richesses, et conflit politique.

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  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
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