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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

lundi 20 avril 2020

414: BD "Das Feuer" de Joe Pinelli, Henri Barbusse et Patrick Pécherot

Genre : Enfer aquatique des Tranchées


Histoire
Témoignage de la survie animale dans les tranchées pour ces soldats allemands sacrifiés. Inspiré du roman "Le feu" de Barbusse, prix Goncourt 1916,  transposé dans le camp ennemi.
 

Impressions
Une première pour moi. J'ai lu cette bande dessinée sur la tablette, bénéficiant le temps du confinement d'un abonnement gratuit à la bibliothèque numérique.
Première constatation: ce n'est pas le format d'une page de BD -c'est beaucoup plus petit-, c'est pixelisé, et cela perd en émotion visuelle ainsi qu'en sensation de toucher.
Indépendamment du support, la forme de cette BD est inhabituelle.

Dessins aux crayonnés noirs, austères: uniquement des paysages dévastés, d'océans de boue et de cadavres et ces soldats casqués, sans pied (car dans la boue) aux visages décharnés. Les pages se ressemblent, pas de lieux reconnaissables, pas de visages identifiés.
Même austérité en ce qui concerne les dialogues. Quasiment pas de dialogue mais une voix off, qui énonce les statistiques et décrit l'horreur du quotidien.

La BD est découpée en 13 chapitres, tous localisés dans le champ de bataille.
  1. Kamerad, Camarade
  2. Graben, Fossé
  3. Verbindungsgraben, Boyau
  4. Streifzug, Dégagement
  5. Kanonenfutter, Chair à Canon
  6. Die Gezeichneten, Les Marqués
  7. Boschung, Talus
  8. Wasserelache, Eau
  9. Morast, Marécage
  10. Stimmen, Voix
  11. Flachland, Plaine
  12. Morgenröte, L'Aube
  13. So ist es, C'est ça
Ce récit dénonce d'abord l'injustice sociale.
"Autour de nous il y a peu d'intellectuels, de professions libérales, d’instituteurs, d'artistes. Il y a peu de riches qui risquent leur figure aux créneaux sinon en passant ou sous des képis galonnés."

Mais ce roman graphique dénonce surtout un enfer absurde où la terre est ravagée, les soldats aussi.

Evidemment par  la mitraille
"Autour de nous, les coups de fusil, la canonnade qui crépite, qui roule."
"On arrive dans une grande plaine. Écorchée, défoncée."

Mais aussi pa
"Le brouillard qui pénètre la vareuse en gros draps lourd d'eau qui fait comme un suaire avant l'heure."
"La pluie devient torrentielle. C'est le déluge dans la nuit."



Et surtout par l'eau...
"Au début j'ai cru que le pire enfer c'était les flammes, les obus. Puis j'ai longtemps pensé que c'était l'étouffement des souterrains qui se rétrécissent éternellement. Mais non, tous ceux qui ont mis un pied sur le bord d'un trou d'obus le savent. Le pire enfer, c'est l'eau."
"La pluie pénètre nos étoffes. La pluie pénètre nos corps. La pluie pénètre nos âmes. La pluie remplit nos bottes."

A l'image de son thème, cette bande dessinée est évidemment pesante, triste, sans espoir.
"Gardant juste assez d'énergie pour repousser la douceur qu'il y aurait à se laisser mourir."
"Rien qu'on est, rien qu'un point parmi des milliers d'autres pareils malheurs. On est rien. Rien."

Mais elle a le mérite de témoigner, pour ne pas oublier.
"C'est que nous, les hommes, on est des machines à oublier."
"Il n'y aurait plus de guerre si on se rappelait."
"La voici la guerre qui viole le bon sens, qui avilit les grandes idées, hideuse au moral comme au physique, la guerre qui commande tous les crimes."

"La bêtise et l'oubli sont des péchés et des crimes.
Le silence, n'aura d'autre conséquence que la répétition des événements."

La transposition du roman côté allemand témoigne de ce que tout est pareil et que rien ne change, la Guerre est abominable des deux côtés, il n’y a que des victimes.

Bande dessinée pas plaisante à lire, à considérer comme un témoignage pour ne pas oublier.

mardi 14 avril 2020

413: 'Léviathan' de Paul Auster

Genre : roman polymorphe


Histoire
Benjamin Sachs est devenu un poseur de bombes. La question est posée et Peter Aaron, son ami, raconte.

Impressions
La narration est classique en cela qu’elle commence par la fin et reprend tout de suite à un moment antérieur où se sont rencontrés les deux personnages principaux 
Le corps du récit s'efforce de reconstituer le pourquoi de l’événement qui ouvre le livre.

Décor
Le décor est planté à New York, dans le Vermont et San Francisco. New-York bénéficie d'un traitement de faveur, Paul Auster oblige, et fait parfois partie des personnages.

P182 "Les explosions avaient métamorphosé New York en une ville spectrale, une métropole assiégée, et je savourais le délire fou du spectacle: le bruit incessant, les corolles de lumière éclatée, les couleurs flottant à travers d'immenses dirigeables de fumée."

Paul Auster aime planter ses récits dans le cours de l'histoire. Des repères jalonnent le roman, comme lorsque Peter liste les événements racontés dans le roman de Ben 'Le Colosse':

  • Défaite de Custer à Little Big Horn
  • Edification de la Statue de la Liberté
  • Grève générale de 1877
  • Exode des juifs de Russier en Amériques
  • Invention du téléphone
  • Emeutes du Hatmarket à Chicago
  • Propagation du Ghost Dance chez les Sioux
  • Massacre de Wouded Knee

Message ?
Certaines critiques parlent d'un portrait d'une Amérique déboussolée qui perd ses valeurs. Un pays des coups tordus avec l'arrivée ce Ronald Reagan. Personnellement j'ai perçu la dimension politique comme plutôt mineure, en filigrane avec par exemple le passé activiste écologiste de Dimaggio. C'est à la fin du roman qui dévoile les dessous du Fantôme -l’engagement terroriste- que cette veine est la plus présente.

De là à faire le lien avec Léviathan ce monstre biblique marin à plusieurs têtes.
Selon Wikipedia,  il peut être considéré comme l'évocation d'un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, et d'en bousculer l'ordre et la géographie, sinon d'anéantir le monde.
En fait le titre fait surtout référence à l'ouvrage éponyme de philosophie politique du britannique Thomas Hobbes (défendant un idéal despotique du pouvoir).

Personnages Les personnages féminins sont nombreux et très différents les uns des autres -Maria, Fanny, Iris, ..-  tous remarquablement profonds et vrais.

Ce récit est avant tout un hommage à l'amitié -évidemment entre 2 écrivains bobos de New-York, le narrateur et Ben.
"Sachs n’avait pas d’emploi, et ça le rendait plus disponible que la plupart des gens que je connaissais, moins contraint par ses habitudes. La vie sociale à New-York tend à une grande rigidité. L’organisation d’un simple dîner doit se faire plusieurs semaines à l’avance, et les meilleurs amis peuvent parfois passer des mois sans le moindre contact. Mais avec Sachs, les rencontres impromptues étaient la règle."
Cette amitié motive le format de ce roman sous la forme de la biographie de Ben.

C’est aussi un roman de la quête de l'amour et sur le mariage, avec des personnages féminins forts, la mise en scène des interactions entre couples -tromperie, « échangisme » : l’un prend momentanément la place de l’autre, les couples s’inversent….
P167 
"Je n'étais pas un être monogame, me disais-je. Je me sentais trop attiré par le mystère des premières rencontres, trop épris de la comédie de la séduction, trop avide de l'émotion de découvrir un corps, pour qu'on pût compter sur moi dans la durée.'

Sensualité
L'auteur prend plaisir également à colorer son récit de sensualité exprimée par ses personnages à la psychologie fouillée.
"Nous faisions l'amour en silence, intensément, vertigineusement pâmés au cœur de l'immobilité. Fanny était toute langueur et tout acquiescement, et je tombai amoureux de la douceur de sa peau, de sa façon de fermer les yeux quand je glissais derrière elle pour embrasser sa nuque."
"Maria était vêtue d’un short et d’un t-shirt, une tenue plus légère qu’à son habitude. Mais elle était sortie ce jour-là avec l’envie qu’on la remarque. Elle souhaitait affirmer la réalité de son corps, faire tourner les têtes, se prouver qu’elle existait encore aux yeux des autres. » ou encore « Je lui raconte des histoires. Ca fait partie d’un jeu que nous jouons. J’invente des histoires sur mes conquêtes imaginaires, et Fanny écoute. Ca l’excite. Les mots ont un pouvoir, après tout. Pour certaines femmes, il n’existe pas de meilleur aphrodisiaque."

Roman personnel ?
Après quelques recherches sur la toile, j'apprends que c'est aussi un roman plus personnel aussi qui retrace des épisodes de sa vie, en particulier la rencontre avec sa seconde femme, Siri Hustvedt ou encore l’artiste plasticienne, Sophie Calle (Personnage de Maria).
Siri Hustvedt et Paul Auster


Extrait de Wikipedia sur Sophie Calle
"Après avoir été une activiste politique pure et dure — maoïsme, féminisme, Gauche prolétarienne, lutte pro-palestinienne au Sud-Liban, etc. — et avoir voyagé sept ans à travers le monde, Sophie Calle rentre à Paris. Perdue, sans projet professionnel, sans capacité précise, sans amis, elle décide de suivre des inconnus dans la rue, comme pour retrouver Paris à travers les trajets des autres. Bientôt, elle se prend au jeu, photographie, note ses déplacements, choisit un homme au hasard et décide de le suivre à Paris, puis à Venise. Plus tard, la remarque d’une amie sur la tiédeur des draps, lorsqu’elle se couche auprès d’elle, lui donne l'idée d'inviter des gens pris au hasard à venir dormir quelques heures dans son lit."
"Elle se caractérise par un esprit provocateur. Elle a été par exemple la première photographe à présenter une exposition… dont elle n'avait pas pris elle-même une seule photo : elle avait demandé à une agence de détectives privés de la prendre en filature et de la prendre en photo à son insu. Ce sont ces photos d'elle qu'elle exposa."


Roman culte de Paul Auster. Riche camaïeu de parcours de vie assez tordus. Un grand plaisir vécu à le relire.

vendredi 10 avril 2020

412: 'Les furtifs' d'Alain Damasio

Genre : '' } %~Zwin$$$ ... ö^#  (*)

(*) Traque à l'olifant d'êtres invisibles


Histoire
En 2040, la technologie est de plus plus omniprésente dans la société française. Intelligence Artificielle, alter ego numérique, la technologie nous enveloppe d'un cocon soi-disant protecteur et douillet, mais en réalité intrusif au plus profond de notre intimité.
Lorca Varèse et Sahar se sont séparés depuis la disparition de leur fillette Tishka. Lorca n’accepte pas la mort potentielle de son enfant et poursuit ses recherches. Sahar en est à l’acceptation, sa fille adorée est morte, et si elle souffre, elle continue pourtant sa vie.
Qui a raison ?

Impressions
Un gros pavé de 600 pages grand format. Il faut s'armer de patience et de force devant la montagne à gravir.
Une lecture avec une réminiscence inévitable de  la 'Zone du Dehors'.

On retrouve un monde futuriste, humain, dominé par un pouvoir écrasant et répressif. Une société piste tous vos mouvements, et à chaque entorse au climat de paix lénifiante,  interviennent la police, des milices privés et l'armée équipés des technologies dernier cri. Le gouvernement, autoritaire, censure, privative, muselle, emprisonne, et s'assure de la paix sociale avec l'éternel principe du 'Panem et Circenses'.
(A noter parmi les technologies citées le lidar intégré ... :)
P92 "Le lidar va être décisif sur la ligne de front. Surtout en vertical, pour clairvoir en profondeur.")

Alain Damasio dénonce à travers ce roman l'évolution actuelle de notre société. Au niveau politique mais aussi dans les comportements humains.

Il en est ainsi par exemple la perte de la capacité de concentration et d'attention. 
P69 
"Chez cette génération, la tranche d'attention continue avoisine les trente secondes. Elle était encore de deux minutes il y a  dix ans. Par conséquent, chaque demi-minute exige de couper/relance, sans cesse, par une photo, par une musique, faire réadhérer leur tête de lecture sur ma surface vocale."

Ou de la privatisation des villes par des grandes entreprises.
'(...) Vous savez ce qu'est une ville libérée ?
— C'est une ville volée à ses habitants ! s'enhardit une vieille dame qui s'est mise en bordure du groupe, sans savoir si elle allait rester ou pas. Elle reste.
— Une ville dite "libérée" est une ville soustraite à la gestion publique et intégralement détenue et gérée par une entreprise privée. Son maire est nommé par les actionnaires, à la majorité simple des parts. En août 2030, la ville de vos parents, qui s'appelait Orange, a donc été rachetée par la multinationale du même nom, pour un prix dérisoire. Savez-vous pourquoi ?
— Parce qu'Orange, ils zont pas eu à racheter le nom de la ville ! Le nom, c'est ça qui coûte le plus cher, Madame !
— Oui. Le tribunal de commerce a jugé que la notoriété de la marque Orange - la marque de télécommunication, je précise - préemptait la marque de la ville, moins connue du grand public. Je vous rappelle que Paris, rachetée par LVMH, ou Cannes, rachetée par la Warner, ont vendu leur nom à des prix astronomiques. Ce ne fut pas le cas chez nous."

Vous êtes abonné chez l'opérateur Orange ? :)

Au-delà de la dystopie, Alain Damasio 'prêche' pour la révolte, donne des pistes insurrectionnelles et vitalistes. Certains lecteurs y voient un message optimiste, ce n'est pas l'impression que me laisse cet ouvrage.

L'écriture est très -trop?- travaillée. Alain Damasio a fait du jeu de rôle de 15 à 20 ans et cela a profondément marqué sa démarche d’écriture. Avant de commencer la rédaction du roman, il a créé une typologie de ses personnages: cela se traduit par des signes d'écriture, des mots inventés et un style de langage très personnalisés selon le narrateur. Les narrateurs se succèdent en permanence au sein même des chapitres. Mais heureusement le gentil Alain nous aide avec un petit lexique dans la couverture du livre !
Cet exercice de style est enthousiasmant au premier abord, mais au bout de 600 pages de "Donjons et Furtifs', c'est lourd.
Pèsent aussi les divagations les plus ésotériques possibles sur le sujet du titre, les Furtifs. Peut-être aurait-on gagné en clarté de voir le roman accompagné en plus du disque, de petites blocs où les glyphes de ces énigmatiques créatures sont creusées ?...

Finalement ce qui m'aura le plus plu est la relation entre les deux parents;  brisé par le malheur leur couple est au cœur du roman comme Tishka est le centre de leur univers.
La magie de l'amour parental qui permet de soulever des montagnes et d'accepter l'enfant tel qu'il peut s'être transformé.

Enfin j''ai aussi eu plaisir à les accompagner dans leurs séjours provençaux, à Moustiers Ste Marie et sur l'île de Porquerolles, ce paradis de senteurs.

Ouf ! Pas un roman à lecture furtive. Un livre fouillé, très space et assez marquant mais qui aurait tant gagné à être plus court. 

lundi 16 mars 2020

411: 'Hong Kong Gang' de Ka-fai Ma

Genre : picaresque hong-kong-gai



Histoire
En 1936, Luk Pak-Choi,un jeune ébéniste du Guangdong, fuit un mariage raté, puis déserte de l'armée avant de se réfugier à Hong Kong, alors colonie britannique. De tireur de pousse-pousse, il deviendra chef de gang...



Impressions
Saga picaresque d'un jeune Chinois de 1936 à l'occupation de Honk-Kong par les Japonais.
A priori ce roman a connu un énorme succès en Asie lors de sa publication en 2016. 

Le contexte historique est foisonnant. De la Chine des années à la deuxième guerre mondiale, ce roman nous plonge dans de nombreux épisodes comme le tiraillement de Hong Kong entre la Chine et la colonisation anglaise présente depuis 1842, la volonté nationaliste du Kuomintang de Tchang Kaï-Chek, la guerre civile chinoise Kuomintang / parti communiste de Mao et la politique expansionniste du Japon qui attaque l'île dès Pearl Harbor puis l'occupe à partir de décembre 1941.

La deuxième moitié du récit expose les rouages de triades. Ces sociétés secrètes du crime -jeux, prostitution et trafic de toutes sortes dont l'opium- traversent les crises de l'histoire en trouvant toujours des petits arrangements avec les gouvernements successifs.

Un autre volet de cette sage est celui du droit à la différence et des exclus. C'est le cas de l'homosexualité poursuivie comme un crime par la loi, ou des prostituées qui parfois jouent de la solidarité pour se faire une place dans ce monde machiste. Le langage est souvent très cru, avec une présence forte du thème de la sexualité; le héros enchaîne des expériences, viol par son oncle, mari d'une femme qui l'instrumentalise sexuellement, puis vit pleinement son homosexualité avec une histoire d'amour caché avec un espion britannique.
Mais ce langage cru n'exclut une certaine forme de poésie et de mélancolie. Derrière ses airs de dur, Pak-Choi est un sentimentaliste qui doit encaisser bien des désillusions, la plus grande pouvant être celle de l'Amour.
  


quelques éléments pour mieux comprendre l'histoire

  • Entrée dans le giron de l’Empire chinois sous la dynastie Han (202 avant JC – 220 après).
  • A partir du VIIè siècle, aux belles heures de la route de la soie entre l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient, Hong Kong servait de port de ravitaillement pour les bateaux. Les îlots de Hong Kong étaient aussi le repaire de pirates chinois. Le territoire actuel compte 260 îles, dont un grand nombre sont inhabitées.
  • Au XVIème siècle, le Portugal établit un comptoir à Macao.
  • Après la saisie par les autorités chinoises d’une vaste quantité d’opium, Londres attaque en 1840, gagnant le nord de la Chine et menaçant Pékin. C'est la Première Guerre de l'Opium (1839-1842). Les canonnières anglaises n’ont fait qu’une bouchée des fortins chinois et Londres hisse son drapeau sur le “rocher stérile” décrit par Lord Palmerston en 1841. Les anglais occupent un site riche d'un port en eau profonde et très proche de Canton, seule ville de Chine autorisée à commercer avec les étrangers.
  • A l'issue de la Seconde Guerre de l'Opium (1856-1860), le territoire s'agrandit avec la péninsule de Kowloon au nord de l'île.
  • En 1898, le Royaume-Uni et le Chine signe un bail emphytéotique de 99 ans sur des nouveaux territoire autour de Hong Kong.
  • Hong Kong est attaqué par les Japonais le 8 décembre 1941. La défense tombe le 25 décembre 1941, date désignée sous le nom de « Noël noir » par les habitants de Hong Kong. L'occupation dure jusqu'au 15 août 1945. L'économie de Hong Kong connaît une rupture quasi complète pendant cette période, nommée « les 3 ans et 8 mois ». Hong Kong compte en 1941 plus de 1,6 millions d'habitants mais reste assez pauvre, l'occupation japonaise fait descendre la population à 600 000.
  • L'arrivée au pouvoir des communistes produit un afflux de réfugiés sans précédent. La ville connaît alors un essor économique exceptionnelle : c'est un centre commercial important, puis elle bâtit sa fortune sur le textile avant de devenir dans les années 1970 une place financière de premier ordre.
  • Avec la transformation de Shenzhen en zone économique spéciale en 1979, Hong-Kong devient un point stratégique pour les échanges avec la Chine.
  • Dans la déclaration commune sino-britannique de 1984, le Royaume-Uni s'est engagé à restituer l'ensemble de Hong-Kong après de longues négociations, y compris entre Deng Xiaoping et la Première ministre Margaret Thatcher.
  • En 1997, le bail concernant les nouveaux territoire touche à sa fin. Ainsi, le 1er juillet, Hong-Kong devient une région administrative spéciale de Chine ('SAR') qui reste coupé des territoire chinois et possède même sa propre assemblée législative.  
  • Petit aparté sur Chen Jitang souvent cité. 
En 1928, il est nommé commandant de l'armée de la 4e route. En plus de ses fonctions militaires, Chen contrôle également la province du Guangdong comme un gouverneur. La population locale se réfère à cette période comme l'« âge d'or du Guangdong » et Chen Jitang est surnommé le « roi céleste du Sud ».

Roman foisonnant dans une région de Chine à l'histoire tumultueuse.

410: 'Ma douleur est sauvagerie' de Pierric Guittaut

Genre : écologisme chamanique

Histoire
Stéphane, celui qu'on surnomme le 'Prof', croise un cerf blanc lors d'une partie de chasse avec ses amis.  Quelques jours plus tard l'animal provoque un accident: la femme de Stéphane succombe. Fou de chagrin, Stéphane se lance dans une traque obsessionnelle et vengeresse dont un seul pourra sortir vivant...

Impressions
Catégorisé thriller voire polar, je ne partage pas cette vision.

Cette traque apporte un fil conducteur qui ne sert que de prétexte à:
- Un comte initiatique, mystique, presque chamanique, d'un retour à la nature et à notre humanité animale et dénudée.
- Un hymne à la nature qui ouvre et prend les tripes. Les tonalités de couleur, les 4 éléments de base, les odeurs de mousse, l'atmosphère des bois est peinte avec virtuosité.
- Un manifeste pour l'écologie qui se dessine à travers la pensée de Stéphane qui aspire à plus respect pour le vivant, pour le silence.
- L'histoire de la renaissance d'un homme qui ne trouve plus sa place dans notre société et qui renoue avec sauvagerie. La transformation progressive de Stéphane en ermite communiant avec la nature est remarquablement bien écrite.

Roman hors norme, viscéral, revendicatif. Hymne à la sauvagerie de la nature et de l'homme.

mardi 10 mars 2020

409: 'Dans son silence' d'Alex Michaelides

Genre : dans la caboche cabossée d'Alicia

Histoire
Alicia se tait depuis que la police l'a retrouvée paralysée, ensanglantée, auprès de son mari, Gabriel, ligoté à une chaise et assassiné de plusieurs balles dans la tête.
Enfermée pour folie et enfermée dans son mutisme, elle reçoit la visite de Théo, un psychothérapeute nouvellement arrivé qui a pour ambition celle de sortir Alicia de son silence...

Impressions
Toujours surprenant de découvrir un livre qui entre en écho du précédent, et ceci par hasard. Le thème de la folie.

"Il est étrange de découvrir la vitesse à laquelle on s’adapte à l’univers étrange d’un service psychiatrique. On se familiarise avec la folie. Et pas seulement avec celle des autres, avec la sienne aussi. Nous sommes tous fous, je crois, d’une certaine façon."

La confusion règne ici aussi.

  • Dans l'équipe médicale et les patients de l'hôpital psychiatrique de Grove...
  • Dans le couple de Théo...
  • Dans l'entourage d'Alicia...
  • Dans la tête d'Alicia...

"Alicia est une sirène muette, mon garçon ; elle nous attire vers les rochers contre lesquels nos ambitions thérapeutiques se brisent."

"L'une des choses les plus difficiles à admettre est qu'on n'a pas été aimé quand on en avait le plus besoin. C'est un sentiment horrible, la douleur de ne pas être aimé."

J'ai imaginé un bâtiment austère, de briques sombres, aux multiples portes et grilles, un asile pénitentiaire isolé tel Alcatraz.
Je trouvais regrettable que l'auteur nous éloigne de cet univers clos pour raconter une histoire d'infidélité lien avec le récit. Je me trompais.

"De l'amour. Du fait que l'on confond souvent amour et feu d'artifice, passion et dysfonctionnement. Mais le véritable amour est très calme, très tranquille. Il est ennuyeux, comparé au tumulte de la passion. L'amour est profond, calme, et constant."

La construction est là aussi extrêmement bien maîtrisée. J'ai été happé par l'intrigue, enfermé dans le doute et dans l'expectative du dénouement.
Et quel final !

Un excellent thriller psychologique. Redoutable.

Alex Michaelides est un scénariste britannique de trente-neuf ans. Il a aussi étudié la psychanalyse, et a travaillé deux ans dans une clinique psychiatrique pour jeunes. 

lundi 2 mars 2020

408: 'Viviane Elisabeth Fauville' de Julia Deck

Genre : dans la caboche cabossée de Viviane

Histoire
Viviane est une femme quarantenaire et jeune maman, cadre supérieure et en cours de divorce. Déstabilisée, elle commet un geste fatal envers son psychanalyste qui l'insupporte car il ne répond pas à ses attentes...



Impressions
La confusion règne.
Jusque dans les pronoms personnels, la narration alternant le 'je' avec le 'elle' ou même aux 'tu' et 'vous', c'est-à-dire le lecteur.
C'est un conte qui relate de la difficile équation d'être à la fois une femme-a(i)mante, une mère aimante et une performeuse au travail. Et du risque d'un petit grain de sable qui peut venir gripper le système et faire basculer votre vie dans le cauchemar. Une petite fêlure et tout s'emballe.

"Elle ne se rappelle plus très bien comment regagner son domicile, quelle ligne de métro ou d'autobus l'y conduirait le plus surement. Elle se souvient que ses bras sont vides et qu'il y manque l'enfant dont c'est la place."


Et dans la tête de Viviane c'est le bazar. Elle s'emmêle les pinceaux et le lecteur ne sait plus sur quel pied danser.
Le lecteur est embarqué dans un carcan embrouillé de contradictions, de filatures et de posologies médicamenteuses.
La construction est extrêmement bien maîtrisée avec une chute surprenante, mais chut !

Un roman déconcertant et assez jubilatoire.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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